Les intervenants présents à nos tables rondes de Sherbrooke, de Gatineau et de Saint-Sauveur ont la même perception face à l'avenir : ils sont optimistes.
Pour eux, la crise n'a fait que masquer le problème de rareté de la main-d'oeuvre. " Plusieurs entreprises avaient de la difficulté à trouver des employés. La récession leur a simplement permis de gagner du temps ", dit Martin Dupont, de la Société de développement économique de Drummondville (SDED).
Réunis lors d'une table ronde tenue à Sherbrooke le 24 mars, des dirigeants d'entreprise et des intervenants de l'Estrie et du Centre-du-Québec ont discuté des difficultés du recrutement. La pénurie de la main-d'oeuvre touche les entreprises de plusieurs façons. Les employés qualifiés sont difficiles à trouver... et à intéresser.
" Quand nous affichons des postes de direction, c'est pratiquement nous qui passons en entrevue. Les candidats nous demandent ce que nous avons a à leur offrir ", constate Martin Ball, cofondateur de Wiptec, une entreprise de Sherbrooke qui offre des services de manutention et d'entreposage.
" Quand nous approchons des entrepreneurs pour leur présenter la région, ils demandent surtout s'il y a de la main-d'oeuvre, pas s'il y a allégements fiscaux ou d'autres incitatifs ", résume M. Dupont.
Plusieurs se tournent vers l'immigration. Aujourd'hui, des programmeurs d'imagerie musicale, un ingénieur de sons et de fluides et un chaudronnier, venus de France, ont déménagé à Drummondville.
Le fabricant de meubles Bestar, de Lac-Mégantic, mise aussi sur la France. " Je me promène dans les universités pour trouver des ingénieurs, mais c'est très difficile ", note Martin Tardif, son directeur général.
Une offre d'emploi lui a récemment valu de recevoir 35 C.V. d'une école d'ingénierie française. Aucun du Québec. " Pour un Français, Lac-Mégantic, ça peut être exotique ", dit-il.
Nouvelle génération
Qu'ils soient des X, des Y ou bientôt des C, les membres des jeunes générations de travailleurs " savent qu'ils sont en demande et peuvent donc se permettre de choisir ", dit Marie-Paule Royer, conseillère en gestion chez Pro-Gestion Estrie.
Contrairement à leurs aînés, ils parlent aussi plus souvent de conciliation travail-famille et de qualité de vie quand vient le moment de s'engager. " Les jeunes travailleurs ont une façon différente d'aborder la vie professionnelle. L'offre des organisations doit donc être différente ", avance pour sa part Sébastien Duchesne, directeur général du Carrefour jeunesse emploi de Sherbrooke.
Dans le cadre de la Tournée du Québec 2010, Les Affaires organise huit tables rondes dans autant de régions du Québec. Nos invités : des dirigeants d'entreprise et des intervenants économiques. Ils nous livrent leur point de vue éclairé sur des questions cruciales liées au monde des affaires.
L'objectif de ces tables rondes est double : discuter des défis et des enjeux propres à chaque région et aborder la question de la relève, une problématique qui concerne l'ensemble des entreprises du Québec.
