La première assemblée annuelle de Thorsten Heins à titre de pdg de RIM s’annonce éprouvante. Non seulement les ventes et le titre de l’entreprise sont en chute libre, mais de grands clients mettent en place des plans de contingence pour remplacer le Blackberry.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, des avocats spécialisés en valeurs mobilières et des actionnaires pourraient préparer des poursuites contre l’entreprise canadienne. Les délais de sortie du Blackberry 10 (BB10), le système d’exploitation devant animer les téléphones de RIM, de même que les propos optimistes tenus par le pdg sur la santé de l’entreprise pourraient exposer l’entreprise à des actions en justice.
«Ils vont être poursuivis en justice et devraient être poursuivis car si on regarde de plus près ce qu’ils ont fait, on découvrira qu’ils ont intentionnellement émis de fausses déclarations», a dit au New York Times l’ancien bonze d’Apple Jean-Louis Gassé, maintenant converti au capital de risque dans la Silicon Valley. «Quand le pdg dit qu’il n’y pas de problème avec l’entreprise, c’est imprudent, ça n’a pas de sens», a-t-il poursuivi.
«Il y a un risque élevé de litige», affirmait au quotidien newyorkais un professeur de droit de l’université Duke.
On se souviendra qu’après que l’entreprise eût dévoilé des résultats catastrophiques en juin, Thorsten Heins s’est lancé dans une opération de relations publiques qui l’a entre autres mené à la radio et dans une séance de clavardage avec les lecteurs du Globe & Mail. Tout au long de celle-ci, il a clamé qu’il n’y avait pas de problème avec l’entreprise.
Auparavant, le pdg de RIM a à plusieurs occasions fait état des progrès dans le développement du BB10. Il a fait une démonstration d’une version préliminaire, assurant que le logiciel serait lancé avant la fin 2012. Or, tous les espoirs de survie de l’entreprise reposent sur le BB10. Lors de la divulgation des résultats financiers en juin, l’entreprise a annoncé que la sortie du système d’exploitation était de nouveau reportée, cette fois au début 2013.
Dans une déclaration, RIM a affirme qu’elle a fait preuve de transparence et dévoilé toutes les informations pertinentes pour les actionnaires. Aux États-Unis, où le titre de RIM est aussi négocié, les entreprises sont tenues d’informer rapidement les actionnaires de tout développement qui pourrait affecter leurs résultats financiers. Au Canada, les exigences en la matière diffèrent d’une province à l’autre.
Des clients préparent leur plan B
Pendant ce temps, des grands clients de Research in Motion se préparaient pour le pire et mettaient en place des plans de contingence dans l’éventualité où le service de communication de RIM était interrompu.
Selon une consultante du domaine du sans-fil interrogée par Bloomberg, les milieux corporatifs, la clientèle de laquelle dépend RIM, sont de plus en plus préoccupés par l’avenir du service Blackberry.
Les conséquences peuvent être néfastes pour RIM. Des entreprises ont commencé à adapter leurs infrastructures technologiques pour accueillir de manière sécuritaire des appareils concurrents. Les entreprises veulent être prêtes à réagir à la moindre défaillance du système Blackberry.
Good Technology, une entreprise de Sunnyvale, en Californie, se spécialise dans l’implantation d’infrastructures pour les appareils Android et iPhone. «L’année dernière, nous avons discuté avec la moitié des 100 plus grandes entreprises américaines. Elles sont toutes préoccupées. Chacune d’entre elles prépare un plan d’urgence», affirmait à Bloomberg Brian Barr, vice-président des ventes chez Good Technology. Des propos qui ne viennent pas soutenir les prétentions de Thorsten Heins qui ne voit pas de problème dans la situation actuelle de RIM.