FNB : le plan pour bâtir un portefeuille gagnant

Publié le 16/04/2011 à 00:00

FNB : le plan pour bâtir un portefeuille gagnant

Publié le 16/04/2011 à 00:00

Par Jean Gagnon

Finie l'époque où les institutions financières et les grands investisseurs avaient un avantage indu sur les investisseurs individuels. En quelques années seulement, les fonds négociés en Bourse (FNB) ont révolutionné la gestion de portefeuille. Les conditions de jeu sont maintenant égales pour tous.

Des experts nous expliquent comment bâtir un portefeuille composé uniquement de FNB et élaborent sur les avantages et les inconvénients de cette façon d'investir. Peuvent-ils remplacer complètement les titres qui ont traditionnellement composé votre portefeuille ? Comparons les deux solutions.

1 Le portefeuille traditionnel

Vous avez 50 ans et votre portefeuille totalise 500 000 $. Comme il s'agit de vos économies en vue de la retraite, vous désirez les faire fructifier en combinant croissance, revenu et sécurité, grâce à une saine diversification. Votre conseiller financier vous recommanderait traditionnellement un portefeuille équilibré constitué de 50 % d'obligations et de 50 % d'actions réparties de la façon suivante :

Obligations

25 % (125 000 $) Obligations gouvernementales (échéances diverses)

10 % (50 000 $) Obligations de sociétés à court et à moyen terme

5 % (25 000 $) Obligations à rendement réel (choix parmi une dizaine de séries d'obligations fédérales et provinciales)

10 % (25 000 $) Actions privilégiées (sélection de trois ou quatre sociétés ayant une cote de crédit élevée)

Actions

30 % (150 000 $) Actions canadiennes (sélection de 10 des 60 plus importantes sociétés canadiennes, de préférence celles qui offrent un dividende)

10 % (50 000 $) Actions américaines (sélection de cinq actions de premier ordre appartenant à l'indice S&P 500)

10 % (50 000 $) Actions internationales et de pays émergents (achat de deux fonds communs spécialisés dans ces régions)

2 Le portefeuille FNB

Pour répondre aux mêmes besoins de diversification, de sécurité et de rendement, Dominic D'Aoust, analyste principal au Groupe-conseil en portefeuilles de Valeurs mobilières Desjardins, suggère le portefeuille suivant composé de 10 FNB.

Obligations

25 % (125 000 $) XBB

5 % (25 000 $) XRB

10 % (50 000 $) CLF

10 % (50 000 $) CPD

Actions

10 % (50 000 $) XIC

10 % (50 000 $) CDZ

5 % (25 000 $) XEG

10 % (50 000 $) XSP

10 % (50 000 $) XEM

5 % (25 000 $) FNI-US

XBB iShares DEX Universe Bond Index Fund (vise à reproduire le rendement de l'indice de l'ensemble des obligations canadiennes)

XRB iShares DEX Real Return Bond Index Fund (vise à reproduire le rendement de l'indice des obligations à rendement réel)

CLF Claymore 1-5 Yr Laddered Government Bond (vise à reproduire le rendement d'un portefeuille constitué de 25 obligations dont les échéances s'échelonnent de 1 à 5 ans)

CPD Claymore S&P/TSX CDN Preferred Share ETF (vise à reproduire le rendement de l'indice d'actions privilégiées S&P/TSX)

XIC iShares CDN Composite Index Fund (vise à reproduire le rendement de l'indice composé de la Bourse de Toronto)

CDZ Claymore S&P/TSX Canadian Dividend ETF (vise à reproduire le rendement de l'indice Aristocrates de dividendes canadiens S&P/TSX)

XEG iShares Canadian Energy Sector (vise à reproduire le rendement de l'indice plafonné de l'énergie S&P/TSX)

XSP iShares S&P 500 Hedged to Canadian Dollars Index Fund (vise à reproduire le rendement de l'indice S&P 500 couvert en dollars canadiens)

XEM iShares CDN MSCI Emerging Markets Index Fund (vise à reproduire le rendement de l'indice MSCI marchés émergents)

FNI-US First Trust ISE Chindia Index Fund (vise à reproduire le rendement des marchés chinois et indien)

Si le portefeuille composé entièrement de FNB peut se substituer au portefeuille traditionnel, qu'apporte-t-il de plus aux investisseurs ?

3 Gestion active

En plus d'aider à bâtir son portefeuille, les FNB permettent d'en faire une gestion active, répond Larry Berman, cofondateur d'ETF Capital Management, une firme de gestion de portefeuille de Toronto n'utilisant que des FNB. " Ils permettent de passer instantanément d'un secteur à l'autre, d'une devise à l'autre, d'un pays à l'autre, et ce, pour toutes les catégories d'actifs ", explique-t-il.

Le développement des FNB arrive à point. Au cours de la dernière décennie, les stratégies buy and hold n'ont produit aucun rendement, et l'idée de gérer activement les portefeuilles a remporté de nombreux adeptes, constate M. Berman. " Les investisseurs ont compris qu'il fallait protéger le capital lors des baisses de marché et optimiser le rendement lors des hausses. "

Il y a à peine quelques années, il était impossible de modifier aussi facilement les portefeuilles. " Grâce aux FNB, nous pouvons maintenant ajuster instantanément le risque du portefeuille pour les investisseurs individuels ", dit-il. " Les FNB ouvrent la porte aux individus prêts à consacrer le temps et l'effort nécessaire pour comprendre la gestion du risque, plutôt que de se limiter aux stratégies traditionnelles d'achat à long terme, ou buy and hold. " Un investisseur bien avisé peut maintenant, grâce aux FNB, modifier facilement sa répartition d'actifs en fonction des conditions changeantes des marchés financiers.

4 Bâtir autour d'un noyau

La gestion active consiste à établir le noyau du portefeuille autour duquel on va greffer des investissements dans des secteurs plus pointus afin de profiter des occasions qu'offrent les marchés. Les FNB servent bien cet objectif, explique Martin Lefebvre, vice-président, Gestion de portefeuille Natcan.

Par exemple, l'individu désireux d'investir dans les actions canadiennes peut le faire en achetant le FNB XIU. Ce fonds reproduit l'indice S&P/TSX 60. Mais s'il désire augmenter sa pondération dans le secteur énergétique, il peut le faire en achetant également le fonds XEG. Celui-ci reproduit le rendement de l'indice plafonné de l'énergie S&P/TSX et se compose de sociétés telles Suncor Energy, Canadian Natural Resources, etc.

Et, en poussant un peu plus loin, l'investisseur pourrait également ajouter une participation dans le secteur des sables bitumineux en achetant le fonds CLO. Ce FNB de la famille de fonds Claymore possède des actions des entreprises engagées dans l'exploitation des sables bitumineux et inscrites à la Bourse de Toronto.

Lorsque le secteur de l'énergie perdra de son attrait, ou que les titres se seront suffisamment appréciés, l'investisseur n'aura qu'à revendre ses fonds XEG et CLO pour encaisser ses profits.

5 Des avantages...

L'effervescence liée à l'essor des FNB vient du fait qu'ils comportent plusieurs avantages, explique Alain Desbiens, vice-président, Ventes régionales FNB, de BMO. D'abord, la transparence. On connaît exactement la composition des FNB, alors que ce n'est pas le cas des fonds communs où uniquement les 10 plus importantes positions sont généralement présentées.

De plus, comme les FNB se négocient aisément et rapidement, ils facilitent les ajustements d'appoint qu'il faut apporter régulièrement aux portefeuilles en fonction des changements aux conditions de marchés, explique Dominic D'Aoust. Par exemple, on peut réduire rapidement le niveau de risque de l'ensemble du portefeuille simplement en vendant quelques fonds pour les remplacer par d'autres moins risqués.

Les FNB jouissent aussi d'un avantage marqué en ce qui concerne les coûts. Comme les fonds communs, les FNB comportent des frais de gestion. Mais ceux-ci sont nettement inférieurs. Ils varient de 0,10 % à 1 % selon les fonds, alors que ceux des fonds communs vont de 1 à 3 %. Notons toutefois que les investisseurs doivent verser une commission pour acheter ou vendre un FNB, comme pour toute autre transaction boursière.

Plusieurs FNB offrent également la capacité de couvrir le risque de devise, explique Alain Desbiens. Ainsi, l'investisseur peut détenir des positions sur des marchés étrangers tout en étant à l'abri des fluctuations du dollar canadien. Quand le dollar canadien s'apprécie, il vaut mieux détenir des fonds qui couvrent le risque de devise.

Enfin, investir dans un FNB permet d'obtenir une grande diversification. Les FNB sont conçus pour calquer des indices boursiers qui peuvent être composés de centaines ou même de milliers de titres.

6 ... mais aussi quelques inconvénients

Le principal désavantage de gérer son portefeuille avec des FNB, c'est qu'on se prive de la sélection des titres, explique Martin Lefebvre. " La capacité de déterminer les sociétés qui réussiront le mieux et dont le cours boursier s'appréciera le plus apporte une valeur ajoutée importante ", dit-il. Les gestionnaires de portefeuille et les conseillers financiers les plus performants vont généralement créer cette valeur ajoutée.

De plus, investir dans les FNB ne convient pas à toutes les bourses, explique Dominic D'Aoust. Comme les FNB se négocient au même titre que les actions, l'investisseur doit payer une commission pour chaque transaction qu'il effectue. Et puisque les courtiers facturent des frais de commission minimum, il devient onéreux de conclure de petites transactions, contrairement aux fonds communs où les investisseurs peuvent effectuer plusieurs petites transactions échelonnées dans le temps sans qu'une commission minimum ne soit appliquée à chaque transaction.

Enfin, l'investisseur qui décide de gérer lui-même son portefeuille grâce à la facilité qu'offrent les FNB doit bien comprendre qu'il se donne alors le rôle du professionnel. " Il doit se méfier d'avoir trop confiance en ses moyens ", avertit M. D'Aoust.

Il doit s'assurer d'être capable de bien déterminer son profil d'investisseur avant de se lancer dans l'aventure. Il lui faudra également une bonne méthodologie et une excellente compréhension du fonctionnement des FNB.

7 Des FNB comme compléments

Bien qu'il soit possible de bâtir et de gérer son portefeuille uniquement en utilisant des FNB, il ne faut pas se priver des avantages des autres outils de placement, souligne Guy Côté, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Financière Banque Nationale.

Pour lui, il est préférable de bâtir son portefeuille en utilisant à la fois des titres traditionnels et des FNB. " Nous utilisons les FNB pour investir dans des secteurs plus pointus ", dit-il. Par exemple, la portion de 50 % en actions du portefeuille devrait se répartir ainsi, selon lui. D'abord, les actions canadiennes jusqu'à hauteur de 42 %. Une première portion de 30 % sera constituée d'actions. Une deuxième portion de 12 % comprendra des fonds communs gérés activement. Cela permet de diversifier les styles de gestion. Enfin, la dernière tranche de 8 % visera le secteur international, et c'est là que les FNB seront privilégiés. Le choix s'effectuera à partir d'un panier de 9 FNB (EEB, XIN, SPY, QQQQ, FXI, XSP, APF, EFA, XLF, IWN) qui permettent de rejoindre les marchés américains, européens et émergents.

De même, en ce qui concerne la partie du portefeuille investie en obligations, on utilise les FNB pour les secteurs plus spécialisés, telles les obligations de sociétés (HAB qui est un fonds d'obligations de sociétés gérés activement) et les obligations à rendement réel (XRB).

Un FNB...

est une valeur mobilière négociée à une Bourse;

reproduit habituellement le rendement d'un indice;

représente un ensemble de titres réunis sous un indice constitué d'actions, d'obligations ou d'autres actifs (p. ex., les métaux);

s'achète par l'intermédiaire d'un compte de courtage.

Source : Groupe TMX

185

Nombre de fonds négociés en Bourse au Canada

Ratio des frais de gestion

Le ratio des frais de gestion correspond au total des frais de gestion et des frais administratifs d'un fonds par rapport à l'actif quotidien moyen du fonds. Il s'exprime en pourcentage. Les rendements des fonds d'investissement publiés dans les journaux et sur Internet tiennent compte de la déduction du ratio des frais de gestion.

Source : Groupe TMX

1 %

Les FNB comportent des frais de gestion. Ils varient de 0,10 % à 1 %, tandis que ceux des fonds communs s'échelonnent de 1 à 3 %.

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