Le procès géant sur les brevets opposant Apple et Samsung en Californie entrait dans sa dernière phase mercredi, les jurés s'apprêtant à délibérer sur ce dossier aux répercussions potentiellement rétentissantes pour le marché des tablettes et des téléphones intelligents.
Le jury doit formellement entrer en délibération ce mercredi pour démêler les accusations croisées que se lancent les deux groupes dans ce qui est le plus grand procès pour violation de brevets intenté depuis des décennies aux Etats-Unis. Mardi, les avocats des deux parties ont fait leur plaidoirie.
En «trois mois intenses de copie», Samsung a volé quatre années de dur travail d'Apple sur l'iPhone, a commenté l'un des avocats de la marque à la pomme, Harold McElhinny, estimant que la direction de Samsung «à son plus haut niveau» était «déterminée à tirer profit du succès de l'iPhone».
Le groupe sud-coréen est celui qui a le plus à perdre: Apple, qui l'accuse d'avoir copié des parties importantes de ses populaires téléphones iPhone et tablettes informatiques iPad, lui réclame jusqu'à 2,75G$ US et veut lui faire interdire de commercialiser certains de ses produits aux Etats-Unis.
Même un retard dans les ventes pourrait affecter la position de Samsung sur le marché américain où il est actuellement le premier vendeur de téléphones intelligents devant... Apple.
Selon des données du cabinet IDC pour le deuxième trimestre, Samsung a vendu 50,2 millions au deuxième trimestre au niveau mondial, quand Apple écoulait 26 millions d'iPhone. Les positions sont inversées dans les tablettes: le sud-coréen en a vendu seulement 2,4 millions, pour 17 millions d'iPad.
Dans sa plaidoirie, l'avocat d'Apple a présenté à la cour quatre scénarios possibles de dédommagement pour son client, accordant des montants évoluant entre 521 millions et 2,75 milliards de dollars pour la marque à la pomme.
Mais Samsung accuse également de son côté Apple d'avoir violé certains de ses propres brevets, et réclame pour sa part jusqu'à 422 millions de dollars.
Les produits de Samsung ne sont pas des copies, a plaidé, devant les jurés, l'avocat du groupe sud-coréen, Charles Verhoeven. "Apple vous demande d'empêcher son principal concurrent de donner aux consommateurs ce qu'ils veulent, c'est-à-dire des smartphones avec des écrans plus larges", a-t-il assuré.
Et de poursuivre: «Pourquoi Apple agit-il ainsi? Plutôt que de rivaliser sur le terrain, Apple cherche à obtenir un avantage concurrentiel au tribunal. Il veut faire interdire à son plus sérieux et redoutable rival de participer au match».
Pour la firme à la pomme, il ne s'agit pas d'éliminer la concurrence mais de promouvoir l'originalité, a souligné son avocat, Bill Lee. «Personne ne les (Samsung) empêche de vendre des smartphones. Tout ce que nous disons, c'est +faites les vôtres+ (...) et rivalisez avec vos propres innovations», a-t-il martelé.
En dix jours d'audience étalés sur les trois dernières semaines, les groupes ont étayé leurs accusations avec des centaines de pages de documents et les témoignages de multiples experts et de leurs employés respectifs.
A un moment, la juge Lucy Koh a même demandé à un avocat d'Apple s'il avait «fumé du crack», alors qu'il proposait d'entendre plus de 20 témoins en une seule séance.
La juge avait encore demandé la semaine dernière aux dirigeants des deux groupes de tenter de négocier et de «faire la paix», estimant que l'affaire présentait "des risques pour les deux parties".
Un avocat de Samsung a confirmé lundi que le patron d'Apple, Tim Cook, et celui de Samsung, Kwon Oh-Hyun, avaient parlé au téléphone, mais sans régler leur querelle.