Série 1 de 6. Au Québec, il fait froid et l'électricité coule à flots. Autant d'attraits majeurs pour l'implantation de centres de données informatiques. Portrait en six volets de cette industrie en croissance.
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Futuristes, les drones ? Détrompez-vous. Ils attaquent dès à présent plusieurs marchés. Google a l'ambition d'utiliser les drones du fabricant Titan Aerospace, dont elle a fait l'acquisition la semaine dernière, pour offrir un accès à Internet sans fil dans des pays émergents. Le gouvernement des Émirats arabes unis, quant à lui, a annoncé qu'il commencerait à livrer des documents officiels à ses citoyens avec des drones au courant des prochains mois. Le pays devrait ainsi devancer Amazon qui, en décembre 2013, avait annoncé son intention de livrer ses colis avec des drones. Plus près de nous, plusieurs entreprises québécoises se positionnent avantageusement sur le marché des drones commerciaux, en plein essor.
Pour Johan Lassalle, un pilote d'avion de Sainte-Marie, en Beauce, tout a commencé en 2011, dans son garage. Photographe amateur, il cherchait à obtenir un deuxième revenu de manière à financer l'achat de nouvelles lentilles pour son appareil photo. «Je m'étais dit que je devais trouver un moyen de me démarquer des autres photographes amateurs qui essaient de faire quelques sous avec leurs photos, relate le jeune homme. Je voulais construire un drone et proposer mes services pour faire des photos de mariage sous un autre angle, par exemple.»
Finalisé en juillet 2012, le premier drone conçu par Johan Lassalle s'est révélé plus populaire auprès des exploitants de carrière que des organisateurs de mariage. «Environ 50 % de nos travaux, c'est de l'arpentage, de la géomatique et de l'inspection, explique M. Lassalle. Par exemple, on peut prendre une photo en 3D d'une carrière, avec laquelle on peut faire des calculs volumétriques qui permettent de savoir avec précision la quantité de roche restante.» Un autre quart des contrats de DroneXperts proviendrait de l'industrie du cinéma, qui utilise ses drones pour tourner certaines scènes.
DroneXperts, la société qu'il a fondée en 2012, compte aujourd'hui 10 employés et dispose d'une flotte de 15 drones conçus pour différentes tâches. Les clients de l'entreprise déboursent de 800 à 3 000 $ par jour pour retenir les services d'un de ses drones.
L'entreprise a vendu quelques appareils fabriqués sur mesure, mais tire la plupart de ses revenus de contrats de service. «La vraie occasion n'est pas dans la fabrication de drones, mais dans l'offre de services, car les fermiers ne vont pas vouloir acheter un drone et apprendre à l'utiliser», explique Michael Blades, analyste spécialisé dans l'industrie des drones chez Frost & Sullivan.
Le premier drone construit par Johan Lassalle reposait sur un contrôleur de vol de 3D Robotics. L'entreprise américaine, cofondée en 2009 par l'ancien rédacteur en chef de Wired, Chris Anderson, propose des logiciels libres pour les drones, des pièces de même que des appareils prêts à voler pour aussi peu que 750 $.
Avec la chinoise DJI, dont les drones Phantom sont très populaires, 3D Robotics a fait du drone une technologie accessible aux petites entreprises. «Une plateforme à 1 000 $ vole aussi bien qu'une plateforme à 10 000 $ ; ce qui les différencie, ce sont les capteurs qu'on y fixe et le poids de ceux-ci», explique Martin Laporte, directeur des opérations de KoptR Image, une entreprise de Saint-Mathieu-de-Beloeil qui revend les drones de DJI et en fabrique sur mesure.
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Un nouveau cadre réglementaire attendu pour 2015
Au Canada, les sociétés comme DroneXperts doivent obtenir un permis de Transports Canada pour chaque vol effectué pour le compte de clients. À l'heure actuelle, les permis de Transports Canada sont surtout délivrés pour la catégorie de drones pesant moins de 25 kg. De plus, les vols commerciaux autorisés doivent être réalisés de sorte que le pilote puisse voir son drone à l'oeil nu en tout temps.
Les acteurs de l'industrie attendent avec impatience l'adoption d'un nouveau cadre réglementaire au Canada, car ils jugent le cadre actuel peu adapté à leur réalité. Selon eux, le nouveau cadre devrait être adopté aux environs de 2015, l'année durant laquelle la Federal Aviation Administration devrait dévoiler le cadre réglementaire américain. «Les sociétés sont à la porte, mais les gens sont timides, car ils savent que la réglementation n'est pas prête», note Marc Moffat, directeur général adjoint du Centre d'excellence sur les drones (CED).
Établi à l'aéroport d'Alma, au Lac-Saint-Jean, le CED, un organisme sans but lucratif, vise à faire d'Alma un centre d'expertise mondial sur les drones. Plusieurs entreprises du secteur sont venues s'y établir, dont le géant québécois CAE, qui est la première entreprise à avoir eu l'autorisation de tester un drone de type MALE (volant à moyenne altitude et de longue endurance) au Canada.
Le drone de CAE, un avion modifié de 13 mètres d'envergure, peut parcourir jusqu'à 1 000 kilomètres en étant piloté à distance. «On est en train de développer nos capacités afin d'être prêts à offrir nos services commerciaux lorsque la réglementation le permettra», explique Mike Greenley, directeur général de la branche militaire de CAE Canada.
À terme, le drone de CAE pourrait servir à prendre des images de mines situées dans une région éloignée ou à mesurer la densité de la végétation dans le Grand Nord. Selon Michael Blades, de Frost & Sullivan, de tels drones ne pourront probablement pas voler de manière commerciale aux États-Unis avant 2020.
Si l'analyste a raison et que la réglementation canadienne s'inspire de celle de nos voisins du Sud, CAE devra attendre longtemps avant de rentabiliser son investissement. Cela dit, les drones commerciaux sont déjà parmi nous, et tous les intervenants interviewés s'entendent pour dire qu'ils deviendront omniprésents.
Au Canada, il faut obtenir un permis de Transports Canada pour chaque vol effectué pour le compte de clients. Notre photo montre des drones de la firme KoptR Image.
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82 G$ US - L’impact économique des drones commerciaux aux États-Unis devrait se chiffrer à 82 milliards de dollars américains d’ici 2025 et générer quelque 100 000 emplois.
Source: Association for Unmanned Vehicle Systems International
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