Treize penseurs du numérique, qui se définissent comme treize étonnés, ont envoyé aux aux quatre chefs de partis représentés à l’Assemblée nationale une lettre réclamant la création d’une Agence du numérique et l’élaboration d’un plan numérique pour le Québec.
Ils estiment que l’avenir économique de la province en dépend.
«Le Québec glisse vers le bas dans l’échelle de la compétitivité parce que nos voisins, provinces et pays, se sont donnés une vision d'avenir pour tirer collectivement tous les bénéfices des nouveaux modes de communication et de l'économie immatérielle sous la forme d’un Plan numérique», écrivent les signataires.
Parmi eux, on compte Michelle Blanc, experte en commerce électronique, Cyrille Béraud, président de Savoir-faire Linux, Michel Cartier, un des pionniers de l’implantation d’Internet, Hervé Fischer, fondateur de la Cité des arts et des nouvelles technologies de Montréal et Claude Malaison, propriétaire d’Émergence Web. Le groupe doit déposer jeudi prochain son propre plan numérique, tel que nous l’annoncions dans Les affaires au début du mois de novembre.
Étonnés du «peu d’envergure et de prévoyance» du gouvernement québécois jusqu’ici, les signataires de la lettre déplorent l’inaction et la désorganisation gouvernementale face aux possibilités du numérique.
«Nous investissons dans le béton, dans l’avoir, et trop peu dans le savoir», estiment-ils.
Dans une société de la connaissance, où l’information devient la matière première et l’Internet la place publique des décisions, les auteurs remarquent que «nous avançons d’une démocratie élective vers une démocratie participative, d’une majorité silencieuse vers les lucides, les indignés et les carrés rouges, d’un individualisme forcené vers une responsabilisation collective».
Pour faire face à l’évolution de la société par le numérique, les treize ont six demandes :
-Créer une Agence du numérique qui relèverait de l’Assemblée nationale.
-Co-construire un Plan numérique avec l’ensemble des acteurs et la population de toutes les régions du Québec. Ce plan devrait viser le développement de l’économie, de la culture et des savoirs.
-Créer un Conseil national du numérique qui serait formé des représentants reconnus de l’ensemble des secteurs d’activité et de la société civile. Ce conseil devrait être consulté par les ministères pour toutes les questions concernant le développement du numérique.
-Créer un forum de participation citoyenne indépendant du gouvernement, soutenu par celui-ci, avec une gouvernance assurant sa neutralité.
-Investir prioritairement dans le savoir, c’est-à-dire surtout dans les transferts et la mutualisation des connaissances.
-Investir dans le déploiement de réseaux à très haute vitesse et gérer selon les règles de
l’"OpenAccess" afin de rendre nos infrastructures interopérables, ouvertes et performantes pour communiquer entre nous et avec l'ensemble des pays avec qui nous entretenons des relations politiques, sociales et économiques.