Des entreprises ont pris les grands moyens pour survivre

Publié le 22/05/2010 à 00:00

Des entreprises ont pris les grands moyens pour survivre

Publié le 22/05/2010 à 00:00

S'il fallait un signe supplémen-taire que la reprise est bel et bien enclenchée, en voici un qui est probant : le nombre d'entre-prises en démarche de redres-sement explose au Québec. Autrement dit, beaucoup d'entreprises qui ont souffert pendant la récession sont en train de retrouver la santé avec l'aide de spécialistes.

« Nous vivons un boom [de dossiers de redressement] », dit Denis Hamel, associé pour les conseils financiers chez Samson Bélair/ Deloitte & Touche, et membre de la section montréalaise de la Turnaround Management Association (TMA), qui compte 77 membres (des avocats, des comptables et d'autres professionnels de la communauté d'affaires).

Si tant d'entreprises sont en voie d'être redressées, c'est parce que le marché du crédit s'est ? partiellement ? dégelé. Pendant la crise, les banques hésitaient à avancer des fonds. Une entreprise en difficulté ne parvenait plus à se financer et finissait souvent par s'écrouler. Même les repreneurs potentiels ne parvenaient plus à réunir les capitaux nécessaires.

« Les gens et les entreprises sont de nouveau prêts à investir », dit M. Hamel, ce qui permet davantage de redressements d'entreprises. À Montréal, chez Deloitte seulement, on travaille à une vingtaine de dossiers, dont celui d'AAER, à Bromont, un fournisseur d'équipements pour l'industrie éolienne, et celui des chantiers navals Davie, à Québec.

Cette renaissance implique des choix déchirants. Il faut évaluer quelles sont les activités qu'il faut absolument conserver, et celles dont il convient de se départir pour éviter d'être submergé. « C'est une chose de mettre la clé sous la porte, c'en est une autre de maintenir au moins une partie des activités et des emplois pour se donner une chance de se rétablir », explique M. Hamel. Pierre-Yves Méthot, président et chef de la direction de la montréalaise Prestige Télécom, a connu ce revirement. Son entreprise vient d'être nommée lauréate du prix du redressement de l'année par les membres montréalais du TMA. Elle a vacillé pendant la crise, mais elle a réussi à s'en sortir.

Prestige Télécom installe de l'équipement et s'occupe de travaux d'ingénierie pour les fournisseurs de services de télécommunications. « Nous sommes la Suisse des télécoms, puisque tous les grands acteurs de l'industrie sont nos clients », se plaît à dire M. Méthot.

Toutefois, la voie du succès est parsemée d'embûches. En 2002, l'éclatement de la bulle techno et les difficultés de Nortel ont entraîné une chute de 75 % des revenus. L'entreprise s'est démenée pour survivre. En 2007, elle ouvre son capital et s'inscrit à la Bourse de croissance de Toronto (sous le symbole PR), puis, un an plus tard, entreprend quelques acquisitions d'importance. La crise financière éclate au même moment. Le crédit gèle sur place. Prestige Télécom se trouve aux prises avec une facture importante, sans financement pour faire le pont. La tension baisse lorsque le président du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, décide d'investir 9 millions de dollars dans l'entreprise. Le signal est bien reçu par les institutions financières, qui deviennent plus réceptives.

Résultat ? « Nous sommes passés cette année-là d'un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) négatif de 3 millions de dollars à un BAIIA positif de 7,5 millions », dit Pierre-Yves Méthot. Prestige Télécom compte aujourd'hui plus d'un millier d'employés dans 19 bureaux au Canada, ainsi qu'en Inde. Morale de l'histoire ? M. Méthot aime citer Winston Churchill : « " When you are going throug hell, keep going ", disait-il. Il faut persévérer, ne jamais lâcher. »

Il arrive que les choses finissent sur une bonne note. Néanmoins, l'épreuve laisse des cicatrices. « Malheureusement, les entrepreneurs doivent laisser leur fierté de côté pour aller consulter des gens qui ont de l'expérience dans le domaine », soutient M. Hamel. Ce n'est jamais facile de passer au confessionnal. Cependant, l'autre solution est plus désagréable : se trouver face à des financiers qui font la sourde oreille ou qui exigeront la lune pour dénouer les cordons de leur bourse.

M. Hamel sait très bien qu'il prêche pour sa paroisse quand il évoque la nécessité de faire appel à des professionnels pour réussir à redresser une entreprise. « Ce n'est pas simplement une affaire de complexité, c'est aussi une question de crédibilité, précise-t-il. Un banquier sera rassuré s'il comprend que l'entrepreneur est aidé par un expert qui en a vu d'autres. »

En fin de compte, quelle que soit la manière, l'important, c'est de survivre...

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Protection des investisseurs : Toronto ou Montréal ?

Jim Flaherty a dû avaler de travers. Même la Financière Power n'est pas de son avis. Rappelons que le ministre fédéral des Finances est parti en campagne pour faire passer son idée d'une commission nationale des valeurs mobilières. Son homologue québécois, Raymond Bachand, ne veut rien entendre.

Vos réactions

« Compte tenu de la feuille de route du Québec en matière de protection des épargnants, je suis en faveur du transfert de cette responsabilité au fédéral. »

- Incubus

« Je suggère que l'organisme ait ses bureaux à Montréal plutôt qu'à Toronto. Cela devrait lui assurer une certaine indépendance et réduire le "copinage" avec les institutions financières. »

- Casimir

« Cela doit donner un gros mal de tête que de faire des affaires au Canada. Dix provinces aux lois différentes, que ce soit dans le secteur des valeurs mobilières ou dans d'autres secteurs, cela doit être compliqué. »

- Vormiet

rene.vezina@transcontinental.ca

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