Au beau milieu d'un champ de vignes, d'énormes machines paraboliques traquent le soleil, millimètre par millimètre. Ici, Zenith Solar a installé une centrale solaire nouveau genre, en "cogénération".
Au kibboutz Yavné, l'une des quelque 250 communautés collectivistes israéliennes, l'énergie solaire est au coeur du quotidien. Elle leur fournit non seulement l'électricité, mais aussi la chaleur.
"Nous avons mis au point une machine solaire très astucieuse pour cette communauté", dit Roy Segev, pdg de Zenith, entreprise fondée en 2006.
Alors que les systèmes photovoltaïques classiques sont limités à des taux d'efficacité bien en deçà de 20 %, les équipements de l'entreprise transforment 72 % du rayonnement solaire en énergie au kibboutz Yavné. C'est que Zenith ne se contente pas de produire de l'électricité à l'aide de cellules photovoltaïques, elle fait bouillir de l'eau et la distribue dans le village pour procurer de la vapeur aux habitants et à la conserverie locale, où est transformée la production des fermiers.
Montées sur de grands panneaux paraboliques couverts de miroirs, les machines de Zenith font refléter les rayons solaires vers un point convergent (le foyer de la parabole), où sont situées les cellules photovoltaïques et la petite chaudière qui fait bouillir l'eau.
À Yavné, Zenith a installé 16 de ces machines. Ensemble, elles chauffent assez d'eau pour fournir 144 mégawattheures (MWh) d'électricité et 350 MWh de chaleur par année. Au Québec, ce serait assez d'énergie pour alimenter une trentaine de foyers pendant un an. En Israël, ça permet d'alimenter presque tout un village.
Depuis 2010, la centrale solaire est connectée au réseau israélien. Le kibboutz peut donc profiter des tarifs préférentiels accordés par Israël pour l'énergie solaire. À 50 ¢ US le kilowattheure (kWh), la communauté peut vendre son électricité à profit. Quant à l'énergie thermique, elle permet de remplacer pas moins de 40 000 litres de mazout par année pour chauffer une partie du village et de ses industries.
Ici, Zenith teste son installation depuis un an. Électricité et chaleur confondues, ses machines permettent de produire l'énergie à 9,5 ¢ le kWh. Une aubaine : l'électricité du réseau israélien est vendue 12 ¢, et le mazout pour chauffer les maisons revient à 10 ¢ le kWh.
Et au pays
Le petit kibboutz de Yavné n'était qu'un projet pilote pour Zenith Solar. L'entreprise s'affaire maintenant à exporter son système aux quatre coins de la planète. "Nous nous apprêtons à en livrer en Italie, dit Roy Segev. Dans la province du Gansu, en Chine, nous avons signé une entente pour un projet à grande échelle d'une puissance de 10 mégawatts."
Au Canada, l'ensoleillement n'est pas assez intense pour alimenter des machines paraboliques comme celles de Zenith Solar. L'idée de produire à la fois de l'électricité et de la chaleur, par contre, fait son chemin.
À Toronto, par exemple, Conserval Engineering mise aussi sur la cogénération et propose un mur solaire photovoltaïque-thermique. Installé sur la paroi extérieure d'un immeuble, il permet de produire de l'électricité ainsi que de chauffer de l'air et de le répartir à l'intérieur d'un immeuble durant les mois froids. L'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia et le centre de recherche CanmetÉNERGIE, de Ressources naturelles Canada, à Varennes, ont installé ces panneaux sur leurs immeubles respectifs.
"Dans des pays moins ensoleillés comme le Canada, la majorité des chercheurs privilégient les panneaux photovoltaïques traditionnels", dit Michel Duguay, spécialiste des énergies renouvelables à l'Université Laval. La force de Conserval Engineering, c'est de miser sur cette technologie simple pour fabriquer des systèmes plus efficaces en misant sur la cogénération, dit-il. "La récupération de la chaleur augmente énormément le rendement."
L'ensoleillement annuel moyen à Montréal est de 2 029 heures par rapport à 3 304 heures à Tel-Aviv. | Sources : Environnement Canada et climatetemp.info
