L'analyse technique, ou comment profiter d'un marché qui se lézarde

Publié le 21/05/2011 à 00:00

L'analyse technique, ou comment profiter d'un marché qui se lézarde

Publié le 21/05/2011 à 00:00

Par Jean Gagnon

Souvent méconnue des petits investisseurs, l'analyse technique peut s'avérer un bon complément à l'analyse fondamentale pour prévoir les tendances des indices boursiers. Or, cette approche montre que les marchés sont en train de se fissurer. Voici les prévisions des experts techniques consultés par Les Affaires.

Pour déceler les tendances des marchés boursiers, deux principaux courants s'affrontent. Il y a les adeptes de l'analyse fondamentale qui s'intéressent à la santé des entreprises et ceux, moins connus, de l'analyse technique. Leur objectif : déceler les prochains mouvements des marchés par l'étude de la configuration graphique des indices boursiers et de plusieurs indicateurs.

Or, selon les tenants de cette approche, les marchés boursiers connaîtront surtout des pressions à la baisse au cours des prochains mois en l'absence d'un élément catalyseur. En effet, certains indicateurs techniques laissent voir des fissures qui, si elles ne sont pas colmatées au cours des prochaines semaines, pourraient causer un repli significatif des marchés.

C'est le constat que font les analystes techniques consultés par Les Affaires.

Les indices boursiers ont presque doublé depuis le creux de mars 2009. La plus récente phase de ce marché haussier (bull market) a débuté en septembre 2010 et a propulsé l'indice canadien S&P/TSX au-dessus des 14 000 points et l'indice américain S&P 500, jusqu'à 1 340, des gains d'environ 30 % en moins de six mois.

L'annonce de la mise en place par la Réserve fédérale américaine (Fed) du deuxième programme d'assouplissement quantitatif (QE2) avait déclenché cet emballement. Ce dernier prendra fin en juin. L'incertitude quant à la suite des événements rend hésitants les investisseurs depuis deux mois.

La Fed lancera-t-elle un QE3 ? Les profits des entreprises continueront-ils de s'accélérer ? Chose certaine, il faudra un élément catalyseur pour pousser les marchés beaucoup plus hauts, croit Dennis Mark, directeur, Service des études financières de la Financière Banque Nationale.

Les marchés répondent à un mécanisme cyclique, et après deux années de fortes hausses, la probabilité qu'ils connaissent une correction vers le bas est de plus en plus grande. Selon lui, il y a 60 % de possibilités que les marchés soient plus bas dans six à neuf mois.

Un essoufflement perceptible

Bien qu'à la mi-mai les marchés sont encore près de leur sommet de février, des fissures ont commencé à apparaître depuis quelques mois, explique Dennis Mark. Par exemple, le nombre de titres se négociant au-dessus de leur moyenne mobile de 50 jours diminue sans cesse.

La moyenne mobile " lisse " une série de valeurs exprimées en fonction du temps, et elle permet ainsi de déterminer la tendance du titre. Alors, si un titre se négocie à un prix supérieur à sa moyenne mobile, c'est que sa tendance est à la hausse. Et inversement.

Par conséquent, on constate que parmi les titres composant le S&P/TSX 60, soit les plus grandes capitalisations boursières canadiennes, de moins en moins de titres sont au-dessus de leur moyenne mobile. Au plus fort du mouvement haussier, les cours de 51 titres dépassaient leur moyenne mobile. Mais au récent sommet de mars, il n'y en avait plus que 29. Maintenant, il en reste seulement 22.

Si le marché résiste aussi bien, c'est que les investisseurs effectuent actuellement des rotations d'un secteur à un autre. " Cela maintient la demande, mais constitue néanmoins une situation plus risquée ", soutient Dennis Mark.

Une autre fissure se révèle lorsqu'on additionne le nombre de titres qui montent par rapport à ceux qui baissent. On constate que la hausse des marchés des derniers mois n'a pas été accompagnée d'une hausse correspondante du ratio des titres à la hausse par rapport à ceux qui sont à la baisse. " Cela montre que de moins en moins de titres participent à la hausse et que le marché s'essouffle ", dit M. Mark.

Correction en trois phases

À court terme, c'est-à-dire de quelques semaines à quelques mois, les marchés boursiers pourraient connaître une période difficile, craint également Ron Meisels, président de Phases & Cycles. " Les marchés ont amorcé une correction en mars, et ils doivent maintenant la terminer ", dit-il. Cette correction s'effectuera en trois phases et devrait être significative, selon lui.

Au cours de la première phase (A sur le graphique ci-haut), le S&P 500 ainsi que le S&P/TSX ont reculé de 5 à 6 % durant les deux premières semaines de mars. Ensuite, la phase B a ramené les marchés près de leurs sommets, comme le montre le graphique.

Depuis, la troisième phase (C) est entamée. L'analyse technique nous enseigne que la phase C conduira les indices à un niveau plus bas que celui de la phase A.

" Le S&P 500 pourrait baisser jusqu'à 1225 et le S&P/TSX, jusqu'à 13 000, où se situe le principal niveau de support ", explique Ron Meisels.

Par ailleurs, cette correction ne modifiera pas la tendance générale des marchés qui demeure haussière, selon M. Meisels. " Une fois la correction réalisée, les marchés boursiers briseront leurs résistances et se dirigeront vers de nouveaux sommets. "

Mais il faudra demeurer vigilant, car, si à compter de maintenant les marchés devenaient suffisamment vigoureux et dépassaient nettement les hauts de mars, il en serait fait de la phase C. " Il faudrait alors retourner à la table de travail et réévaluer la configuration graphique ", indique le président de Phases & Cycles.

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