Lorsqu'elle enseignait au primaire après avoir suivi une formation en enseignement des arts, Chantal Trépanier ne pouvait imaginer qu'elle allait un jour piloter la croissance d'une entreprise spécialisée en technologies de l'information. Et pourtant...
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Mme Trépanier est PDG de l'année Investissement Québec 2015. Elle a été élue par ses pairs qui participaient au forum Vision PDG, organisé par l'Association québécoise des technologies (AQT) en collaboration avec Investissement Québec, le 19 février.
Le prix récompense un président d'entreprise du secteur des technologies de l'information et des communications (TIC) qui s'est démarqué par son leadership et qui a contribué au rayonnement de l'industrie québécoise des TIC.
Depuis 1999, Chantal Trépanier préside les destinées du Service d'intervention sur mesure (S.I.M.), une entreprise techno de Shawinigan qui offre des services de formation en santé et sécurité au travail et en gestion des compétences. La société est aujourd'hui surtout connue pour sa suite logicielle Cognibox, qui permet de faire de la qualification de la sous-traitance et des fournisseurs pour de grands donneurs d'ordres comme Bell, Agropur, Alcoa, Rio Tinto, Pratt & Whitney et Rolls-Royce.
«Au départ, nous étions surtout concentrés dans l'industrie minière et métallurgique. Aujourd'hui, nos clients sont aussi présents dans l'aérospatiale, l'agroalimentaire, les pâtes et papiers et les télécommunications», raconte Mme Trépanier.
Elle est arrivée à la barre de S.I.M. alors que la société cherchait à redresser sa situation financière. «S.I.M. appartenait au Collège de Shawinigan - qui est toujours actionnaire -, et l'établissement cherchait une personne spécialisée en résolution de problèmes pour des mandats en industrie. J'avais alors fait un peu le tour de l'enseignement et j'ai eu le goût de foncer, même si je n'avais aucune expérience industrielle», explique-t-elle.
Redresser la barre
En enseignant au primaire, elle avait justement développé une méthode d'enseignement axée sur la résolution de problèmes. Cela l'a menée à l'Université du Québec à Trois-Rivières de 1992 à 1996, où elle a enseigné sa méthode aux cohortes de futurs professeurs de niveaux préscolaire et primaire. Par la suite, elle a fait le saut au Collège Shawinigan pour réaliser différents mandats en résolution de problèmes comme consultante.
«On m'a placée à la tête de la nouvelle structure parce que j'avais des idées pour redresser la barre», dit-elle.
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L'entreprise génère d'abord de la croissance du côté des services-conseils en formation en santé et sécurité au travail. Mais rapidement, Mme Trépanier constate que les mêmes entrepreneurs doivent suivre des formations très similaires pour se qualifier auprès de différents donneurs d'ordres comme Alcoa ou Alcan. «Ça devenait ridicule. J'ai alors eu l'idée d'uniformiser nos cours en faisant accepter le contenu de nos formations par les grands industriels. De cette manière, la même formation pouvait satisfaire plusieurs donneurs d'ordres. Il était alors plus intelligent de suivre des formations chez nous, puisqu'elles ouvraient plusieurs portes», dit-elle.
Par la suite, l'uniformisation a créé le besoin d'une plateforme commune validant l'enregistrement des formations. «Si un sous-traitant se qualifie auprès d'Alcoa mais que la société conserve son fichier en interne, d'autres donneurs d'ordres du secteur ne pourront pas vérifier si les formations ont bien été suivies. Cognibox est née de ce besoin. En un seul endroit, tous nos clients donneurs d'ordres pouvaient vérifier si les employés avaient les bonnes formations pour entrer sur les sites», raconte-t-elle.
Puis, la suite logicielle a évolué pour permettre la qualification des employés et des entreprises, devenant un outil de gestion de la sous-traitance.
Sous la gouverne de Chantal Trépanier, S.I.M. est passée de 4 à 140 employés et d'un chiffre d'affaires de 300 000 $ à 7,8 millions de dollars lors de son plus récent exercice financier terminé le 30 juin. «Depuis le 1er juillet, nos revenus sont en avance de plus de 40 % par rapport à ceux de l'an dernier. Si la tendance se maintient, cela nous permettra de générer un chiffre d'affaires de 12 M$ cette année», affirme-t-elle, ajoutant que la marge bénéficiaire de S.I.M. oscille entre 15 et 20 % annuellement.
Cette croissance soutenue a valu divers prix à l'entreprise et à sa présidente au cours des dernières années. En novembre 2011, S.I.M. a remporté le prix Or, catégorie petite entreprise, lors de la 18e édition des Prix PME Banque Nationale. Mme Trépanier a aussi été nommée personnalité d'affaires de l'année en novembre 2012 durant le Gala Distinction de la Chambre de commerce et d'industrie de Shawinigan, en plus de recevoir le prix Entrepreneure, grande entreprise en octobre 2013 au cours du 13e gala Prix Femmes d'affaires du Québec.
Expansion internationale
La dirigeante explique que la croissance de l'entreprise passe par l'international. «Alcoa est un client au Québec, mais nous voulons que Cognibox devienne sa suite de gestion de la sous-traitance au niveau mondial. Nous avons le même objectif pour tous nos autres clients qui ont des activités à l'extérieur du pays», dit-elle.
La société de Shawinigan a d'ailleurs implanté son système en Nouvelle-Calédonie pour la minière Glencore, ce qui a nécessité un partenariat avec une société locale. Un modèle qu'elle souhaite reproduire ailleurs dans le monde, par exemple au Brésil ou en Guinée. «Dans certains endroits, nous ne pouvons pas faire le travail de Shawinigan en raison des fuseaux horaires de travail différents ou de la barrière linguistique. Pour ces endroits, nous allons développer des partenariats», précise-t-elle.
Mme Trépanier souhaite aussi créer des partenariats locaux pour mieux absorber ses pics de croissance. «La particularité de notre modèle d'affaires, c'est que, lorsqu'on signe avec un grand donneur d'ordres, tous ses sous-traitants et fournisseurs doivent adopter Cognibox ; cela peut vouloir dire plusieurs milliers de nouveaux clients d'un coup. Par contre, à d'autres moments, ça peut être plus tranquille. Nous souhaiterions développer un modèle qui nous permettrait d'avoir un partenaire au service à la clientèle pour mieux absorber ces pics», explique-t-elle.
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