Dangereux virage à droite aux États-Unis

Publié le 15/01/2011 à 00:00

Dangereux virage à droite aux États-Unis

Publié le 15/01/2011 à 00:00

La crise économique que subissent les Américains depuis la faillite technique de leurs grandes banques en 2008 a accentué un virage à droite qui pourrait détériorer dangereusement le climat social aux États-Unis.

En voici certaines manifestations :

> Les républicains ont obtenu la majorité des sièges à la Chambre des représentants lors des élections de novembre dernier. Cette victoire est le résultat d'une campagne truffée d'insinuations, de mensonges et de propos vitrioliques par plusieurs ténors du Tea Party et de leurs alliés. La grande prêtresse de ce mouvement, Sarah Palin, avait mis sur son site une carte des États-Unis accompagnée du message " Ne reculez pas, rechargez ! " Sur cette carte, 20 législateurs démocrates en réélection avaient été ciblés comme des adversaires à défaire aux élections. Figurait parmi ces cibles Gabrielle Giffords, qui a reçu une balle d'un tireur fou, le 8 janvier;

> La campagne des élus républicains pour rappeler la loi sur la santé du président Obama s'intensifie. La raison : le coût trop élevé de cette réforme qui vise à donner des services de santé à quelque 35 millions d'Américains qui ne bénéficient d'aucun programme actuellement. La charité publique peut s'occuper d'eux, disent les républicains;

> Le président Obama revient sur sa promesse d'annuler les baisses d'impôt de son prédécesseur, surtout favorables aux riches;

> Les sérieuses difficultés financières qui frappent les États, les villes et les écoles amènent leurs dirigeants à réduire des services à la population, à faire des mises à pied et à geler les salaires. Ces coupes sont les seuls moyens de redressement à leur portée, puisque la crise a exacerbé l'aversion des Américains pour toute hausse des taxes et des impôts;

> Bien que les syndicats n'aient rien eu à voir avec la récession qui a frappé durement l'économie, de plus en plus de politiciens locaux les blâment pour les coûts élevés des administrations publiques et pour la faiblesse des investissements faits par le secteur privé.

La campagne anti-syndicale actuelle est surtout menée par des législateurs et des gouverneurs républicains. Plusieurs d'entre eux planchent sur des projets de loi visant la réduction du pouvoir syndical, l'interdiction du droit de grève et même des syndicats eux-mêmes dans certains domaines. Depuis janvier, les républicains contrôlent les législatures de 26 États. Six États sont même dirigés par un trio tout républicain (majorité républicaine dans les deux chambres et gouverneur républicain). Plusieurs législateurs veulent aussi faire adopter par leur État une législation de droit au travail (right-to-work) comme cela existe déjà dans 22 États. Ce dispositif permet à un salarié d'un établissement syndiqué de refuser d'adhérer et de cotiser au syndicat en place.

Cette campagne anti-syndicale traduit le désarroi des Américains face au déclin relatif de leur économie. Alors que la récession a fait disparaître 8,4 millions d'emplois et que leur économie tarde à se remettre d'aplomb, plusieurs dirigeants républicains ont pris les travailleurs de l'État et leurs syndicats comme boucs émissaires pour les déficits des administrations publiques et les problèmes économiques du pays.

Les syndicats ne sont pas en cause

Le résultat net de cette offensive sera l'étiolement accru des services publics, l'accroissement de la pauvreté et du désarroi chez les plus démunis et la détérioration du climat social. La société américaine pourrait devenir encore plus inégale et disloquée, ce qui ajouterait à son déclin socioéconomique.

Même si on les voit souvent comme des nuisances, les syndicats sont parfois des contrepoids indispensables aux abus de certains employeurs et de groupes d'intérêts. Cela semble le cas aux États-Unis, où le taux de syndicalisation des salariés ne serait que de 11,5 % (40 % au Québec).

Les problèmes de l'économie américaine tiennent bien plus aux abus des banques, à la manipulation des élus par les puissances de l'argent et par les groupes d'intérêts et aux inégalités sociales, plutôt qu'aux comportements des travailleurs et de leurs syndicats.

La résurgence de la droite aux États-Unis trouve un écho chez nous, comme en témoigne la création du Réseau Liberté-Québec. Toutefois, ce qui se passe ici n'est pas comparable à ce qui s'observe chez nos voisins. Liberté-Québec énonce des idées qui méritent d'être détattues et qui ne remettent pas en cause nos valeurs fondamentales.

J'AIME

Alcoa a réalisé un bénéfice net de 258 millions de dollars américains (M$ US) à son dernier trimestre, alors qu'elle avait subi une perte de 266 M$ US au même trimestre en 2009. Le redressement du prix de l'aluminium est de bon augure pour le Québec, qui compte plusieurs alumineries et où des investissements massifs sont en cours (modernisation chez Alcoa à Baie-Comeau) ou projetés (technologie AP50 chez Rio Tinto Alcan).

JE N'AIME PAS

Les fuites de gaz naturel qui se sont produites dans certains puits d'exploration de gaz de schiste ont fait monter d'un cran l'hystérie des opposants et de certains commentateurs dans ce dossier. Certains remettent en cause la crédibilité des entreprises, des dirigeants politiques et des fonctionnaires de façon démagogique et hargneuse sur la base d'impressions et non pas de connaissances appropriées. C'est à la fois opportuniste et irresponsable.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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