Apprendre à gérer autour d'une table

Publié le 19/11/2011 à 00:00

Apprendre à gérer autour d'une table

Publié le 19/11/2011 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Il n'y a pas d'âge, paraît-il, pour devenir entrepreneur. Prenez le cas de Henry Mintzberg. Il a créé sa première entreprise à 68 ans. Avec son gendre.

Henry Mintzberg est une sommité mondiale en management. Auteur de plusieurs ouvrages, professeur à l'Université McGill, il forme des cadres venant de partout dans le monde à l'International Masters in Practicing Management (IMPM) de McGill, un programme qu'il a fondé voilà plusieurs années.

Mais depuis 2007, le Dr Mintzberg est aussi copropriétaire d'une très petite entreprise appelée Coaching Ourselves, et ces deux activités sont reliées.

Coaching Ourselves est un outil qui aide les gestionnaires à s'améliorer. Mais au lieu d'être enseigné sur les bancs de l'école, Coaching Ourselves propose la formule suivante : les managers se réunissent en petit groupe (cinq ou six personnes) et, pendant une heure et demie, autour d'une table, ils échangent sur un thème choisi qui touche la pratique de leur métier. Le groupe prend d'abord connaissance d'un texte de réflexion qui porte sur le thème choisi - pour s'approprier les connaissances de base et le vocabulaire relatifs au sujet - et ils partagent ensuite leur expérience pratique du sujet.

Le matériel conceptuel provient de la documentation qu'utilise Henry Mintzberg dans le cadre de l'IMPM, condensée en quelques pages de présentation PowerPoint.

Coaching Ourselves a été créée quand le gendre de Mintzberg, Phil LeNir, ingénieur et directeur d'une équipe de gestionnaires d'une entreprise de logiciels montréalaise, a senti le besoin d'armer ses gestionnaires face à des contraintes liées aux rationalisations effectuées dans son entreprise : manque d'effectif, sous-traitance, baisse de moral, etc.

«Je me demandais : comment aider mon équipe à livrer nos projets dans ce contexte ?» relate Phil LeNir. Il s'est adressé à son beau-père, qui l'a alimenté de textes de réflexion et lui a suggéré l'idée de la table ronde. «Au bout de quatre ou cinq sessions, notre équipe est devenue vraiment proche, raconte M. LeNir, car la formule amène les gens à discuter des vrais problèmes, de façon franche et honnête. À mon avis, c'est beaucoup plus utile que ce que les consultants en management enseignent dans des séminaires d'une journée sur le leadership», commente-t-il.

Un jour, M. LeNir a confié à Henry Mintzberg qu'il voulait se lancer en affaires. Le lendemain, Mintzberg recevait une délégation de Japonais à la recherche d'une nouvelle façon d'enseigner la gestion. Le surlendemain, la décision était prise de créer Coaching Ourselves, maintenant licenciée à 5 000 gestionnaires dans le monde.

«En créant cette entreprise, j'ai réalisé un rêve : apporter le programme IMPM à des gens qui n'ont pas les moyens de s'y inscrire, affirme de son côté Henry Mintzberg. Je les aide à transformer leur entreprise sans dépendre de la haute direction. Coaching Ourselves reflète une croyance profonde chez moi, à savoir qu'on devient un bon gestionnaire en apprenant de ses propres expériences et de celles des autres.»

L'ENTREPRENEURIAT VU PAR HENRY MINTZBERG

L'esprit d'entreprise, est-ce que cela s'enseigne ?

«Non, cela s'apprend par le partage d'expériences d'entrepreneurs.»

Quel est l'avenir de l'entrepreneuriat, selon vous ?

«L'avenir de l'économie réside dans la création de petites entreprises agiles, qui réagissent rapidement. Elles vont remplacer les grandes entreprises trop lourdes à faire bouger.»

À quoi attribuez-vous nos lacunes ?

«C'est une question de tradition. Cela ne fait pas longtemps que les Québécois sont entrepreneurs. Il faut leur donner du temps. Ce n'est pas une question de gènes, en tout cas. Car il y a de fabuleux entrepreneurs ici : je pense entre autres à Armand Bombardier et à Guy Laliberté. L'entrepreneuriat émerge quand on est entouré d'entrepreneurs.»

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