Il faut rester réaliste à l'égard de la valorisation de nos ressources

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Il faut rester réaliste à l'égard de la valorisation de nos ressources

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

On le constate presque tous les jours. Le Plan Nord, qui vise la mise en valeur des ressources naturelles situées au nord du 49e parallèle du territoire québécois, suscite un immense intérêt. Cela se comprend facilement, car c'est un projet très prometteur économiquement, aux enjeux multiples et complexes. Mais il sera difficile d'en optimiser la réalisation, qui s'étendra sur plusieurs décennies.

On s'y intéresse aussi pour des raisons politiques, même si celles-ci sont beaucoup moins importantes objectivement que ne le sont les raisons économiques. En effet, parce que le Plan Nord est porteur de bénéfice politique pour le premier ministre Jean Charest, ses opposants utilisent déjà tous les moyens à leur disposition pour empêcher le gouvernement d'en tirer un avantage politique. De leur côté, les activistes profitent des enjeux de ce projet pour faire avancer leur idéologie.

On n'en a pas fini avec les raccourcis, la désinformation et les sophismes. Le discours dominant des opposants au développement des ressources exploite la méfiance de certains Québécois à l'endroit du capital et des pouvoirs économiques, et l'associe à une prétendue dilapidation de nos ressources naturelles au profit du secteur privé et surtout des étrangers : construction de routes et d'autres infrastructures aux frais de l'État ; vente d'électricité au rabais, fiscalité déficiente, etc.

On préfère faire peur aux Québécois au lieu de chercher à les informer objectivement sur les vrais enjeux qui sont, certes, environnementaux et sociaux, mais aussi économiques. Le territoire visé par le Plan Nord est habité par des communautés dont il faut respecter les droits et les coutumes. Par ailleurs, s'il semble pertinent de protéger la moitié de ce territoire, il importe de le faire graduellement et prudemment, afin de protéger les écosystèmes qui s'y trouvent, mais sans sacrifier l'exploitation d'un important gisement qu'on pourrait y découvrir.

Des enjeux économiques complexes

Le Québec dispose d'abondantes ressources naturelles, mais cela ne signifie pas qu'il peut imposer ses moindres desiderata, comme les faire explorer et exploiter par l'État sans égard aux risques (on semble avoir oublié le fiasco de l'étatisation de l'amiante dans les années 1970), exiger un fardeau fiscal excessif, reporter leur exploitation, protéger à tout prix l'environnement, etc.

Le prix des minéraux étant volatil, on peut être sûr qu'il va baisser. Leur cours élevé fournit une bonne occasion de lancer de nouvelles mines. Mais ce n'est pas une raison d'agir de façon précipitée. En même temps, il ne faut pas débattre de certains enjeux à n'en plus finir, ce qui causerait des retards indus. Est-il besoin de se rappeler l'impact désastreux de l'effondrement du prix du fer il y a 30 ans (abandons de mines, privatisation de Sidbec, fermeture de Gagnon et presque fermeture de Schefferville) ?

À cause de cette volatilité, on ne peut pas imposer un fardeau fiscal trop élevé aux exploitants en fonction seulement des prix actuels. À 40,9 % du profit de chaque mine, ce taux est pourtant l'un des plus élevés du Canada. On ne peut isoler la fiscalité. Elle fait partie de tous les coûts pris en considération (salaires, énergie, transport, coûts liés à l'éloignement, aux ententes avec les populations locales, etc.) dans l'étude de rentabilité d'un projet.

À l'opposé de l'immense gisement de la mine Raglan, dans l'extrême nord, pour lequel Falconbridge a payé 100 % des infrastructures, les projets miniers situés au nord du lac Mistassini sont de moyenne taille et ne peuvent absorber les mêmes coûts. Québec a pris un risque acceptable en payant 288 M$ des 332 M$ que coûtera le prolongement de la route 167, de Témiscamie au projet Renard de la minière Stornoway. Les autres projets de cette région devraient payer leur raccordement à la route et son entretien dans la mesure de leurs moyens. L'investissement de l'État est justifié. Il facilitera l'exploitation d'autres mines dans cette région.

À l'est, les projets de la fosse du Labrador auront besoin d'un chemin de fer commun pour leur mise en valeur. Le CN pourrait bien l'exploiter, mais il ne le fera que si l'aspect économique le justifie. Cela exigera un financement sophistiqué et des contrats à très long terme de la part des utilisateurs. Une affaire réalisable, certes, mais compliquée, qui demandera peut-être des fonds publics.

La mise en valeur des ressources de ce territoire représentera un défi colossal. Mais à cause de son potentiel, le Plan Nord mérite que nous y travaillions tous de façon constructive.

jean-paul.gagne@tc.tc

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