1. COMMERCE DE DÉTAIL

Publié le 18/06/2011 à 00:00

1. COMMERCE DE DÉTAIL

Publié le 18/06/2011 à 00:00

Par Marie-Eve Fournier

Vous avez passé les derniers mois à vous plaindre de la météo exécrable ? Les détaillants aussi. Mais en plus de devoir composer avec une quantité excessive de précipitations, la hausse du prix de l'essence et des denrées, ils ont dû faire face à l'inflation des approvisionnements et au surendettement des ménages. Ils espèrent maintenant un été moins sombre, mais demeurent préoccupés. Les consommateurs, observent-ils, y pensent à deux fois avant de sortir leur portefeuille.

Le magasin Botanix Jardins Zeilling, à Laval, vient de connaître son pire printemps depuis 1989. " On a embauché moins de monde, on a donné moins d'heures de travail à nos employés et on a diminué nos achats ", signale son directeur, Alain Lussier. Par rapport à l'an dernier, les ventes ont été inférieures de 30 %.

Normal, dites-vous. Les consommateurs ne se précipitent pas pour acheter des fleurs quand il y a encore de la neige sur leur terrain. Pas plus qu'ils n'ont envie d'acheter des meubles de patio lorsqu'il pleut six jours par semaine ou de porter des bermudas quand le mercure ne dépasse jamais 10 degrés Celsius.

" Dans la mode, avec le temps qu'on a eu en mai, cela a été pourri ", affirme Gaston Lafleur, pdg du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).

Gilles Fortin, propriétaire des magasins Tristan et West Coast, en sait quelque chose. Il n'est généralement pas du genre à blâmer la météo, mais cette fois-ci, il la tient pour responsable. " L'industrie de la mode au complet, de février à avril, y a goûté solide ", dit-il.

Reitmans, par exemple, a affiché un recul de 8,7 % de ses ventes comparables, soit dans les magasins ouverts depuis un an, à son premier trimestre.

À Montréal, il est tombé 134,4 mm de précipitations en avril, alors que la moyenne est de 78 mm. En mai, on a enregistré des précipitations de 144,8 mm, près du double de la normale mensuelle (76,3 mm).

Les centres de rénovation et les détaillants de meubles ont écopé tout autant que ceux du secteur de la mode. Les ventes de Rona (magasins comparables) ont en effet chuté de 12,6 % à son premier trimestre. Celles de BMTC (Brault & Martineau et Ameublement Tanguay), de 10,9 %.

Sentiment de panique

" Les ventes au détail ne sont pas encourageantes du tout ", résume Carlos Leitao, économiste en chef chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. À son avis, l'endettement des ménages nous rattrape. Les gens " commencent à comprendre qu'il y a des limites à dépenser à crédit ", dit-il. Tout cela, dans un contexte où le revenu disponible pour les dépenses discrétionnaires s'amenuise à cause de la hausse du prix de l'essence et des aliments.

Un avis entièrement partagé par Benoit P. Durocher, économiste chez Desjardins. " Il faut voir la baisse de la consommation comme une volonté des ménages d'assainir leur bilan. "

Dans le secteur du vêtement, Alain Michaud, chef de file du secteur commerce de détail et biens de consommation de PricewaterhouseCoopers Québec, va jusqu'à observer " un sentiment de panique ", qui se concrétise par davantage de rabais qu'en temps normal dans les boutiques. " Les soldes sont plus nombreux et plus importants. " Une situation qui aura forcément un effet négatif sur les marges bénéficiaires.

Cependant, dans l'ensemble du secteur du détail, la situation est " stable ", soutient Gaston Lafleur. " Il n'y a rien d'hypernégatif, mais c'est certain qu'il faut travailler dur pour faire des ventes ", ajoute-t-il.

Des achats simplement reportés ?

" Les gens vont-ils reporter leurs achats ? C'est la grande question ", dit pour sa part Frédéric Alberro, vice-président pour le Québec du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD).

Selon Daniel Baer, associé et leader national pour le secteur du commerce de détail chez Ernst & Young, certaines ventes sont perdues à jamais, tandis que d'autres sont reportées à la fin de l'été, au moment des soldes, ce qui a un " impact assez grave " sur les marges bénéficiaires des détaillants. Parfois, une fois le début de juillet arrivé, les ménages constatent qu'ils peuvent fort bien attendre un an pour changer de BBQ. " Tout dépend du type de bien, si la personne en a besoin ou pas, s'il s'agit d'un achat impulsif ", résume l'expert.

Dans le secteur de la rénovation, par contre, Gaston Lafleur soutient que les ventes perdues le sont à jamais...

Les membres du CCCD sont également préoccupés par l'inflation, provoquée en grande partie par la remontée des prix du carburant. Certains se demandent s'ils doivent absorber les hausses ou les repasser à leurs clients, ce qui est " une question très stratégique ".

Heureusement, le ciel n'est pas entièrement couvert de nuages gris. " Juin est super bien parti ", se console Gilles Fortin. L'homme d'affaires vient d'ouvrir trois nouveaux magasins qui ont connu des débuts éclatants, " comme on n'en avait jamais vu ".

Chez Botanix Jardins Zeilling, les ventes perdues d'avril à la mi-mai sont presque entièrement récupérées grâce au beau temps des derniers jours.

Autre signe encourageant pour l'industrie, 13,9 millions de Canadiens travaillaient à temps plein en mai, un niveau record.

Enfin, le nombre d'emplois dans le secteur du commerce a augmenté de 34 000 au pays, effaçant la baisse enregistrée au cours des deux mois précédents, a précisé Statistique Canada.

" Le rythme de croissance de l'économie du Québec ralentira durant le reste de 2011, car les ménages ont commencé à freiner leurs dépenses. " - Craig Wright, économiste en chef de RBC, prévoit que l'économie croîtra de 2,4 % en 2011, par rapport à 2,8 % l'an dernier.

Rona (RON)

En Bourse

Variation sur un an : - 23,5 %

" Des conditions climatiques très défavorables, la fragilité de la confiance des consommateurs et le manque de stimulation du marché par des crédits d'impôt, des éléments hors de notre contrôle, ont eu un effet considérable sur nos résultats du premier trimestre. "

BMTC (GBT.A)

En Bourse

Variation sur un an : + 8 %

" Les signes de faiblesse enregistrés en fin d'exercice 2010 ont été amplifiés lors du premier trimestre 2011. L'augmentation du taux de taxe du Québec ainsi que le resserrement du crédit n'ont pas favorisé l'achat de biens durables et semblent avoir nui au cours de ce premier trimestre à l'ensemble du commerce de détail. "

Reitmans (RET)

En Bourse

Variation sur un an : - 4,5 %

" Au premier trimestre de l'exercice 2012, la société a réalisé des ventes décevantes en raison du mauvais temps, lequel s'est traduit par un environnement difficile dans le secteur du détail marqué par l'intensification des activités promotionnelles. La baisse des ventes s'explique aussi par l'envolée des prix de l'essence (...) et la tenue tardive du congé de Pâques. "

Source : Bloomberg au 10 juin 2011

La vigueur du marché de l'emploi est un signe encourageant pour l'économie du Québec. À 7,3 %, le taux de chômage se trouve à son plus bas niveau depuis octobre 2008 et, pour une rare fois, sous la moyenne canadienne de 7,4 %. Aussi positive soit-elle, cette donnée ne justifie pas un optimisme débordant. Les Affaires a identifié cinq facteurs qui risquent d'enrayer cette reprise encore fragile.

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