Une récente décision réglementaire modifiant la façon dont les principaux fournisseurs de services Internet du pays facturent leurs clients soulève des craintes chez des internautes.
Mardi, le premier ministre Stephen Harper a même joint sa voix sur Twitter à celle de ces internautes.
Alors que l'utilisation d'Internet est en pleine croissance, la hausse de la popularité du téléchargement _ une énorme quantité de jeux, de musique et de films est disponible en ligne _ conduit à penser que les Canadiens sont peut-être de plus grands utilisateurs qu'ils ne le croient.
Les opposants de la décision, rendue par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), soutiennent qu'elle ouvre la porte à des plafonds de téléchargement plus bas, à une augmentation des tarifs et à des frais plus élevés pour ceux qui dépassent les limites fixées pour la bande passante.
Et ils ne sont pas les seuls à s'inquiéter du changement de cap.
M. Harper a utilisé la populaire plateforme de microblogues Twitter pour reprendre à son compte les inquiétudes déjà exprimées par son ministre de l'Industrie, Tony Clement.
"Nous sommes très inquiets à propos de la décision du CRTC sur la facturation à l'usage et de son impact sur les consommateurs", a écrit M. Harper.
"J'ai demandé une révision de la décision."
La décision touche la vente de blocs de bande passante des principaux fournisseurs aux petites entreprises qui offrent également l'accès à Internet.
Lindsey Pinto, du groupe de défense des intérêts en télécommunications OpenMedia.ca, a déclaré que ces petits fournisseurs veillaient sur les principaux fournisseurs en favorisant une saine concurrence sur le marché.
"Ces fournisseurs de services Internet indépendants ne peuvent plus vraiment effectuer cette veille, car ils doivent payer directement l'utilisation d'Internet de leurs clients aux gros vendeurs de bande passante", a-t-elle fait valoir.
Étant donné que les utilisateurs téléchargent de plus en plus de données _ incluant des films, de la musique, des émissions de télévision et des logiciels _, les quotas de téléchargement peuvent rapidement être dépassés.
Bien que le téléchargement de fichiers ou l'écoute de la radio sur Internet ne soit pas nouveau, l'écoute de vidéos, surtout celle en haute définition, utilise beaucoup plus de bande passante que celle requise pour écouter sa station préférée en ligne.
Une campagne en ligne lancée par OpenMedia.ca a bombardé le ministre Clement avec des milliers de messages lui demandant d'annuler la décision du CRTC. La pétition en ligne du groupe a permis d'amasser plus de 200 000 signatures.
Le ministre Clement a laissé entendre que la révision de la décision ne prendrait que quelques jours.
"Nous sommes inquiets des répercussions pour les consommateurs, les petites entreprises, les entrepreneurs, les créateurs, pour tous les Canadiens", a affirmé le ministre après la période des questions orales à la Chambres des communes.
Les principaux fournisseurs de services Internet ont argué que la facturation à l'utilisation était réaliste, parce que cela signifie que les gros utilisateurs paient davantage que ceux qui ne font que consulter leur courriel et naviguer un peu sur le Web.
Rogers a affirmé que le téléchargement de données par ses clients bondissait de 40 pour cent chaque année.
"Pour suivre la demande, deux choix s'offrent à nous : contrôler le trafic de données ou consacrer de l'argent à des mises à niveau", a écrit dans un courriel Kathy Murphy, porte-parole de Rogers.
Le Parti libéral du Canada et le Nouveau Parti démocratique ont tous deux exprimé leur désaccord avec la décision du CRTC.