Québec s'apprête à modifier le Code du bâtiment pour exiger, dès janvier 2011, que les constructeurs respectent la norme ÉnerGuide 78. Les maisons qui s'y conforment consomment au minimum 25 % moins d'énergie que les autres.
Les entrepreneurs devront s'adapter, car seulement 7 % des nouvelles maisons étaient conformes l'automne dernier, selon des données de l'Agence d'efficacité énergétique et de la Société canadienne d'hypothèques et de logement. Mais plusieurs constructeurs vont déjà plus loin. Fin mars, au Salon de l'habitation de Montréal, deux entreprises présenteront d'ailleurs leurs concepts de maisons écologiques.
Du soleil plein la maison
Après une trentaine d'années passées à concevoir des maisons de banlieue, Jean-Robert Tremblay en a eu assez. " À un moment donné, tu te tannes des méthodes de construction. Il faut les optimiser pour notre climat. "
Il a fondé une nouvelle entreprise, PolygHome, et a conçu une maison dite " bioclimatique ", préusinée en pièces détachées. Elle est faite de trapèzes, assemblés en éventail sur les lieux choisis par le propriétaire. L'élévation principale, beaucoup plus large que l'arrière, est autant que possible orientée plein sud, ce qui favorise l'entrée d'un maximum de lumière et minimise l'exposition des fenêtres au nord, où le vent se fait cinglant.
La partie supérieure de ces larges châssis, côté sud, est faite de panneaux solaires thermiques. Une solution d'eau et de glycol circule dans des serpentins. Le jour, une partie de ce liquide chaud est stockée dans des tuyaux à l'intérieur même des pilliers de béton qui soutiennent le toit. " Elles sont recouvertes d'uréthane ", dit M. Tremblay. Ainsi isolées, elles deviennent des réservoirs isothermes, prêts à libérer leur chaleur pendant la nuit.
Les trapèzes viennent de Chantiers Chibougamau, dans le Nord-du-Québec. Ils sont faits de bois lamellé-collé, certifié en vertu des normes du Forest Stewardship Council.
Selon M. Tremblay, la conception en éventail permettra de construire ces maisons en employant 30 % moins de matériaux qu'il n'en faut pour des habitations traditionnelles. " Cela laisse un budget plus important pour payer les technologies de pointe pour le chauffage et la climatisation ", dit-il.
Le concepteur prévoit construire ses maisons à partir de 150 $ du pied carré, soit un coût comparable aux maisons ordinaires. Son premier projet, la Réserve Ogilvy, à Saint-Hippolyte, dans les Laurentides, n'est cependant pas encore entamé.
Vivre dans une boîte
Montréal, port d'importation, est aux prises avec un important surplus de conteneurs. La plupart d'entre eux aboutissent chez les ferrailleurs, qui expédient tout ce métal à la fonderie. Un recyclage très énergivore.
Pour l'architecte Bernard Morin et sa conjointe Jocelyne Labelle, il vaut mieux récupérer ces conteneurs et en faire des structures de maisons.
Le couple est passé à l'action en 2006 en utilisant sept de ces boîtes d'acier pour construire leur propre demeure à Sainte-Adèle, dans les Laurentides. Cette maison n'a rien d'un abri de fortune. Aucune tôle apparente : M. Morin a ajouté une isolation extérieure, au design soigné. Sous la finition, le visiteur devine les rectangles de métal, disposés les uns par-dessus les autres. L'acier est un pare-vapeur naturel, et l'isolation respecte les normes les plus strictes, à l'aide d'une mousse d'uréthane de soya.
Grâce au recyclage des conteneurs, l'entreprise du couple, Idékit, peut faire épargner " 30 à 40 $ le pied carré " sur la structure ", assure M. Morin. Autant d'argent qu'on peut consacrer à autre chose. Il estime pouvoir construire son modèle de base pour seulement 100 $ le pied carré.
Idékit travaille en ce moment à une grande maison de deux millions de dollars, construite selon ce concept, près de Saint-Adolphe-d'Howard, dans les Laurentides. " Nous avons trois autres contrats signés pour réaliser d'autres projets ", dit M. Morin.
2000 $
C'est la subvention que verse l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec si vous faites certifier votre maison en vertu de la norme écoénergétique Novoclimat.
hugo.joncas@transcontinental.ca
