Gouvernance à revoir dans le transport collectif à Montréal

Publié le 03/03/2012 à 00:00

Gouvernance à revoir dans le transport collectif à Montréal

Publié le 03/03/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

L'explosion des coûts du projet de train reliant Montréal à Mascouche de l'Agence métropolitaine de transport (AMT) a permis de lever le voile sur la mauvaise gestion de cette organisation. Non seulement ce projet souffre d'un retard important (il fut annoncé en 2006), mais son coût est passé de 300 millions de dollars (M$) à 715 M$. On tente de le ramener à 671 M$, mais on aurait ajouté une provision additionnelle de 90 M$, au cas où...

Québec a pris le contrôle de l'AMT, ce qui a conduit au départ forcé de Me Joël Gauthier, son président-directeur général ; à la nomination de Paul Côté, ex-président et chef de la direction de Via Rail, pour lui succéder par intérim ; à la suppression du projet de gare à Charlemagne, de quais chauffants et de places de stationnement incitatif ; et à l'annulation du dernier appel d'offres de l'AMT visant la construction de kilomètres de voie ferrée et de gares à Mascouche.

Il n'est pas étonnant que l'AMT se soit heurtée à un mur. Sa supervision par Québec a manqué, et sa gouvernance est déficiente. Son pdg est aussi président du conseil, un cumul de postes proscrit dans le secteur privé autant que public. Les postes d'administrateur sont occupés par trois élus, qui sont par définition en conflit d'intérêts, par une avocate, une consultante en environnement et une ingénieure qui a surtout oeuvré dans l'industrie des télécommunications (heureusement, elle est aussi administratrice de sociétés certifiée). Nous trouvons étrange, sans pour autant remettre en question les compétences professionnelles de ces dirigeants, que le conseil de l'AMT ne comporte aucun spécialiste en transport et en gestion financière. À cause de cette lacune, son comité d'audit ne compte aucune personne possédant une formation comptable ou financière, ce qui contrevient aux principes de saine gouvernance.

Quant à son ex-président du conseil et ex-pdg, sa principale compétence semble d'avoir été directeur général du Parti libéral du Québec. On avait imposé sa nomination à l'AMT, après le congédiement mystérieux de Florence Junca-Adenot, pourtant spécialisée en transport collectif, en urbanisme et en gestion de projet. Bref, cet échafaudage mérite à la gouvernance de l'AMT la note E (pour échec).

Autre dérive : on vient d'apprendre que le fonds des immobilisations de l'AMT a servi à absorber des déficits d'exploitation de 18 M$, mais Québec a approuvé cette irrégularité !

Pourquoi Mascouche ?

Une grande partie du dépassement de coût s'explique par le tronçon reliant Repentigny et Mascouche, qui porte la longueur du trajet jusqu'au centre-ville de Montréal à 51 kilomètres et pour lequel l'éthique et la saine gestion font chambre à part. C'est une incohérence majeure, puisque de tels équipements devraient d'abord servir à approvisionner des territoires densément peuplés et non à encourager l'étalement urbain. Se pourrait-il que des projets immobiliers aient influencé ce prolongement surprenant ? Voilà un dossier que le vérificateur général devrait examiner.

Il est bon d'apprendre que le ministre des Transports, Pierre Moreau, déposera bientôt un plan de mobilité durable dans la région de Montréal, où l'on dénombre une quinzaine de sociétés offrant des services à plus de 80 municipalités et des centaines de tarifs ou combinaisons de tarifs. Ces tarifs ne tiennent pas toujours compte de la distance parcourue et ne sont pas souvent intégrés, si bien que de nombreux usagers doivent se procurer plus d'un titre de transport pour un trajet relativement court, alors que d'autres peuvent parcourir une plus grande distance avec un seul titre, acquis à un prix moindre.

L'idée de confier à une seule autorité la planification du réseau de transport en commun dans la région de Montréal est pertinente, mais sa gouvernance ne saurait être laissée aux seuls élus de cette région. En effet, on voit mal comment ceux-ci en arriveraient à allouer les ressources de façon optimale, en raison de leurs divergences d'intérêts. Cette structure devrait donc comprendre à la fois des élus de la région, des représentants du gouvernement du Québec et des experts réputés en transport et en gestion financière.

Les services peuvent continuer d'être assurés par des sociétés relevant des autorités municipales, mais il faut en arriver à mieux intégrer les structures tarifaires. Il a déjà été question de fusionner les trois principales sociétés de transport, mais cela est contre-indiqué, à cause du coût de l'harmonisation des conventions collectives, comme on l'a vu lors des fusions municipales.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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