De 2003 à 2011, les exportations de marchandises du Canada ont progressé de 17%, tandis que celles du Québec ont reculé de 1% et celles de l'Ontario, de 7%. Que se passe-t-il dans le centre du Canada ?
Depuis quelques années, le coeur de l'industrie manufacturière du pays subit l'impact de l'envolée du huard par rapport au dollar américain. La faiblesse économique de nos principaux marchés d'exportation, en premier lieu les États-Unis, pèse aussi dans la balance. L'Ontario performe moins bien que le Québec, car son économie est moins diversifiée, ce qui s'explique par le poids important de son industrie automobile. Cela dit, les exportateurs québécois et ontariens ont leur part de responsabilité : ils présentent un déficit d'innovation et de productivité, sans parler de leur sous-investissement en machinerie et équipement.
Que doit donc faire le nouveau gouvernement du Québec pour relancer les ventes de nos entreprises ?
Nous allons toujours vendre aux États-Unis, mais notre nouveau gouvernement doit s'investir sur les marchés des autres provinces canadiennes. Les précédents gouvernements ont certes fait des efforts dans le passé pour favoriser le commerce interprovincial. Mais ces marchés demeurent clairement sous-exploités : ils ne sont vraiment pas sur l'écran radar des gouvernements et des entreprises québécoises. Pourtant, dans un contexte de parité du taux de change, vendre aux États-Unis ou au Canada, c'est du pareil au même ! De plus, les entreprises québécoises affichent un important déficit de productivité par rapport à leurs concurrents américains. Cet écart est moins grand par rapport aux sociétés des autres provinces, ce qui représente un argument de taille pour vendre davantage au Canada. Les provinces de l'Ouest et l'Ontario sont bien entendu des marchés intéressants, mais il ne faut pas non plus négliger les provinces de l'Atlantique.
Quel rôle les entreprises québécoises elles-mêmes doivent-elles jouer ?
Elles doivent d'abord visiter le pays et participer à des foires commerciales, et ce, pour nouer des relations, conclure des partenariats ou intégrer des chaînes d'approvisionnement pancanadiennes. C'est du reste assez facile. Ce n'est pas comme en Inde. Le contexte juridique, les normes comptables, les modes de paiement sont les mêmes. De plus, en vendant en Ontario plutôt qu'au Vermont, par exemple, une entreprise évite tous les irritants liés au passage de la frontière, sans parler de la paperasserie et de la conformité aux règles douanières américaines.
CV
NOM : Simon Prévost
TITRE : Président des Manufacturiers et exportateurs du Québec
ÂGE : 45 ans
Économiste de formation, il a été auparavant vice-président, pour le Québec, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, de 2007 à 2009.
10 G$
Chute de la valeur des exportations québécoises en raison du déclin de nos exportations de marchandises aux États-Unis, de 2003 à 2011. Elles sont passées de 53 à 43 milliards de dollars canadiens au cours de cette période.
Source : Statistique Canada