Alors que les courtiers se demandent si l'achat d'actions de Research In Motion représentent une bonne occasion au moment où elles sont au plus bas, les analystes financiers mettent les investisseurs en garde. Placer son argent dans cette entreprise en difficulté en espérant un revirement favorable peut s'avérer un pari risqué.
Le fabricant du BlackBerry a été au centre de spéculations à propos d'une prise de contrôle pendant des mois et ses actions ont plongé à 10 $. La rumeur voulait qu'une autre entreprise en technologie l'achète à un prix supérieur à sa valeur courante.
Aucun de ces acheteurs ne s'est manifesté publiquement, a déclaré l'administrateur général Thorsten Heins la semaine dernière au moment où RIM embauchait deux firmes extérieures pour évaluer les stratégies possibles en vue de sauver la compagnie. Ce qui pourrait impliquer un partenariat potentiel et des licenciements. Il n'a pas précisé si la compagnie envisageait également une vente, mais il n'a pas écarté cette possibilité non plus. Le plan de RIM est de maintenir le cap jusqu'à la fin de l'année afin de mettre sur le marché une nouvelle ligne de téléphones qui sera, espère-t-elle, un succès renversant.
Pendant ce temps, les actionnaires se sont retrouvés avec un titre en chute libre alors qu'il avait connu des sommets à 148 $, ce qui en faisait le plus élevé de la Bourse de Toronto.
Selon Chyanne Fyckes, directeur des placements en chef chez Stone Asset Management, il y a différentes raisons qui font baisser la valeur d'une compagnie et dans le cas de RIM c'est une perte de leur part de marché et une réduction de leurs marges de profits.
Pour les investisseurs qui espèrent que la compagnie sera achetée, il est difficile de spéculer sur la valeur de RIM pour plusieurs raisons incluant le fait que le prix de l'action tant sur les marché canadien qu'américain a été extrêmement variable en regard de la sortie anticipée de ses nouveaux BlackBerry et de son système d'opération.
La direction a fourni peu d'informations sur le nouveau système qui doit arriver sur le marché cette année ou même sur le moment où il sera mis en vente. Ce qui laisse place à une grande spéculation au sujet de la valeur de la compagnie. "Comment peut-on évaluer quelque chose qui est en déclin?" demande pour sa part, le conseiller Sameet Kanade de Northern Securities.
Il est difficile de mettre un prix sur plusieurs des filiales de RIM dont celles des brevets qui sont détenus en partie par d'autres compagnies comme Apple et Microsoft en vertu d'ententes spéciales. Des estimations ont permis de situer la valeur de la compagnie entre 1 et 4 G$.
La compagnie de services de réseau située à Waterloo, en Ontario, pourrait encore faire des ventes pour plusieurs autres milliards de dollars quoi qu'il est difficile de faire des estimations pour des actifs qui fluctuent autant.
Plusieurs spécialistes en finances ont supputé sur un potentiel rachat de RIM, mais l'action est considérée au mieux comme un achat spéculatif, considère pour sa part Neeraj Monga, un expert en technologie chez Veritas Investment Research Corp. qui a évalué l'action en tenant compte du fait que la compagnie peut être achetée d'ici la fin de l'année.
En dépit des problèmes de RIM qui retiennent l'attention, certains spécialistes considèrent que si le moment n'est pas idéal pour un investissement, l'avenir de l'entreprise n'est pas scellé.
"La compagnie a maintenu une relative stabilité dans certains marchés, croit pour sa part Charlie Wolf, conseiller chez Needham & Company à New York, il serait prématuré de la radier."
Selon lui, il serait préférable d'acheter une action à 15 $ ou 20 $ tout en sachant qu'elle a de l'avenir que de l'acheter à 10 $ sur une base purement spéculative.
Il demeure quand même une certitude, l'entreprise détient toujours environ 2,1 G$ en comptant et en investissements, même si sa fragilité pourrait forcer ses dirigeants à piger dans la caisse pour acquérir des actifs ou effectuer des transactions.
Resarch in Motion pourrait demeurer dans la tourmente au cours des prochains trimestres en raison de l'absence de nouveaux produits BlackBerry sur le marché. Ce qui aura pour conséquence de faire baisser le chiffre des ventes de façon radicale. "La situation va être catastrophique parce que RIM n'aura rien à vendre, a souligné Charlie Wolf, alors la seule façon qu'elle aura de faire des ventes, ce sera de baisser le prix de leurs téléphones"
En dépit de tous ces revirements, certains actionnaires fidèles à RIM demeurent confiants que l'innovateur du téléphone intelligent connaîtra encore le succès.
Pour Carmi Levy, spécialiste en technologie, des investisseurs ont conservé le titre de RIM pour des raisons psychologiques, parce que c'est un fleuron de l'industrie canadienne, c'est bien de vouloir le sauvegarder, mais quand on parle de placements il n'y a pas de place pour les sentiments.