En Israël, l'eau du lac de Tibériade et des nappes phréatiques est loin d'être suffisante. Le pays doit puiser à même la Méditerranée une grande partie de son or bleu. En 2014, c'est la moitié de l'eau potable du pays qui proviendra de la mer.
Sur les côtes israéliennes, IDE Technologies a conçu les plus grandes usines de dessalement par osmose inverse du monde. Elle est détenue à 50 % par le groupe Delek. C'est cette société qui a tenté d'acheter à Shell sa raffinerie de Montréal-Est.
Yitzhak Tshuva, qui contrôle Delek, est aussi un magnat de l'immobilier ici même, au Québec. Son entreprise à capital fermé, Elad, possède des biens immobiliers dont la valeur totale s'élève à des centaines de millions de dollars. En Israël, le milliardaire n'a pas hésité à investir massivement dans l'eau. À Ashkelon, 60 kilomètres au sud de Tel-Aviv, IDE a inauguré en 2005 la première usine de dessalement par osmose inverse à très grande capacité. Un investissement de 1,2 milliard de shekels, soit 440 millions de dollars de 2001. À elle seule, l'usine produit 15 % de l'eau potable nécessaire à Israël. La française Veolia se charge de son exploitation.
En 2009, IDE a inauguré une autre usine, encore plus grande, à Hadera, 50 kilomètres au nord de Tel-Aviv. Actuellement, c'est la plus grande usine de dessalement par osmose inverse du monde. Mais pas pour longtemps : en 2013, une autre usine d'IDE, à Soreq, décrochera le titre, avec une production de 150 millions de mètres cubes par an.
" Dans des conditions normales, il tombe deux milliards de mètres cubes d'eau par an sur Israël, dit Fredi Lokiec, vice-président principal pour les projets spéciaux chez IDE. Mais depuis cinq ans, le pays connaît une grave sécheresse, et il ne tombe plus qu'un peu plus d'un milliard de mètres cubes par an. Pas de doute possible : le pays devra de plus en plus compter sur le dessalement. "
L'eau dessalée la moins chère du monde
À Ashkelon, les prises d'eau, à un kilomètre de la côte, acheminent la matière première jusqu'à d'énormes pompes hautes comme des camions. L'eau est ensuite acheminée vers des tubes contenant des membranes à osmose inverse fabriquées par Dow Chemicals. Poussée à travers cette fibre à une pression 70 fois plus élevée que celle de l'atmosphère normale, elle en ressort dépourvue de sel. Dans les bâtiments de tôle bleue, 5 600 tubes s'alignent dans de grands supports. Chacun contient huit membranes à osmose inverse.
Ici, IDE arrive à produire de l'eau dessalée pour seulement 52 ¢ le mètre cube. Au Québec, le coût serait prohibitif. La Ville de Montréal paye 8 ¢ pour produire le même volume d'eau, puisée dans le fleuve Saint-Laurent. Mais pour de l'eau dessalée, c'est le meilleur rendement du monde, ex æquo avec celui d'une usine de Singapour.
À 4 kilowattheures par mètre cube, l'usine d'Ashkelon est aussi l'une des plus efficace. Mais elle requiert quand même une grande quantité d'électricité.
C'est Delek qui fournit l'énergie nécessaire. L'entreprise exploite des puits de gaz naturel au large. Le carburant est acheminé vers une centrale de 87 mégawatts située sur la côte et reliée à l'usine d'IDE.
Derrière les installations, de l'autre côté d'un barbelé, des réservoirs stockent l'eau d'IDE. Non seulement celle-ci abreuvera les Israéliens, mais elle étanchera aussi la soif d'une partie des résidents de la Jordanie, dans le cadre de l'accord de paix avec ce pays.
1 170
Le territoire d'Israël reçoit 1 170 millions de mètres cubes par an, mais ses habitants en consomment 2 030 millions.
Notre journaliste était invité par l'Institut israélien des exportations et de la coopération internationale.
hugo.joncas@transcontinental.ca
