En ce qui concerne l' eau, la nature n'est pas très généreuse envers Israël. Dans ce pays, la ressource est rare et contestée par ses voisins, dont la Palestine occupée. Le Québec a aussi son lot de problèmes de gestion de l'eau, même s'ils sont moins graves. Les entreprises de l'État hébreu ont de quoi l'inspirer pour améliorer ses façons de faire.
Mekorot, la grande société d'État chargée de la gestion et de la distribution de l'eau dans tout le pays, stimule l'innovation aux quatre coins de la Terre Sainte. Une pléiade d'entreprises lui fournissent des services et du matériel pour lui permettre de tirer le meilleur parti de la moindre goutte d'eau.
En Israël, 75 % de l'eau usée est recyclée pour l'irrigation. Grâce aux nouvelles normes, les êtres humains pourraient même la boire, assurent les autorités. Mais les lois israéliennes interdisent de l'utiliser pour la consommation humaine.
Pour atteindre le niveau de pureté nécessaire, Mekorot fait appel aux technologies de filtration les plus avancées. L'un de ses grands fournisseurs, Amiad, porte le nom du kibboutz où l'entreprise a été fondée, près du lac de Tibériade. Ces communautés collectivistes typiques d'Israël ont commencé dès les années quarante à monter des entreprises industrielles, parallèlement à leurs activités traditionnelles d'agriculture.
Amiad, elle, a mis au point des filtres à eau qui figurent parmi les meilleurs du monde. Fabriqués avec des microfibres, ils nécessitent beaucoup moins d'énergie et de produits chimiques que la plupart des autres produits du même genre.
À Raanana, au nord-est de Tel-Aviv, Amiad a conçu le système de filtration servant à recycler l'eau de la ville pour l'irrigation. D'une capacité de 1 100 mètres cubes par heure, l'usine doit se plier aux nouvelles normes israéliennes pour l'eau d'irrigation, désormais de deux à trois fois plus sévères, selon les contaminants.
Une technologie qui trouve son chemin jusqu'en Amérique du Nord
Amiad fournit également des filtres à des fabricants de systèmes de traitement de l'eau usée et potable en Amérique du Nord. Ici, environ la moitié de son chiffre d'affaires provient des municipalités et l'autre moitié, des entreprises privées. " Nos filtres sont utilisés dans l'industrie de l'alimentation ainsi que dans celle des pâtes et papiers ", dit Guy Pollarsky, directeur des ventes pour le continent.
Au Québec, les filtres d'Amiad comptent parmi les produits les plus vendus par Dur-Pro, à Candiac. Chez ce distributeur d'équipements de traitement de l'eau, l'un des produits les plus populaires est un filtre de microfibre que fabrique l'entreprise israélienne.
Il est capable de s'autonettoyer, sans produits chimiques, contrairement à ceux des concurrents. Les villes de Saguenay et de Trois-Rivières, notamment, l'ont choisi.
" Mis à part deux entreprises aux États-Unis qui l'ont copié avec l'aide d'anciens employés d'Amiad, ils sont les seuls à fabriquer un tel système ", dit Sharon Durepos, vice-présidente, marketing et ventes chez Dur-Pro.
Pour l'industrie des pâtes et papiers, Amiad a même baptisé l'un de ses produits " Canada Filter ". Ce filtre est capable de nettoyer les " eaux blanches ", fortement chargées de matières en suspension, dans les usines de pâtes et papiers. Il est utilisé, entre autres, par AbitibiBowater et White Birch.
Notre journaliste était invité par l'Institut israélien des exportations et de la coopération internationale.
hugo.joncas@transcontinental.ca
