Les technologies qui façonnent la ville intelligente font la promesse d'une ville produisant moins de déchets, consommant moins d'énergie et maximisant la productivité de sa main-d'oeuvre. Bref, l'utilisation efficace des ressources est au coeur du concept de villes intelligentes. Cependant, il est facile d'oublier que l'une des ressources les plus valorisées par les citadins se compte en minutes et en secondes.
«Notre objectif est de faire économiser une heure par jour aux résidents», expliquait Ritva Viljanen, adjointe au maire d'Helsinki, en parlant du nouveau quartier intelligent de la métropole dans le cadre de la conférence Les Affaires du 22 octobre. À la fine pointe de la technologie, le quartier Kalasatama se démarque des autres projets du genre en cela que ses objectifs d'économie de temps sont quantifiés au même titre que ceux de réductions de gaz à effet de serre.
Kalasatama est un ancien port qu'Helsinki a décidé de transformer en quartier intelligent. Situé à proximité du centre-ville, le quartier devrait permettre à ses résidents de se rendre au travail plus rapidement.
À terme, le quartier devrait être desservi par le métro, le tramway et l'autobus. Des voitures électriques en autopartage feront aussi partie des moyens de transport mis à la disposition des résidents du quartier. «L'idée, c'est que les gens n'auront pas à perdre beaucoup de temps dans le trafic, car ils auront accès à des options de transport en commun plus performantes qui répondent à leurs besoins», nous avait expliqué Veera Mustonen, gestionnaire du projet Kalasatama pour Forum Virium Helsinki, lorsque nous l'avions rencontré à Helsinki en août dernier.
Des salles de rencontre pourraient également être mises à la disposition des habitants du quartier, de manière à satisfaire ceux qui choisissent de travailler de la maison. Dans le même ordre d'idée, les décideurs étudient différentes avenues afin de limiter le temps consacré à faire l'épicerie dans le quartier. «Nous étudions des moyens de rapprocher l'offre de nourriture des lieux où vivent les gens», expliquait Veera Mustonen.
Le prix du trafic
Jean-François Barsoum, consultant en matière de villes intelligentes chez IBM, a expliqué comment les péages pouvaient faire gagner du temps à tout le monde. Il a illustré son propos en évoquant le cas de Stockholm, qui a imposé un péage pour entrer dans la ville. Le prix du péage étant plus cher aux heures de pointe, ce dernier a mis fin aux embouteillages sur ses ponts, de sorte que les banlieusards n'ont désormais plus à craindre d'y rester pris.
Alors que les commerçants de Stockholm craignaient que le péage cause une baisse de l'achalandage, le contraire s'est produit. «Le prix qu'on paye quand il n'y a pas de péage, c'est le prix de rester bloqué dans le trafic, et c'est un prix très incertain, a soutenu Jean-François Barsoum. On ne sait pas ce que ça va coûter d'une journée à l'autre. Avec le péage, on sait à quoi s'attendre.»
Le péage n'est toutefois qu'un moyen parmi tant d'autres à la disposition des villes pour faire épargner du temps à ses résidents. À Montréal, le maire Denis Coderre a annoncé qu'un réseau de caméras serait installé pour fournir des données sur le trafic en temps réel. Associées à l'éventuel branchement des feux de circulation au réseau de fibres optiques de la ville et à l'installation de GPS dans les autobus, ces données devraient rendre le trafic et le réseau de transport en commun moins vulnérables aux engorgements.
Aider les transports en commun
Compte tenu du coût élevé de construction de nouvelles lignes de métro et de tramway, plusieurs villes misent sur l'intégration étroite de plusieurs méthodes de transport concurrentes. C'est notamment le cas d'Helsinki, qui a pour ambition de faire de son agence de transport un guichet unique pour les besoins de transport de ses résidents. La ville espère ainsi qu'en facilitant la vie de ses résidents, ils seront plus nombreux à laisser leur voiture à la maison ou à s'en passer carrément.
À Montréal, la start-up Transit App vise à offrir quelque chose de similaire, en affichant plusieurs moyens de transport par l'intermédiaire de son application mobile. Conçue pour signaler les prochains passages des autobus à proximité, Transit App fonctionne dans 82 villes du monde. Déjà, elle permet d'afficher les stations de vélopartage dans 27 d'entre elles, dont les stations de Bixi à Montréal.
De passage à la conférence, le pdg de Transit App, Sam Vermette, nous a confié que de nouvelles options de transport devraient bientôt être intégrées à l'application. L'application devrait ainsi offrir un service de taxi et un autre d'autopartage, en partenariat avec des tiers. «Il sera possible de comparer la durée du trajet en transport en commun avec celle en taxi», a dit l'entrepreneur.