Le fabricant néerlandais de systèmes de lithographie pour l'industrie des microprocesseurs ASML, dans lequel l'américain Intel va injecter 3 milliards d'euros, est selon des analystes, le leader mondial d'un marché en pleine évolution.
Le numéro un mondial des puces électroniques, Intel, a annoncé dans la nuit de lundi à mardi investir 829 millions d'euros dans les programmes de recherche et de développement d'ASML, qui produit des machines utilisées pour fabriquer des circuits intégrés et des semi-conducteurs.
Intel a également annoncé un achat de titres d'une valeur de 3,1 milliards de dollars (2,52 milliards d'euros).
Cet investissement, qui doit permettre à ASML d'"accélérer d'environ deux ans le développement d'une tranche de semi-conducteurs de 450 millimètres en silicone et d'un procédé de lithographie à l'ultra-violet extrême" selon Intel, va maintenir le Néerlandais dans sa position de leader sur le marché, assurent des analystes.
"Pendant des années, ASML a détenu 70% des parts de marché dans le secteur", rappelle à l'AFP Tom Muller, analyste chez le gestionnaire d'actifs Theodoor Gilissen à Amsterdam.
"Ils doivent maintenir leur position et pour ça, il faut investir dans la recherche et le développement : c'est ce qu'ils ont toujours fait et c'est pourquoi Intel les a choisis, leurs produits ont tout simplement la meilleure qualité", assure-t-il.
Ce secteur d'activité doit sans arrêt développer de nouvelles technologies, souligne-t-il, rappelant que "les microprocesseurs sont partout : dans les ordinateurs, les téléphones, les avions, les voitures".
"L'industrie est dans une logique et un besoin du ++plus++ : plus petit, plus efficace, plus rapide, à plus grande échelle", poursuit-il.
En 2011, sur un chiffre d'affaires "record" établi à 5,6 milliards d'euros, ASML avait investi 576 millions d'euros en recherche et développement. Ce chiffre a régulièrement augmenté depuis 2007, quand ASML avait dépensé 440 millions d'euros dans ces programmes.
Le financement d'Intel intervient en fait dans le cadre d'une émission d'actions d'ASML, constituant une part minoritaire allant jusqu'à 25% de son capital, à destination des clients du groupe néerlandais.
Afin de compenser l'effet de dilution, la totalité du montant de la vente de ces actions, sans droits de vote, sera redistribuée aux autres actionnaires.
Intel, qui est le premier client à participer à ce programme, s'est engagé à acquérir une part allant jusqu'à 15% d'ASML.
D'autres clients, comme le sud-coréen Samsung et le fabricant de semi-conducteurs taïwanais TSMC, examinent la possibilité de se joindre à ce programme, a assuré lors d'une conférence téléphonique mardi matin le directeur exécutif du groupe néerlandais Eric Meurice.
Selon un rapport du gestionnaire d'actifs SNS Securities, "l'accélération du plan de route technologique est (...) très positive : il s'agit de la base du modèle ASML (des outils plus chers mais plus rentables avec chaque avancée technologique)".
Côté à la Bourse d'Amsterdam, ASML, fondé en 1984 et basé à Veldhoven (sud des Pays-Bas), prenait vers 16H00 (14H00 GMT) 8,54% à 43,14 euros, dans un indice AEX en hausse de 1,71% à 313,63 points.
Présent dans 16 pays et considéré comme un "indicateur" de l'industrie des microprocesseurs, ASML emploie près de 8 000 personnes en équivalent temps plein.
Le directeur financier du groupe a par ailleurs assuré qu'il serait nécessaire pour ASML d'engager entre 1 000 et 1 200 nouveaux ingénieurs.
À la fin du premier trimestre 2012, le carnet de commandes d'ASML comprenait 56 machines pour une valeur totale de 1,6 milliard d'euros.