Irriguer au goutte à goutte, sans noyer le sol

Publié le 11/06/2011 à 00:00, mis à jour le 09/06/2011 à 09:49

Irriguer au goutte à goutte, sans noyer le sol

Publié le 11/06/2011 à 00:00, mis à jour le 09/06/2011 à 09:49

Le tout premier premier ministre d'Israël, David Ben Gourion, voulait " faire fleurir le désert ". Visiblement, il a réussi.

Un peu partout dans le pays, des cultures verdoyantes surgissent des sols les plus arides. Un système de distribution centralisé de l'eau parcourt les terres agricoles pour les alimenter en eau, en grande partie issue de rejets municipaux recyclés. Dans les champs, des valves émergent ici et là.

Pas de gicleurs dans ce pays, ou si peu. La ressource est trop rare pour la pulvériser à tous les vents. Irriguez la plante, pas le sol, dit Netafim.

Cette entreprise a été fondée en 1959 par les membres du kibboutz Hatzerim, aux portes du désert du Néguev, avec l'ingénieur Simcha Blass, inventeur de l'irrigation goutte à goutte moderne. Netafim exploite sa plus ancienne usine dans ce village. Le directeur du développement durable de la société, Naty Barak, est membre de la communauté. " J'apporte un très bon salaire, dit-il. Il va entièrement dans les coffres communs. "

Dans les bâtiments de l'entreprise, les ouvriers manipulent de longs tuyaux. Ils y insèrent de petits bouts de plastique savamment striés. Ces " goutteurs " sont au centre du concept de Netafim. " Le système distribue exactement la même quantité d'eau partout, que ce soit en haut ou en bas d'une pente ", dit Naty Barak. Selon le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, l'irrigation goutte à goutte a une efficacité de 90 à 95 %, comparée à celle de 60 à 75 % avec des gicleurs.

Les équipements de Netafim sont maintenant vendus aux quatre coins de la planète. Des supersystèmes réglés au quart de tour, par ordinateur, pour les grandes exploitations de Californie et d'Australie. De petits ensembles, très peu technologiques et faciles à utiliser, pour les exploitations familiales dans les marchés africain et indien. De la " micro-irrigation " pour les grands propriétaires terriens des pays riches, comme pour les petits agriculteurs du Tiers-Monde.

Juste à l'extérieur du village, les membres du kibboutz Hatzerim ont décidé d'utiliser les équipements de Netafim dans une plantation de jojobas, en plein désert. L'huile de ces arbustes est utilisée comme produit de beauté.

Près de 50 ans après avoir inventé le concept, Netafim compte 13 usines et 2 400 employés. L'entreprise tente aujourd'hui de convaincre le plus grand nombre d'agriculteurs possible d'adopter le mode d'irrigation qu'elle a inventé. C'est bon pour ses profits, mais aussi pour l'environnement et l'humanité, fait-elle valoir.

Vu sous cet angle, Netafim a de belles perspectives de croissance. Pour l'instant, 85 % des terres agricoles dans le monde sont irriguées selon le vieux système de l'inondation, d'après les études de marché de l'entreprise.

Au Québec, seulement 12 % des cultures sont irriguées au goutte à goutte, selon le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. La plupart des cultivateurs utilisent plutôt des gicleurs.

Un recours plus important à cette technique permettrait pourtant de diminuer l'érosion des sols et leur dégradation, tout en utilisant moins de fertilisants et de pesticides, dit Guy Debailleul, professeur à la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation de l'Université Laval. " Mais tant que l'eau restera gratuite ou quasi gratuite pour les agriculteurs, il n'y aura pas de réelle incitation à adopter des systèmes plus efficaces. "

" EN CISJORDANIE, DES PUITS CREUSÉS EN PLEIN VILLAGE PALESTINIEN SERVENT SURTOUT À ALIMENTER LES COLONIES JUIVES. "

- Gidon Bromberg, directeur israélien, EcoPeace/Friends of the Earth Middle East.

EcoPeace/Friends of the Earth Middle East regroupe des écologistes israéliens, palestiniens et jordaniens. L'organisation reproche à Israël de voler l'eau des Palestiniens. " Dans la vallée du Jourdain, l'aquifère de l'Est est palestinien à 99 %, dit Gidon Bromberg. Mais Israël en extrait 40 millions de mètres cubes par année. "

Mekorot, la société d'État qui gère et distribue l'eau en Israël, contrôle 80 % de l'eau de Cisjordanie. Elle l'utilise surtout pour alimenter des villes israéliennes. Les Palestiniens, eux, ont une consommation d'eau de deux à quatre fois inférieure à celle des Israéliens, selon les sources d'information.

Le gouvernement israélien n'a pas répondu à nos questions sur le sujet.

Notre journaliste était invité par l'Institut israélien des exportations et de la coopération internationale.

hugo.joncas@transcontinental.ca

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