Kim Auclair incarne cette nouvelle génération d'entrepreneurs qui font d'Internet leur stratégie de développement.
" Selon moi, un entrepreneur, c'est quelqu'un qui fait les choses jusqu'au bout, malgré les difficultés. " Aucun doute possible : Kim Auclair est bien un chef d'entreprise. L'obstination, elle connaît. Elle s'est toujours relevée malgré les embûches et a mené tous ses projets à terme. Elle a des idées à revendre et 2011 devrait être son année, celle où elle prendra son envol.
Attablée dans un bistro d'Hochelaga-Maisonneuve, la jeune femme déguste un café et un muffin, son ordinateur portable devant elle. Elle ne reste jamais déconnectée très longtemps. Si Internet a été sa planche de salut, il est aujourd'hui toute sa vie.
Quand, en 2002, cette jeune malentendante de 18 ans se voit refuser l'entrée au cégep qu'elle visait pour des études en graphisme, c'est le trou noir. Comment rebondir ? Débrouillarde et lucide, Kim surfe sur le Web à la recherche d'aide. Rapidement, elle tombe sur le site de cybermentorat Academos. C'est là qu'elle trouve un mentor qui, de son aveu, l'a sauvée. Horticulteur et entrepreneur maintenant à la retraite, il a dirigé son entreprise durant 18 ans et a suivi Kim pendant huit ans. " Il a su voir chez moi des aptitudes d'entrepreneur et il m'a aidée à les développer. Il m'a poussée à me lancer en affaires. "
Hors du Web, point de salut
Autodidacte, elle monte alors son premier projet d'entreprise : Mikimya, une agence Web de graphisme qu'elle tiendra à bout de bras durant ses trois années d'études finalement entreprises au Cégep de Rivière-du-Loup. Deux ans plus tard, elle crée le portail Mac Québec (macquebec.com), un site inédit pour les utilisateurs de produits Mac en français.
Parallèlement, l'entrepreneure en herbe se fait un nom sur la Toile. Son compte Twitter tout comme son blogue sont vite suivis par de nombreux internautes, ce qui deviendra sa stratégie de développement.
Ses études terminées, la jeune femme se lance à corps perdu dans sa première entreprise, Mikimya. Elle continue à bénéficier des conseils de son coach pour travailler ses faiblesses et développer ses forces, et se décide à faire le grand saut : quitter Québec, d'où elle est originaire, pour s'installer à Montréal.
En arrivant dans la métropole, en 2007, Kim décide de s'associer. " Cela n'a malheureusement pas fonctionné, car on n'avait pas les mêmes valeurs. Je n'avais pas pris ma place dans le tandem. J'ai eu l'impression d'être morte pendant deux ans. Quand je suis partie, j'ai tout laissé derrière moi : l'entreprise que j'avais créée et le nom. " Pleine d'énergie et combative, elle ne se décourage pas, se relève en apprenant de ses erreurs.
Une troisième entreprise
Après son départ, elle prend une pause, puis rebondit en créant sa troisième entreprise, Niviti " pour animation et activity " (www.niviti.com). Son créneau : la création, l'animation et la gestion de communautés Web.
" En 2010, j'ai augmenté mes ventes, mon tarif horaire et mon chiffre d'affaires ", indique-t-elle. Son objectif pour 2011 : faire croître l'entreprise avec l'aide de son nouvel associé et embaucher du personnel. À la fin de l'année, elle vise à déléguer la direction générale et à intégrer le conseil d'administration. " Ce que j'aime, ce n'est pas gérer, c'est développer ", dit Kim Auclair. " Je veux être une chef d'entreprise à temps plein. "
Trois ans après son arrivée, elle est retournée vivre à Québec. " Aujourd'hui, mon réseau est vraiment élargi à Montréal. Je suis visible sur le Web. Je suis partie très jeune et je n'ai pas eu l'occasion de me faire connaître dans ma propre ville. Je veux tisser mon réseau là-bas. Et puis, ma vie personnelle n'est pas très développée. Je suis chef d'entreprise 24 h sur 24 ! A Québec, je suis plus proche de mes amis et de ma famille ", confie-t-elle.
Le mentorat 2.0
Kim Auclair a trouvé dans le mentorat un soutien indispensable à la réalisation de sa vocation. Aujourd'hui, c'est à son tour de militer pour cette forme d'accompagnement professionnel. En 2009, elle a créé entrepreneur-internet.com, une plateforme pour promouvoir l'entrepreneuriat sur le Web.
En 2011, elle prépare un projet innovant de mentorat 2.0. Le principe : jumeler à un mentor - un homme ou une femme d'affaires actif dans une grande entreprise qui a besoin de connaissances technologiques - un jeune expérimenté dans le Web. " Ce n'est pas l'un qui apprend à l'autre, mais c'est le mélange de deux univers qui apprennent chacun l'un de l'autre ", explique la jeune entrepreneure.
" Je veux aider la relève. On ne fait pas assez confiance à la nouvelle génération ", poursuit-elle. " Cela a été très long avant qu'on me fasse confiance. J'ai rencontré une personne qui a cru en moi. Elle m'a aidée à améliorer mes points faibles : apprendre à gérer le stress, à être visible sur le Web, à gérer mon image, à m'entourer. J'ai fait beaucoup d'erreurs, mais mon mentor était toujours là pour me soutenir. "
Kim Auclair croit tellement dans le mentorat qu'elle pense qu'il devrait être institué dès l'école secondaire.