Depuis qu'elle a fait installer une connexion à très haut débit il y a quelque mois, CRI agence assure qu'elle a gagné en efficacité.
Maintenant, l'agence de publicité montréalaise utilise rarement des services de messagers, que ce soit pour envoyer des DVD ou des épreuves des projets sur lesquels elle travaille ; elle rentabilise ainsi son lien à très haut débit (connexion dédiée de 100 Mo/s (mégaoctet par seconde) qui lui coûte 1 200 $ par mois. «Avec notre ancienne connexion, nous avions le choix de graver les 300 pages du Guide de la moto, un ouvrage abondamment illustré que nous produisons, sur une dizaine de DVD ou attendre 24 heures pour que le transfert s'effectue. Maintenant, la transmission des pages chez l'imprimeur dure à peine 1 h 30», dit Christian Dubé, directeur des opérations de CRI.
Même dans les cas où une simple connexion haut débit aurait permis le transfert, l'avantage de la connexion à très haut débit de CRI se fait sentir. «Nous pouvons transférer de très gros fichiers sans pour autant ralentir la connexion des employés. Il y a ainsi un gain de productivité», poursuit M. Dubé. CRI réalise également des économies en matière de frais de déplacement grâce à la vidéoconférence, qui a gagné en qualité de son et d'images grâce au très haut débit.
CRI n'est qu'une PME parmi tant d'autres qui tirent parti du très haut débit. «Depuis environ trois ans, environ 90 % de notre clientèle est constituée de PME», relève Rémi Fournier, vice-président des ventes et de l'ingénierie de Fibrenoire, un fournisseur indépendant d'accès Internet par fibre optique. La même tendance est observée chez les fournisseurs traditionnels, qui ont encore augmenté les vitesses disponibles cette année. «On voit de plus en plus de PME passer de la haute vitesse à des vitesses TGV [de 30 à 200 Mo/s]», relève Chantale Pellicano, directrice principale, commercialisation, chez Vidéotron Service Affaires. Giovani Sansalone, de Bell Marchés Affaires, observe le même phénomène, qu'il attribue en partie à la popularité de l'informatique en nuages dans les PME. «On voit de plus en plus de demande pour les solutions d'informatique en nuages, qui nécessitent des connexion plus performantes», lance-t-il.
Le très haut débit partout d'ici 2020
Plusieurs pays, dont l'Australie, les États-Unis et la Finlande mettent en place des plans nationaux et régionaux de déploiement de réseaux de fibres optiques. Parallèlement, Google a annoncé en juillet qu'elle offrira une connexion Internet de 1 Go/s (gigaoctet par seconde) pour à peine 70 $US par mois aux résidents de Kansas City. Ce projet-pilote a de quoi susciter l'envie des internautes moins favorisés.
Au Québec, le budget 2011 du gouvernement comprenait d'ailleurs un programme de 900 M $ visant à doter toutes les régions d'accès à très haut débit d'ici 2020.
Les entreprises de la MRC du Granit, en Estrie, devraient ainsi bénéficier d'une connexion de 100 Mo/s à compter de 2014. Le projet, qui fait partie des six premiers acceptés dans le cadre du programme, devrait ainsi bénéficier aux quatre parcs industriels de la MRC.
Québec est beaucoup plus choyée. C'est la seule ville où les fournisseurs traditionnels offrent systématiquement des connexions pouvant atteindre 175 Mo/s chez Bell (154 $ par mois) et 200 Mo/s chez Vidéotron (256,95 $ par mois). Alors qu'il s'agit de connexions partagées dans le cas de Vidéotron, elles sont dédiées dans le cas de Bell, qui mise sur la fibre optique.
Ailleurs au Québec, Vidéotron offre une vitesse maximale de 60 Mo/s dans toutes les régions où elle est présente. Bell offre une vitesse maximale de 50 mbit/s à tous ses clients de la région de Montréal, et vise à étendre un tel service au reste du Québec. «On a l'intention de l'offrir sur l'ensemble du territoire qu'on dessert au courant des prochaines années», explique M. Sansalone, de Bell.
Les entreprises qui souhaitent un accès encore plus rapide peuvent se faire installer une connexion dédiée par fibre optique... là ou un tel service est offert. «Dans les faits, il y de la fibre optique partout au Québec, mais dans certaines régions, les investissements nécessaires au raccordement des clients peuvent être prohibitifs», explique Rémi Fournier, de Fibrenoire. Les prix de telles connexions, qui dépendent de la localisation géographique des clients, oscillent généralement de quelque centaines à quelques milliers de dollars par mois.
LE HAUT DÉBIT PERMET D'ÊTRE PLUS PRODUCTIF
Premier chiffre Vitesse moyenne des connexions à Internet (exprimé en Mo/s)
Chiffre entre parenthèses Productivité (PIB par heure travaillée, prix courants, dollars américains, en 2011)
Corée du Sud 17,5 (28,3)
Japon 9,1 (39,8)
Pays-Bas 8,2 (59,8)
Suisse 7,3 (85,7)
Irlande 6,8 (66,4)
Belgique 6,1 (59,2)
Finlande 5,9 (49,1)
États-Unis 5,8 (60,3)
Canada 5,6 (46,2)
Mexique 2,4 (16,7)
Sources : Akamai et OCDE