Fort de sept milliards de téléchargements à ce jour, le marché du développement d'applications mobiles recèle encore des perspectives d'affaires alléchantes pour les développeurs, qu'ils soient des particuliers ou de petites sociétés, a fait valoir Martin Demers, président d'Aragosoft, lors de la Journée informatique du Québec (JIQ) tenue dans la Capitale, le 10 novembre.
Né au moment de la sortie du iPhone et soutenu par celle du iPad, ce marché est encore jeune, mais en forte ébullition. Deux ans seulement après son avènement, le nombre de développeurs d'applications pour les produits mobiles d'Apple est estimé à 200 000, et 60 000 d'entre eux ont déjà une application disponible sur le App Store. Leur cible : des clientèles locales, nationales, voire internationales. Et pour les développeurs, l'activité est très lucrative, notamment dans le domaine des jeux.
Martin Demers, l'ingénieur en informatique de Québec qui a fondé Aragosoft, s'intéresse particulièrement au iPhone et au iPad, parce que ces deux appareils dominent leur secteur respectif. Déjà 125 millions d'appareils dotés du système d'exploitation des appareils mobiles d'Apple (iOS) sont en circulation, dont 7,5 millions de iPad.
L'an dernier, Martin Demers a créé RTC Mobile, une application qui permet aux usagers du Réseau de transport de la Capitale de connaître les trajets et les horaires de ses autobus sur iPhone. Fait étonnant, son application a trouvé quelques acheteurs en Europe, et même au Japon ! M. Demers a réalisé 3 000 ventes de l'application RTC Mobile.
Un marché lucratif mais saturé
Pour les développeurs, le marché le plus lucratif actuellement est celui des jeux. À l'unité, a expliqué Martin Demers, les applications sont peu payantes pour leurs concepteurs.
Cependant, comme elles sont accessibles aux propriétaires de iPhone, iPod touch et iPad du monde entier, le bassin d'acheteurs et les revenus potentiels sont immenses. Les applications les plus populaires rapportent beaucoup. Angry Bird, un jeu mis au point en Finlande, a réalisé 6,5 millions de ventes en 11 mois grâce à ses oiseaux en colère ! Un autre jeu, iShoot, a récolté 600 000 $ en un mois.
Toutefois, cette manne est passagère. " Le créneau du jeu est le plus exploité pour le moment, mais il commence à être saturé, croit M. Demers. De plus, en raison de la présence d'acteurs importants comme Electronic Arts, dont les prix sont très compétitifs, la concurrence est très féroce. "
Le coffre à outils nécessaire à la conception de nouvelles applications pour iPhone et iPad est simple.
" Un Mac, un abonnement au programme de développement de l'iPhone, qui coûte 99 $ par an, un bon livre sur le développement iPhone et beaucoup de temps ", répond Martin Demers, qui a consacré 500 heures à la création de RTC Mobile.
Selon M. Demers, un des avantages qu'il y a à concevoir des applications pour les produits Apple réside dans le App Store, le magasin virtuel où sont entreposées gratuitement les milliers d'applications créées par des développeurs comme lui. L'App Store offre une grande vitrine aux développeurs.
Un certain marketing est souhaitable de la part des créateurs qui veulent faire mousser leurs produits, mais le magasin représente en soi une vaste vitrine. Ce service n'est pas entièrement gratuit. Apple prélève 30 % de chaque vente. Trois options s'offrent aux développeurs pour rentabiliser une application qu'ils ont créée : la rendre payante, l'offrir gratuitement, accompagnée de publicité, ou gratuitement avec une option d'achat.
Effet de volume
Pour l'instant, l'iPad est moins rentable que l'iPhone parce qu'il y a moins d'appareils en circulation.
Ses applications se vendent touteois plus cher. " Personne ne sait vraiment si, à long terme, les prix augmenteront ou resteront à leur seuil actuel, mais chose certaine, les utilisateurs sont prêts à payer pour une application qu'ils trouvent utile, ajoute le fondateur d'Aragosoft. Par exemple, l'application d'aide à la rédaction Antidote, de Druide, est offerte pour 20 $ et se vend très bien. "
Une application peut prendre la forme d'un service, comme celle de la SAQ, qui conseille les clients sur leurs achats. L'entreprise en tire profit, mais indirectement.
Le développement d'une application coûte de quelques dizaines à quelques centaines de milliers de dollars, précise Martin Demers, qui cite en exemple celui de Twitteriffic, un logiciel conçu pour accéder à Twitter sans passer par le Web. Sa mise au point aurait exigé 1 100 heures et a coûté 200 000 $ US. La facture pour l'application de Barack Obama est estimée entre 50 000 et 150 000 $ US. Selon le fondateur d'Aragosoft, les honoraires d'un développeur professionnel d'iOS (iPhone, Ipod touch et iPad) varient entre 100 $ et 250 $ l'heure.
IPHONE OU IPAD ?
Le développeur qui veut créer une application compatible avec le système d'exploitation des appareils mobiles d'Apple (iOS) doit-il viser le marché du iPhone ou celui du iPad ?
" Il existe des applications exclusives à chaque appareil et des applications universelles, qui fonctionneront pour les deux, précise Martin Demers. L'inconvénient, quand on offre une application universelle, c'est qu'elle ne permet pas de fixer des prix différents pour les deux plateformes. Il en est de même pour iPhone et iPad. Pour l'instant, le nombre d'appareils iPhone est de loin supérieur au nombre d'iPad, mais la tablette a un avantage majeur : elle offre des applications plus élaborées grâce à la taille de son écran . "
Marché professionnel
L'iPad présente un autre avantage, selon Martin Demers. Il ouvre la porte à d'autres secteurs du marché comme aux applications de productivité et de suivi médical, qui se vendent plus cher que les jeux, car ils s'adressent à un marché professionnel.