Il faut institutionnaliser le dialogue avec les Autochtones

Publié le 12/01/2013 à 00:00

Il faut institutionnaliser le dialogue avec les Autochtones

Publié le 12/01/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

La grève de la faim de la chef Theresa Spence de la nation Attawapiskat et la mobilisation de plus en plus affirmée du mouvement Idle No More (Fini l'immobilisme) auront finalement provoqué une rencontre entre Stephen Harper et des leaders autochtones.

C'était la chose à faire politiquement, car le premier ministre n'avait eu qu'une seule rencontre avec l'Assemblée des Premières Nations (APN). S'il avait convoqué cette rencontre avant, il n'aurait pas donné l'impression d'avoir cédé au chantage de la gréviste.

Il faut néanmoins espérer que cet échange soit l'amorce d'un dialogue plus soutenu avec les représentants des Premières Nations. C'est en effet par le respect et la communication que l'on en arrivera à mieux intégrer les Autochtones à la société canadienne.

Malgré l'océan d'incompréhension qui sépare les Autochtones des autres Canadiens, il est indispensable de multiplier les occasions de rapprochement. Non seulement nous habitons le même pays, mais il est inacceptable que les Autochtones ne participent pas à la prospérité accessible aux autres Canadiens et que l'égalité des chances ne soit pas la même pour tous. Cela peut paraître idéaliste, mais c'est l'objectif à poursuivre.

Il ne faut pas voir les Autochtones comme un groupe homogène, car la situation socioéconomique varie grandement entre les communautés. On en a deux exemples frappants avec la nation Attawapiskat, qui habite la rive ouest de la baie James, et la nation crie, qui occupe la rive opposée de la même baie.

Les 1 500 habitants de la réserve Attawapiskat vivent dans la misère malgré les 104 millions de dollars qu'elle a reçus d'Ottawa de 2005 à 2011, soit l0 000 $ par habitant et par an, ce qui n'est pas rien. La réserve, qui est située en zone inondable, est mal gérée, et ses dirigeants refusent de la déménager sur un territoire situé dans la région de Timmins, où ils auraient accès à de meilleurs services et à des emplois, pourraient améliorer leur niveau de vie et gagner de l'argent au lieu de vivre aux frais de l'État.

Pour leur part, les Cris ont vu dans le projet hydroélectrique de la baie James une occasion de s'intégrer à la vie économique. En 2002, leur grand chef de l'époque, Ted Moses, a signé avec le premier ministre Bernard Landry la Paix des Braves, une entente «de nation à nation» qui régit la cohabitation sur le territoire partagé. Plus récemment, la société Stornoway a aussi conclu une entente avec la communauté crie qui habite la région où se trouve son projet de mine de diamants.

Des groupes autochtones issus d'autres régions veulent aussi participer au développement économique de leur territoire, mais la Loi sur les Indiens, qui ne reconnaît pas le droit de propriété des réserves et des résidents des réserves, les en empêche. Et comme les nations autochtones sont divisées sur cette question, comme sur bien d'autres, le gouvernement canadien n'ose pas ouvrir le débat.

Attention à Idle No More

Pour l'instant, Ottawa planche sur un projet de loi qui donnerait aux communautés autochtones qui le voudront plus d'autonomie sur la gestion de leurs écoles. Malheureusement, l'APN a rejeté cette idée en disant ne pas avoir été consultée. Ottawa entend néanmoins poursuivre cette démarche, consulter et déposer un projet formel à l'automne.

Plusieurs projets de loi ont été soumis tantôt aux Communes, tantôt au Sénat, pour améliorer tant les conditions de vie des Autochtones que la gouvernance des réserves, mais ils sont presque tous morts au feuilleton, faute d'appui des communautés.

Le gouvernement a toutefois été plus rapide avec la loi C-45, qui lui donnera plus de latitude concernant la gestion du territoire et les autorisations environnementales. La grogne qui en a résulté chez des Autochtones a stimulé Idle No More (65 000 abonnés Facebook).

S'il est du devoir du gouvernement de forcer parfois la note pour lever des obstacles au développement, il lui faut aussi, dans toute la mesure du possible, faire avancer ces projets avec le concours des personnes touchées par les changements proposés.

La popularité d'Idle No More indique que bien des Autochtones se reconnaissent dans les valeurs fondamentalistes propagées par les activistes de ce mouvement. S'il ne veut pas que la crise actuelle dégénère, le gouvernement se doit d'entretenir un dialogue soutenu avec les leaders autochtones. C'est à cette condition qu'il pourra améliorer la vie sur les réserves et donner espoir aux plus jeunes.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Terre-Neuve recevra 23 milliards de dollars de redevances pendant les 30 années qui suivront la mise en production du champ Hebron au large de ses côtes. Terre-Neuve détient 4,9 % de cette propriété susceptible de renfermer 700 milions de barils de pétrole aux côtés d'Exxon Mobil (36 %), Chevron (26,7 %), Suncor (22,7 %) et Statoil (9,7 %). Évalué à 14 G $, ce projet est le quatrième mis en exploitation dans cette région. Terre-Neuve ne reçoit plus de péréquation.

Je n'aime pas

Deux ans jour pour jour après l'adoption d'une loi obligeant les municipalités à se doter d'un code d'éthique et de déontologie pour leurs employés, le tiers d'entre elles ne l'avaient toujours pas fait le 2 décembre 2012. C'est aussi le cas des municipalités régionales de comté. Ce manque de diligence ne peut s'expliquer que par la négligence ou, ce qui serait plus grave, un manque d'intérêt des élus pour la saine gouvernance des affaires municipales, notamment sur le plan de la gestion des appels d'offres et des suivis à faire sur l'exécution des travaux réalisés par les sous-traitants. Par contre, les municipalités ont déjà adopté un tel code de conduite pour leurs élus.

jean-paul.gagne@tc.tc

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