Il est difficile de croire que le iPad et le Kindle ont fait leur apparition dans la vie des Canadiens il y a à peine un peu plus d'un an. En peu de temps, les tablettes et lecteurs de livres électroniques ont conquis bien des consommateurs. Quel sera le produit vedette de 2011?
La vidéo mobile
Lorsque CTV a mis au point sa couverture numérique des Jeux olympiques de Vancouver, en février, elle s'est associée à Bell pour offrir la diffusion mobile en direct, qui n'a cependant pas eu beaucoup d'impacts puisque la majorité des utilisateurs de téléphones intelligents ne voyaient pas encore leur appareil comme un écran de télévision.
Tout cela aura changé d'ici février 2011 et, avant la fin de la prochaine année, il sera sans doute très courant de voir des gens dans les transports en commun ou dans les cafés regarder la télévision en direct ou des films sur des téléphones ou des tablettes comme le iPad.
Les diffuseurs canadiens se sont lancés dans la course dans l'espoir de devenir les plus importants fournisseurs de contenu sur plateformes mobiles. Citytv, qui appartient à Rogers Communications, s'est récemment démarquée du lot en devenant la première chaîne à offrir une application gratuite permettant de regarder des émissions sur le iPad, en plus de permettre l'écoute en continu de son talk-show matinal, "CityLine".
Selon le vice-président et directeur général des médias numériques chez Rogers, Claude Galipeau, l'écoute sur iPad représente environ 10 pour cent de la webdiffusion totale de Citytv, la majorité provenant de son site web.
"Nous sommes très, très optimistes face à l'avenir, à la fois pour ce qui est de l'adoption (de la technologie) par l'auditoire et, ce qui est crucial, des investissements publicitaires", affirme-t-il.
La plateforme mobile est "une priorité plutôt élevée" pour la CBC et des applications sont en voie d'être créées pour un grand nombre de services, selon Bob Kerr, directeur de la programmation numérique et du développement des affaires.
"Je crois qu'il existe des preuves que les gens consomment de plus en plus de vidéo sur ces appareils, avance-t-il. C'est une chose que nous ne pouvons ignorer. Notre philosophie est que nous ne sommes pas qu'un diffuseur, nous sommes aussi une entreprise médiatique."
La reconnaissance vocale
L'une des raisons expliquant pourquoi certains utilisateurs de BlackBerry refusent de changer leur appareil pour un iPhone ou un autre téléphone à écran tactile est qu'ils ne peuvent s'imaginer vivre sans clavier.
Google croit cependant que ces utilisateurs changeraient d'avis s'ils pouvaient simplement parler dans leur appareil et reléguer le clavier aux oubliettes.
Google annonçait récemment son acquisition de l'entreprise de technologie vocale Phonetic Arts, citant "Star Trek" comme l'une de ses inspirations pour ses projets de reconnaissance vocale.
"Dans "Star Trek", (les personnages) ne passent pas beaucoup de temps à pianoter sur des claviers, ils ne font que parler à leur ordinateur, qui leur répond ensuite. C'est une façon plus naturelle de communiquer", peut-on lire sur le blogue de l'entreprise.
"Il est souvent plus utile d'interagir avec des services en parlant et en écoutant plutôt qu'en tapant et en lisant (...) de sorte que nous aimerions en arriver à un point où l'envoi et la réception de données vocales seront offerts partout", ajoute le directeur des technologies vocales de Google, Mike Cohen.
"La recherche vocale fonctionne plutôt bien et une grande proportion d'utilisateurs en est très satisfaite. Effectuer des tâches comme dicter de longs courriels est plus difficile, mais je prévois qu'il y aura des améliorations visibles (au cours de l'année 2011)", croit-il.
Les tablettes électroniques
Le iPad a été l'un des outils technos les plus en vogue de 2010, malgré son prix élevé. Mais les concurrents à la tablette d'Apple déferleront sur le marché dans les prochains mois, ce qui devrait faire baisser les prix _ du moins ceux des appareils qui souhaitent concurrencer le iPad.
"Je crois qu'Apple a su récolter une saine marge de profit en offrant pratiquement le seul produit du genre, de sorte que les rivaux sérieux du iPad changeront certainement la donne en matière de concurrence", croit le consultant spécialisé en technologie Mark Evans.
Vito Mabrucco, directeur d'IDC Canada, abonde dans le même sens et s'attend à ce que 2011 signe "la percée des tablettes".
"Les consommateurs et les entreprises profiteront de la nouvelle concurrence, de la baisse des prix et de l'amélioration des fonctions, a dit Mabrucco au cours d'une récente conférence téléphonique. Tout le monde en veut une, qu'ils en soient conscients ou non. Bien fait, Apple."
M. Evans s'attend à ce que les tablettes se retrouvent partout d'ici la fin de l'année. "Je crois qu'elles changeront notre façon de consommer de l'information, du contenu, et au fur et à mesure qu'arriveront de nouveaux concurrents, je crois que (ces appareils) seront de plus en plus omniprésents et que différents genres de personnes utiliseront des tablettes de manières différentes."
La télévision 3D
Plusieurs ont cru que la sortie du film "Avatar", à la fin de 2009, lancerait une nouvelle "folie 3D" qui mènerait à de nombreuses ventes de téléviseurs et lunettes spéciaux.
"Avatar" a fait sa part, devenant le film le plus lucratif de tous les temps, mais on n'entend toujours que rarement parler de gens choisissant d'adopter le 3D à la maison.
L'excitation autour de la télévision 3D n'est pas aussi élevée que lors du lancement de la haute définition, affirme le fondateur de Digitalhome.ca, Hugh Thompson. "Ce n'est même pas comparable, pour être honnête, dit-il. La télévision 3D n'a pas fait énormément parler d'elle."
Cela pourrait changer en 2011, la différence de coût entre le téléviseur 3D et un téléviseur neuf régulier s'amenuisant. Un grand magasin offrait ainsi récemment un modèle 3D de 50 pouces en vente à 800 $.
On s'attend également à ce que davantage de contenu 3D soit offert en 2011, comparativement aux quelques diffusions expérimentales qui ont eu lieu cette année. Mais on ne pourrait cependant pas en être certain.
Au cours d'une conférence, en octobre, un cadre d'ESPN aurait déclaré que son année d'expérimentation de la 3D se terminerait d'ici le milieu de 2011, après quoi la pertinence de ces diffusions spéciales serait réévaluée.
"Nous ne sommes toujours pas certains de ce qui est bon pour la télévision 3D et nous ne percevons toujours pas de rendement garanti sur les investissements", aurait dit le directeur principal des technologies, Jonathan Pannaman.
Jason Wren, un enseignant de 38 ans de la région d'Ottawa, a appris à ses dépens qu'il pouvait être dangereux d'adopter trop rapidement les nouvelles technologies. Il s'était procuré un téléviseur 3D en 2008, avant que les normes de diffusion n'aient été établies. Lorsque ce fut fait, son téléviseur était devenu désuet. Il a dû acheter un convertisseur qui a pu donner une seconde vie à son appareil, mais il a dû le commander des États-Unis.
"Ce fut une aventure, admet-il. Il peut être frustrant d'adopter (une technologie) tôt."