L'édition 2012 du salon mondial de l'électronique (CES) a pris fin vendredi à Las Vegas (Nevada, ouest des Etats-Unis), après avoir plongé ses milliers de visiteurs dans un univers proche de celui du film Matrix, où le virtuel d'internet est omniprésent.
"Ce qui sous-tend tout ce qu'on a vu, c'est que l'on va avoir des écrans sur toutes sortes d'appareils reliés à internet, jusqu'au réfrigérateur ou à l'aspirateur", sans oublier les voitures et télévisions, note l'analyste Tim Bajarin, du cabinet Creative Strategies.
L'entrée du géant des microprocesseurs Intel dans le segment portable promet en outre un avenir proche où les appareils portables seront plus puissants et moins consommateurs d'énergie, ajoute M. Bajarin.
Intel a arrive sur le marché en pleine explosion des téléphones avec le K800 du chinois Lenovo, fonctionnant avec le système d'exploitation Android conçu par Google.
"Le meilleur d'Intel débarque dans les smartphones", a dit le patron d'Intel Paul Otellini, "en commençant par la Chine, le premier marché mondial pour les téléphones multifonctions".
"L'architecture du coeur (du microprocesseur Intel) va leur permettre de faire des puces très rapides", a assuré M. Bajarin, ce qui doit déboucher sur des images vidéos plus riches, un son plus profond, et des applications ludiques ou professionnelles toujours plus sophistiquées.
Intel est également au centre de la poussée des "ultrabooks", des ordinateurs portables ultrafins sans compromis sur la puissance, dont certains peuvent être transformés en tablettes, ou commandés à la voix ou au geste.
Les plus grands noms de l'informatique rassemblés à Las Vegas, le numéro un mondial américain Hewlett-Packard et ses concurrents asiatiques Lenovo, Acer, Asus, Samsung, Toshiba et LG, ont lancé des ultrabooks d'allure parfois futuriste.
Les téléviseurs, un secteur-clé mais en stagnation de l'industrie électronique, ont cette fois mis en avant la technologie de cristaux organiques électroluminescents (OEL ou OLED), pour la première fois adaptée à des écrans grand format de 55 pouces (1,4 m de diagonale) par les coréens Samsung et LG.
Les écrans OEL ne requièrent pas de dispositif d'éclairage supplémentaire à l'arrière, ce qui permet une finesse extrême, en plus d'une richesse de couleurs inégalée. Un téléviseur de LG distingué comme la meilleure invention du salon par un jury officiel n'a que 4 mm d'épaisseur.
Au passage, LG a introduit dans ce téléviseur la 3D, une technologie prometteuse mais qui peine à trouver un marché, faute notamment de programmes adaptés.
Certains constructeurs ont par ailleurs ajouté à leurs téléviseurs, de plus en plus souvent dotés de moyens de connection à internet, des dispositifs de commande gestuelle ou vocale.
Microsoft, dont c'était la dernière participation à ce rassemblement quadragénaire, qui a réuni un record de plus de 3.100 exposants, a fait des adieux en demi-teinte.
Sans annonce majeure, il a eu la satisfaction de voir deux partenaires remporter des prix: Nokia avec son nouveau téléphone haut de gamme Lumia 900, sous le système Windows Phone, et Hewlett-Packard avec son ultrabook de verre Envy Spectre, sous Windows.
"Ce que raconte vraiment le salon, c'est une course pour rattraper Apple", qui n'y participe pas, estime M. Bajarin. Avec ses téléphones, ses tablettes et même ses élégants ordinateurs MacBook Air, "Apple innove et tous les autres passent cinq ans à essayer de faire aussi bien".
Au chapitre des tablettes, des dizaines de nouveaux modèles ont été une nouvelle fois présentés.
L'influence d'Apple sur le secteur s'est aussi confirmée avec l'espace gigantesque consacré aux accessoires compatibles avec ses appareils.
"Nous pensons que le secteur est passé d'une bataille des appareils à une guerre des écosystèmes", a souligné le patron de Nokia Stephen Elop dans un discours très guerrier visant clairement Apple.