En 2001, personne ne donnait cher de la peau de l'Impact. Le club de soccer montréalais était au bord de la faillite. Joey Saputo, qui l'avait fondé près de dix ans plus tôt, prend alors une décision audacieuse : il décide de relancer l'équipe et, en pleine crise, de changer son statut pour en faire un organisme à but non lucratif.
" L'équipe venait de traverser sa période la plus sombre. La crédibilité et la viabilité du soccer professionnel étaient ébranlées. J'ai décidé que, oui, il y avait de la place pour une équipe professionnelle à Montréal, et j'ai mis en place un plan quinquennal pour y arriver ", raconte le président de l'Impact. Une décision prise dans la solitude. Rares sont ceux l'ont appuyé à l'époque. " J'étais obstiné. Je croyais à l'avenir de ce sport au Québec. Si mon plan avait échoué, j'aurais également été seul à essuyer l'échec. "
Toujours viser plus haut
L'audace, selon l'homme de 46 ans, père de quatre enfants, c'est de prendre une décision dans un contexte dont l'issue n'est pas totalement connue ou contrôlée. Comme lorsqu'il décide d'offrir un vrai stade de soccer à Montréal, ville de hockey par excellence. En mai 2009, l'héritier de l'empire québécois du fromage confond les sceptiques en inaugurant le Stade Saputo, construit au coût de 17 millions de dollars, dont près de la moitié a été versée par la famille. Le prochain défi : l'entrée, en 2012, dans la Major League Soccer (MLS), qui regroupe les meilleures équipes nord-américaines. " Il faut toujours viser plus haut et faire de cette nouvelle étape un succès ", dit-il.
Pour Joey Saputo, l'épreuve du feu traversée au tournant des années 2000 a agi comme un révélateur. " Lorsqu'on se fixe un objectif et qu'on fait tout pour y arriver, le temps finit toujours par nous donner raison ", croit-il.
Aucun regret chez cet homme serein et déterminé. Pas même cet été, quand il a passé publiquement un savon aux joueurs de l'équipe dont il trouvait les performances décevantes. " C'est essentiel pour moi, comme président mais aussi comme fan de l'équipe, de dire ce que je pense. Le plus important, c'est de prendre des décisions, quelles qu'en soient les conséquences, et d'agir en fonction de ses valeurs. "