Des nuages noirs au-dessus du boom minier

Publié le 02/06/2012 à 00:00

Des nuages noirs au-dessus du boom minier

Publié le 02/06/2012 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Le ciel s'assombrit au Nord. La plupart des sociétés actives sur le territoire du Plan Nord voient leur capitalisation boursière chuter et leur plan d'expansion être menacé.

1 Le supercycle tire à sa fin

Au terme d'un supercycle qui avait démarré en 2004, le prix des métaux entre dans un cycle baissier. «Cela ressemble à ce qui s'est produit au début des années 2000. Ce genre de cycle peut durer trois, quatre ou cinq ans», dit Gaétan Morin, premier vice-président au développement corporatif et investissements au Fonds de solidarité FTQ. Même l'or, valeur refuge, n'est pas épargné. Quant aux terres rares, leur prix s'est effondré. Au TSX, les capitalisations boursières des minières canadiennes ont fondu comme neige au soleil. Les craintes d'une récession mondiale, alimentées par la crise de la zone euro et le ralentissement en Chine, poussent les investisseurs à délaisser ou vendre leurs titres miniers, jugés les plus risqués.

2 Les coûts de production explosent

Au cours du boom minier, les producteurs ont accéléré la vitesse de développement des projets en vue d'être les premiers à proposer leurs métaux au marché. Cette course a provoqué une escalade des coûts en capital et des coûts de production. Les minières commencent maintenant à réduire leurs projets, comme en témoigne la récente décision du géant mondial BHP Billiton de mettre au rancart des projets d'expansion de 80 milliards de dollars qui étaient prévus d'ici 2015. «Avant, l'industrie courait après les occasions d'investissements. Maintenant, il y a plus de projets que de liquidités», déclarait son président, Jacques Nasser, le 16 mai. Rappelons que le boom sur la Côte-Nord est alimenté en grande partie par les producteurs de fer : ArcelorMittal, IOC, Cliffs, Adriana-Wisco, New Millenium Tata Steel.

3 Les financements sont plus rares

Depuis deux ans, le gouvernement québécois tente de stimuler l'exploration dans le nouveau territoire vierge du Plan Nord. Or, à moins d'être une grande entreprise comme De Beers dans le diamant ou Xstrata dans le nickel - toutes deux actives au Nunavik - les entreprises ont bien du mal actuellement à trouver des capitaux, et quand elles en trouvent, elles doivent réduire leurs prix. «Il y a moins de financements et ils sont beaucoup plus modestes, parce qu'on veut éviter une trop grande dilution», explique Bernard Colas, directeur du financement chez Industrielle Alliance Valeurs mobilières. En début d'année, IAVM a monté un financement de 3 millions de dollars pour la québécoise Geomega, à 55 cents l'action ordinaire et 75 cents l'action accréditive. Peu de temps après, le titre est tombé à 38 cents. «Décourageant», commente M. Colas. Plus récemment, Canada Lithium a complété un financement de 30 M$ à 36 cents l'action pour son projet Québec Lithium en Abitibi. L'an dernier, elle avait obtenu 1,50 $ l'action dans un tour de financement similaire.

Dans ce contexte, l'exploration ralentira probablement, dit Gaétan Morin. Le fonds poursuivra sa stratégie de soutien aux entreprises, ajoute-t-il, mais «on restera à leur vitesse». L'effervescence souhaitée concernant le Plan Nord se dégonfle.

4 Le Plan Nord n'est plus une aubaine

L'électricité à 9 cents le kilowattheure, comme l'a annoncé le pdg d'Hydro-Québec en entrevue à Les Affaires, c'est deux fois plus cher que ce qui était prévu dans les scénarios. «Ça change l'équation», note Eldon Brown, analyste à la Financière Banque Nationale. Les minières s'inquiètent aussi du prix qu'elles auront à payer pour le transport du minerai si le lien ferroviaire n'est pas dirigé par l'industrie. Dans le contexte actuel, les minières cherchent à réduire les coûts au maximum. Or, le gouvernement Charest les augmente, déplorent deux représentants de minières qui ont requis l'anonymat.

Autre source d'inquiétude : l'absence d'encadrement dans les ententes avec les autochtones et de gouvernance au sein de certaines communautés. On craint la «surenchère des coûts et l'incertitude», relate une source.

5 Des sous-traitants menacés de faillite

Les fournisseurs québécois de petite taille ont poussé comme des champignons, flairant la bonne affaire. Mais voilà que certains d'entre eux seraient au bord de la faillite, parce qu'ils n'ont pas encore été payés pour des travaux exécutés, notamment par la multinationale Tata Steel Minerals, rapporte le Quotidien de Chicoutimi. Vérification faite, le problème est le suivant : lorsqu'il y a un litige entre le donneur d'ordres et l'entrepreneur général - que ce soit concernant les extras ou des jalons non atteints -, le paiement est suspendu jusqu'à ce que le problème soit réglé. Or, cela fait mal aux petits sous-traitants qui n'ont pas les reins assez solides pour attendre six mois avant d'être payés. Chez Tata Steel Minerals, le pdg Rajesh Sharma a indiqué à Les Affaires que deux cas de conflit «sont en voie d'être réglés». Le problème n'est pas nouveau dans l'industrie de la construction, mais les sous-traitants souhaitent que Québec encadre mieux les contrats, de façon à ce qu'ils soient payés par l'entrepreneur général, même si celui-ci n'a pas encore été rétribué par le donneur d'ordres.

- 10,3 % Baisse du prix de la tonne de fer (62 %) vendue en Chine depuis le début de mai. Le prix, à 130 $ la tonne, est le plus bas depuis six mois. Source : Iron Ore Digest

LES MINIÈRES ONT SUBI UNE RACLÉE SUR LE TSX

De mai 2011 à mai 2012

Entreprise ( active au Québec) / Haut 52 semaines / Prix / Variation

Azimut Exploration / 1,51 $ / 0,39 $ / - 74,17 %

Stornoway Diamond / 2,59 $ / 0,82 $ / - 68,34 %

Adriana Resources / 1,60 $ / 0,65 $ / - 59,38 %

Orbite Aluminae / 4,19 $ / 1,76 $ / - 58,00 %

Champion Minerals / 2,27 $ / 1,02 $ / - 55,07 %

Canada Lithium / 0,79 $ / 0,37 $ / - 53,80 %

Century Iron Mines / 3,50 $ / 1,70 $ / - 51,43 %

Metanor Resources / 0,44 $ / 0,23 $ / - 47,13 %

New Millennium Iron / 3,23 $ / 1,72 $ / - 46,75 %

Oceanic Iron Ore / 0,50 $ / 0,27 $ / - 45,45 %

Ressources Strateco / 0,63 $ / 0,37 $ / - 41,27 %

Donner Metals / 0,32 $ / 0,19 $ / - 40,63 %

Goldcorp / 55,93 $ / 38,83 $ / - 30,57 %

Nemaska Lithium / 0,50 $ / 0,39 $ / - 22,00 %

Virginia Mines / 9,90 $ / 8,78 $ / - 11,31 %

Source : Bloomberg, en date du 25 mai 2012

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