Daniel Robichaud, qui vient de vendre PasswordBox à Intel, semblait fatigué au lendemain du dévoilement de la transaction. Il n'était pas pour autant amer quant à la vente de son bébé, un gestionnaire en ligne de mots de passe fondé en 2012. Or, jusqu'à tout récemment, il disait que cette fois, il irait jusqu'au bout.«Mon but premier n'était pas de vendre, mais mon but ultime, c'était de bâtir quelque chose de gros, et je pense qu'on va pouvoir le faire avec Intel», explique Daniel Robichaud, qui vient de troquer son titre de pdg pour celui de vice-président chez Intel. Bien que le montant de la transaction reste confidentiel, Daniel Robichaud nous a confié qu'elle constituait sa plus importante sortie en carrière. Or, Forbes estime que StreamTheWorld, sa précédente start-up, s'est vendue pour 46 millions de dollars américains en 2009.
Plusieurs millionnaires
La taille de la transaction avec Intel est substantielle. Elle l'est d'autant plus pour Daniel Robichaud, qui en était l'actionnaire principal par l'intermédiaire de sa fiducie, lui qui y avait personnellement injecté 1 M$ sur un total de 8,2 M$ de financement. «On a fait plusieurs millionnaires avec Passwordbox, il n'y a pas que moi qui ai récolté ; tous les employés, sans exception, avaient des actions.»
Si l'entrepreneur en série a pris l'argent, c'est aussi parce la concurrence était sur le point de s'intensifier. «Google s'en venait sur ce marché, soutient Daniel Robichaud. Intel cherchait à faire une acquisition dans ce créneau, et si elle ne nous achetait pas, ça aurait été une autre start-up. [...] Il faut être réaliste. Se battre contre ces géants-là tout seul, ce n'était pas quelque chose de possible à long terme.»
Daniel Robichaud n'aurait sans doute pas eu de mal à obtenir du financement supplémentaire, mais il estime que la transaction avec Intel était le moyen le plus sûr de résoudre le problème des mots de passe. Même s'il avait obtenu du financement supplémentaire, «il y a un problème de distribution. Il faut que le monde installe nos applications. Avec Intel, il n'y pas cet obstacle, car ils sont déjà dans 90 % des PC».L'alliance avec Intel devrait permettre à PasswordBox d'accélérer ses efforts visant à substituer les mots de passe pour des gages d'identité plus sûrs. L'équipe de PasswordBox aura accès notamment à plusieurs technologies d'Intel, qui a acquis au fil des ans plusieurs sociétés spécialisées en biométrie.
Notons que les 48 employés de PasswordBox continueront à travailler sur le problème de l'identité à partir de Montréal.
Un don pour la maison Notman
Daniel Robichaud, qui a bâti puis vendu cinq start-ups à ce jour, espère que l'acquisition de Passwordbox aura l'effet d'un coup de fouet sur la communauté montréalaise. «Je veux que cette transaction-là inspire les jeunes entrepreneurs et qu'elle incite les investisseurs à mettre de l'argent dans les start-ups, car les retours peuvent être grands.»
Avant même que la poussière ne retombe, Daniel Robichaud a décidé de commencer à redonner au suivant. Le lendemain de l'annonce de la vente, à l'occasion du Demo Day de l'incubateur FounderFuel, il a annoncé qu'il faisait un don à la Fondation Osmo, l'organisme derrière la maison Notman, de manière à ce qu'elle puisse ouvrir un café à la maison Notman au courant des prochains mois.
Ledit café, qui faisait partie des plans de la fondation Osmo à la rénovation de l'immeuble, n'avait pas pu être finalisé, faute de financement. «Je pense que ceux qui ont réussissent doivent réinvestir dans les entreprises, inspirer les jeunes. On va avoir une plaque sur le mur du café qui va raconter l'histoire de PasswordBox.»
Daniel Robichaud, pour sa part, ne semble pas pressé d'ajouter un nouveau chapitre à sa carrière d'entrepreneur en série. Il voit son avenir chez Intel, à qui il est lié par un contrat pour au moins trois ans. Même s'il nous assure du contraire, parions qu'une fois cette période écoulée, Daniel Robichaud tentera, une fois de plus, de bâtir quelque chose de grand.