Comment s'y prendra la grappe industrielle des technologies de l'information et des communications de Montréal pour créer 60 000 emplois d'ici 2015 ? Nous avons demandé à Michel Guay, président du conseil de TechnoMontréal, d'expliquer sa stratégie.
Les Affaires - Montréal peut-elle combler tous ses besoins sur un horizon de cinq ans en ne puisant que dans le bassin de main-d'oeuvre québécois ?
Michel Guay - Il est impossible de réaliser cette croissance seulement à l'interne. Il est certain qu'il nous faudra puiser des ressources à l'extérieur de notre industrie et du Canada. C'est pour cela que nous nous tournons vers l'immigration, entre autres.
L.A. - Quel est le meilleur argument de séduction de l'industrie ?
M.G. - D'abord, en montrant combien il est plaisant de travailler dans les technologies de l'information et des communications. C'est le secteur qui affiche la plus grande croissance ces années-ci; c'est un secteur d'avenir. Montréal est particulièrement bien positionnée dans le monde pour prendre un leadership sur plusieurs aspects.
L.A. - Quel est le principal atout de l'industrie montréalaise ?
M.G. - Son expertise technique et son coût relativement bas par rapport à d'autres régions du monde. Nous avons au Québec une combinaison rare de personnes qui viennent de l'univers des arts et de personnes qui viennent du secteur technique.
L.A. - Quels risques Montréal court-elle si vous n'atteignez pas vos objectifs ?
M.G. - La marginalisation; nous allons reculer, et les autres villes prendront peu à peu notre part de marché. C'est un très grand danger. Des sièges sociaux quitteront Montréal et, peu à peu, la grappe se décomposera.
L.A. - Dans ce contexte, quelle est la stratégie de TechnoMontréal ?
M.G. - Nous existons depuis deux ans. Nous avons retenu quatre thèmes prioritaires : la commercialisation, le financement, l'innovation, et bien sûr, en tête de liste, la main-d'oeuvre et la relève. Nos gens aiment créer et innover, mais en général, ils ne savent pas bien commercialiser leurs produits.
Par ailleurs, les entrepreneurs sont mal préparés à réaliser des rondes de financement. Il faut donc les aider. Par exemple, nous avons institué un centre d'innovation qui amène des entreprises à collaborer sur des projets. Il faut élargir le pont entre ceux qui ont du capital et ceux qui en ont besoin.
L.A. - L'industrie peut-elle progresser sans les aides fiscales dont elle dispose ?
M.G. - Les aides fiscales font partie des ingrédients de la formule.