Chérie, je réduis la quincaillerie

Publié le 03/03/2012 à 00:00

Chérie, je réduis la quincaillerie

Publié le 03/03/2012 à 00:00

Par Marie-Eve Fournier

L'affaiblissement de l'attrait qu'exercent les grandes surfaces sur les consommateurs, constaté par Rona - qui en éliminera 23 de son réseau d'ici deux ans -, est une tendance qui force plusieurs détaillants américains à agir.

«Les grandes surfaces ne sont pas le bon format pour l'avenir», croit le grand patron de Rona, Robert Dutton, qui ne prévoit plus en construire.

Sa stratégie reposera désormais sur le succès de deux nouveaux concepts «de proximité» testés l'an dernier. Des 80 Rona L'Entrepôt, 10 seront fermés, tandis que 13 autres seront rapetissés de 30 à 50 %. Le géant de la rénovation espère redéployer leurs ventes vers 15 magasins de moyenne taille et 10 autres beaucoup plus petits.

Ce plan est «logique», analyse Marie-Claude Frigon, associée et spécialiste du commerce de détail chez RSM Richter Chamberland. «L'objectif des détaillants est de rentabiliser les pieds carrés (pi2). Quand on diminue l'espace de vente, on ne conserve que les produits les plus populaires. Alors ça devient plus rentable.» C'est effectivement le cas chez Rona où les magasins de taille moyenne génèrent des ventes au pied carré 30 % plus élevées que celles des magasins de type entrepôt, confie Luc Rodier, vice-président exécutif, réseau détail du quincaillier.

Parfois, «smaller is better»

Du côté américain aussi, les géants du commerce de détail habitués à inaugurer d'immenses surfaces de 200 000 pi2 surprennent tout le monde depuis quelques années avec des formats dignes d'un dépanneur Couche-Tard. C'est le cas de Walmart, Target, Best Buy, Staples et Office Depot.

«Les petites surfaces sont plus faciles à ouvrir et plus faciles à fermer (à cause de l'immobilier, des ressources humaines et des stocks). Donc, le risque d'affaires est moindre», fait valoir David Marcotte, vice-président principal, étude de marché de détail, chez Kantar Retail, aux États-Unis. De plus, les consommateurs n'associent plus les grandes surfaces avec les bas prix, mais plutôt avec la durée de la séance de magasinage, observe l'expert. Faire le tour d'interminables allées prend beaucoup de temps, temps que les familles débordées n'ont plus.

La pénurie de main-d'oeuvre est un autre facteur encourageant les détaillants à réduire leurs surfaces de vente, indique Guy Barthell, associé, groupe stratégie et performance chez Raymond Chabot Grant Thornton. «Former deux ou trois cents personnes à offrir un bon service, ce n'est pas évident. Les grandes surfaces ont des problèmes de recrutement, de formation.»

D'ailleurs, Rona affirme vouloir améliorer le service à la clientèle dans ses magasins pour donner une bonne raison aux consommateurs de se déplacer, dans un contexte où tout se trouve sur le Web (depuis l'automne dernier, Amazon.ca s'est lancé au Canada dans la vente d'articles de quincaillerie). Pour arriver à ses fins, Rona spécialisera ses emplois.

Jusqu'ici, les employés devaient à la fois placer les produits sur les tablettes et répondre aux clients. Dorénavant, chaque personne n'aura qu'une responsabilité. «Présentement, les gens ont une tâche double. On va faire la distinction entre ces deux tâches, ce qui va nous permettre d'avoir des pros de la vente. On veut aussi augmenter notre ratio de travailleurs à temps plein. La rotation de personnel nuit à l'expertise», dit Luc Rodier.

UNE TENDANCE LOURDE CHEZ LES GÉANTS DU COMMERCE DE DÉTAIL

Sears Holdings a mis en ligne une liste de magasins Sears et Kmart dans lesquels elle a de l'espace à louer. Une entente a été conclue à la fin de 2010 avec l'épicier bio Whole Foods Market pour la sous-location de 34 000 pieds carrés (pi2) dans l'un de ses magasins Sears en Caroline du Nord. Des cliniques dentaires ont pu s'installer dans des succursales Kmart.

Depuis juin 2011, Walmart exploite dix magasins tests appelés Express, dont les surfaces varient entre 4 000 et 15 000 pi2. Le détaillant exploite aussi 168 «Neighborhood Markets» de 42 000 pi2, en moyenne. Et ses Supercentres rapetissent ; de 185 000 pi2 en moyenne, ils sont passés de 90 000 à 120 000. Un premier «petit» Supercentre de 90 000 pi2 a ouvert au Canada en janvier, à Scarborough, en Ontario.

Target ouvrira cette année ses cinq premiers petits magasins baptisés CityTarget (à Los Angeles, San Francisco, Chicago, Seattle). Leur superficie sera légèrement inférieure à 100 000 pi2, ce qui est la moitié moins qu'un Target traditionnel.

Le détaillant d'électronique Best Buy a annoncé, au début de 2011, qu'il allait construire moins de grandes surfaces, préférant ajouter 150 Best Buy Mobile voués principalement à la vente de téléphones intelligents.

Staples (Bureau en gros, au Québec) a ouvert au Massachusetts, l'an dernier, sa première petite surface (4 000 pi2). On y trouve 1 200 produits, plutôt que les 8 000 habituels.

Office Depot a commencé, en décembre 2010, à ouvrir des magasins aussi petits que des dépanneurs (environ 5 000 pi2, soit 1/5 de ses magasins traditionnels) dans le sud de la Floride et à Chicago.

Sources : Wall Street Journal, IBISWorld, Reuters et entreprises concernées

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.