Toute la Gaspésie est sous le joug d'un seul fournisseur d'asphalte. Toute ? Non. Du côté québécois du pont menant au Nouveau-Brunswick, le petit village de Pointe-à-la-Croix résiste toujours à Pavages Beau Bassin, que les maires de la région accusent d'abuser de sa position de monopole. La municipalité de 1 500 habitants a confié son dernier contrat de réfection de rues à Pavage J.R. Lagacé, de Campbelltown, du côté néo-brunswickois. Résultat : presque 10 % d'économies sur le coût des travaux.
«On est chanceux, on vit juste à la frontière. On a la chance d'avoir des prix plus bas avec un entrepreneur du Nouveau-Brunswick», dit le maire Jean-Paul Audy. Mais la petite ville est un peu comme une banlieue de Campbelltown. Lagacé ne s'aventure pas plus loin au Québec. Ailleurs en Gaspésie, Pavages Beau Bassin est la seule à envoyer des soumissions aux municipalités, qui ne peuvent pas profiter d'une saine concurrence pour faire baisser les prix.
Les appels d'offres pour les travaux publics sont pourtant ouverts aux entreprises de l'extérieur de la province. Pourquoi n'envoient-elles pas de soumissions ? «Ça nous intrigue énormément, dit la préfète de la MRC du Rocher-Percé, Diane Lebouthillier. D'après nous, les territoires sont divisés.» Non seulement entre entrepreneurs québécois, mais aussi entre concurrents d'un côté et de l'autre de la frontière.
Il a été impossible de recueillir les commentaires de Construction DJL, l'entreprise de propriété française qui détient Pavages Beau Bassin.
Le patron de Pavage J.R. Lagacé, Réal Lagacé, n'a pas répondu à nos nombreux appels.