L'emploi manufacturier est à la merci d'une productivité accrue

Publié le 12/05/2012 à 00:00

L'emploi manufacturier est à la merci d'une productivité accrue

Publié le 12/05/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

De nombreuses personnes se sont étonnées des annonces récentes de la fermeture de plusieurs usines et de la perte de milliers d'emplois manufacturiers. On a aussi été intrigué par la fermeture brutale des ateliers d'entretien d'avions d'Aveos dans trois villes canadiennes.

Ces fermetures ont en commun la faible productivité de leurs installations. Celles-ci sont souvent vétustes et leurs coûts de main-d'oeuvre sont plus élevés que ceux d'installations concurrentes, qui ne sont pas toujours situées dans les pays émergents.

Les appareils ménagers fabriqués actuellement dans les usines d'Electrolux et de MABE seront éventuellement assemblés aux États-Unis. Pour sa part, General Electric (GE) construit actuellement à Louisville, au Kentucky, une usine d'appareils ménagers qui permettra de rapatrier 1 000 emplois de la Chine et du Mexique. Cette usine, à la fine pointe de la technologie, paiera un salaire initial de 15 $ l'heure. De plus, GE ouvrira bientôt au Texas une usine de locomotives qui offrira des salaires de 17 $ l'heure. À London, en Ontario, Caterpillar vient de fermer une usine en lock-out, où le salaire moyen était de 33 $ l'heure. La production serait transférée en Indiana, un État conciliant sur le plan des relations de travail.

Que faut-il conclure de tout cela, sinon que les employeurs ont maintenant le gros bout du bâton et que la productivité est le nerf de la guerre ? Il faudra s'y faire.

«Il y a deux facteurs qui créent l'emploi manufacturier, disait récemment Jeffrey Immelt, chef de la direction de GE. Des produits de très haute technologie qui peuvent être fabriqués à des coûts très compétitifs partout dans le monde ; et des coûts de main-d'oeuvre très concurrentiels.»

Ces conditions sont loin d'être présentes dans l'ensemble des usines québécoises, mais il existe de tels joyaux, telles les usines de GE et d'IBM à Bromont, et celles de Pratt & Whitney à Longueuil et de Bombardier à Saint-Laurent. Cela n'empêche pas cette dernière de regarder ailleurs, notamment au Mexique, où elle développe un autre centre de production hautement technologique, où les coûts de main-d'oeuvre sont plus faibles et où celle-ci est à la fois abondante et d'excellente qualité. Des fournisseurs québécois suivront le fabricant québécois, qui doit concurrencer les géants Boeing et Airbus, lesquels bénéficient d'importantes subventions.

Effondrement de l'emploi manufacturier

En 35 ans, l'emploi manufacturier est passé de 22 % à 12 % de l'emploi total au Québec, et de 19 % à 10 % de celui du Canada. Certains économistes ont beau dire que les emplois de l'avenir sont dans les services et les activités de haut savoir, cela ne justifie aucunement un manque d'intérêt pour le secteur manufacturier. En effet, ce secteur fournit non seulement de très bons emplois, mais il est une importante source de devises grâce à l'exportation.

Peut-on arrêter le déclin de l'emploi manufacturier ? Probablement pas, mais il faut certainement l'atténuer. Ottawa a déjà pris des mesures importantes, telle la baisse à 15 % du taux d'impôt sur les profits. Il veut aussi favoriser davantage l'immigration dite économique, en ciblant surtout des professionnels et des techniciens ayant des compétences alignées sur les besoins des entreprises.

Pour attirer plus d'investissements étrangers, Ottawa doit clarifier sa politique en ce domaine. Il doit aussi en faire plus sur le plan du libre-échange (10 accords signés en 20 ans, par rapport à 17 par les États-Unis). Il faut aussi diversifier nos marchés.

En éducation, nos gouvernements doivent promouvoir davantage l'entrepreneuriat, où le Québec tire de l'arrière. En R-D, on ne reçoit pas les fruits attendus de l'argent que l'État consacre à la recherche fondamentale. On publie beaucoup de textes scientifiques, mais on fait peu de demandes de brevet. Il faut une meilleure synergie entre les universités, les centres de recherche, les gouvernements et les entreprises. Sur le plan du financement, le capital de risque néglige le prédémarrage et le démarrage de PME. Pourquoi ne pas donner des crédits d'impôt aux anges financiers ?

Aucun fabricant ne peut être concurrentiel si ses équipements ne sont pas à la fine pointe de la technologie. Tout chef d'entreprise le moindrement stratégique devrait profiter du taux de change actuel pour acquérir les meilleures technologies. Sans une amélioration de notre compétitivité, notre niveau de vie stagnera ou sera menacé. Les décisions à cet effet concernent autant les gouvernements que les décideurs du privé.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Le programme adopté par la Coalition avenir Québec (photo) propose la tenue d'un vote secret libre pour les accréditations syndicales. Actuellement, une accréditation est accordée automatiquement dès que 50 % des membres d'une association de salariés signent une carte d'adhésion. Or, il se peut que de telles signatures soient obtenues sous pression et sans qu'une réflexion ou un débat ait été fait par l'ensemble des salariés visés par une accréditation.

Je n'aime pas

Selon Bloomberg, les actifs de Bank of America, de Citigroup, de Goldman Sachs, de JP Morgan Chase et de Wells Fargo à la fin de 2011 totalisaient 8 500 milliards de dollars, soit 56 % du PIB des États-Unis. C'est bien supérieur au 43 % du PIB que représentait l'actif total des cinq plus grands groupes bancaires américains il y a cinq ans. À la suite de la faillite de Lehman Brothers en 2008, Washington a promis de protéger le monde contre les banques too big to fail (trop grosses pour qu'on puisse les laisser tomber). Or, rien n'a été fait pour réduire leur taille. Selon un sondage de Pew Research, 68 % des Américains croient que leurs banques ont un impact négatif sur leur pays.

jean-paul.gagne@tc.tc

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