Crise étudiante : pourquoi ne pas tenter une conciliation ?

Publié le 26/05/2012 à 00:00

Crise étudiante : pourquoi ne pas tenter une conciliation ?

Publié le 26/05/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Tout indique que la loi spéciale adoptée pour suspendre les cours dans les établissements d'enseignement victimes d'un boycottage, favoriser l'accès à ces établissements et encadrer les manifestations dans les lieux publics n'empêchera pas la désobéissance civile des étudiants les plus radicaux et des casseurs.

En effet, même si la grande majorité des Québécois appuie la hausse des droits de scolarité et les efforts du gouvernement pour mettre fin au désordre actuel, la CLASSE, l'association étudiante la plus radicale, a décidé de braver cette loi. C'est inacceptable et irresponsable. Nous vivons dans une société de droit, où les libertés fondamentales sont reconnues et appliquées de façon généreuse. Le Québec est certainement l'une des juridictions qui, à l'échelle de la planète, accordent le plus de liberté à leurs citoyens.

La loi 78, que certains dénoncent très durement, n'interdit pas les manifestations. Elle les encadre, comme le font déjà plusieurs pays, dont la France. On peut ne pas aimer certaines parties de cette loi (telles les amendes, qui sont très élevées), mais nous vivons toujours dans une société respectueuse des droits et libertés de ses citoyens. Le Québec n'est pas devenu une dictature, et c'est ridicule de qualifier de matraque la loi 78.

Malgré la propagande, la désinformation et la rhétorique des gérants d'estrade, artistes et commentateurs qui jouent les vierges offensées, ce n'est pas le gouvernement du Québec qui menace notre liberté ; ce sont les saboteurs de l'ordre public et les opportunistes qui profitent de l'enjeu des droits de scolarité et du ras-le-bol de certains citoyens contre les institutions, l'autorité, le capitalisme, le Plan Nord, les gaz de schiste, etc. pour les mobiliser contre le gouvernement Charest.

Face à cette crise, il importe que les leaders d'opinion, les élus, les chefs syndicaux et les dirigeants de différents groupes d'intérêt placent le rétablissement de la paix sociale au premier rang de leurs actions.

Reprendre les négociations ?

Les citoyens semblent nombreux à demander que le gouvernement reprenne les négociations avec les associations étudiantes. C'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire, car jusqu'à maintenant les leaders étudiants n'ont pas été de bonne foi. Pire, ils n'ont même pas défendu devant leurs membres une entente de principe qu'ils avaient signée. Ils ont obtenu la tête de la ministre Beauchamp, mais sa démission n'a absolument rien donné.

Il ne faut pas rejeter du revers de la main l'idée d'une reprise des négociations, mais, surtout, il ne faut absolument pas envoyer le message que la violence paie, comme on l'a déjà vu dans la construction. De plus, avant de prendre cette initiative, le gouvernement doit avoir l'assurance que les associations étudiantes sont de bonne foi. Elles doivent montrer qu'elles sont vraiment désireuses de négocier, et non pas simplement d'«exiger» comme auparavant. Elles doivent se dissocier de la CLASSE, qui prône la désobéissance civile.

Responsabilité collective

Soyons pragmatiques. Montréal ne peut pas entamer la saison des festivals avec des émeutes dans son centre-ville. C'est pourquoi il importe que toutes les personnes en mesure d'exercer une influence interviennent pour calmer le jeu. En plus de dénoncer la désobéissance civile, elles doivent oublier leurs intérêts partisans et mettre l'épaule à la roue pour que cesse ce défoulement collectif marqué de violence. Malgré les inévitables bavures de la police, il faut l'appuyer. À quand une pétition de la majorité silencieuse ?

La sortie de crise, que la très grande majorité de la population attend, est certes la responsabilité première du gouvernement, mais l'ampleur de la crise en fait aussi une responsabilité collective. Le gouvernement ne pourra y parvenir seul s'il doit continuer de parer les tirs nourris de tous ses opposants. Il en va de l'intérêt général de l'appuyer.

À défaut d'une négociation, Québec pourrait envisager une conciliation en faisant appel à trois personnalités crédibles aux yeux des parties prenantes. Le conflit étudiant n'est pas associé au travail, mais il arrive que la conciliation aide à trouver des issues à une impasse.

Lorsque les parties sont rencontrées séparément, la conciliation permet de réduire les tensions, d'améliorer la communication et d'explorer de nouvelles pistes de solution. Elle exigera de l'humilité de la part du gouvernement, mais le risque pris par ce dernier sera faible, car un tel processus n'engage pas les parties.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Berkshire Hathaway, que dirige Warren Buffett (notre photo), parie à nouveau sur l'industrie des journaux. Berkshire paiera 142 M$ US pour acheter un intérêt majoritaire dans Media General, qui possède 63 quotidiens et hebdomadaires. Berkshire prêtera 400 M$ US à Media General et mettra à sa disposition une marge de crédit de 45 M$. Berkshire, qui possède le Buffalo News depuis plusieurs années, avait acquis l'an passé le Omaha World Herald.

Je n'aime pas

La société américaine Cliffs Natural Resources, qui exploite une mine de fer au lac Bloom dans le nord-est du Québec, construira à Sudbury, au lieu de Fermont, Rouyn-Noranda ou Bécancour, la fonderie qui traitera son concentré. Il s'agit d'un investissement de 1,85 G$, qui aurait créé 900 emplois bien rémunérés sur une très longue période. Cette décision montre que la fiscalité québécoise n'est pas aussi avantageuse que le prétendent ceux qui accusent le gouvernement du Québec d'être trop généreux avec les sociétés exploitant les ressources naturelles. Le gisement du lac Bloom avait été mis en exploitation par Consolidated Thompson Iron Mines, qui fut acquise par Cliffs en janvier 2011 au prix de 4,9 G$ US.

jean-paul.gagne@tc.tc

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