Apple a lancé vendredi un peu plus discrètement que de coutume son dernier produit, l'iPad mini, qui constitue sa contre-offensive sur le marché des petites tablettes informatiques face à des concurrents comme Amazon et Google.
Les traditionnelles queues de fans étaient au rendez-vous devant les magasins du groupe à la pomme à travers le monde, mais souvent moins longues que pour les sorties d'appareils précédents.
Devant l'Apple Store du quartier branché de Marina District à San Francisco, ils n'étaient qu'une vingtaine à attendre pour mettre la main sur l'engin, dont l'écran a été ramené à 7,9 pouces de diagonale (20,1 centimètres) contre 9,7 pouces (24,6 centimètres) pour le grand modèle.
Parmi eux, Tolga Arslan, en vacances en Californie, en a acheté deux pour ramener en Turquie, un pour lui et un pour sa femme. « Je vais jouer à des jeux dessus », se réjouissait son fils de 10 ans.
À New York, les stocks étaient épuisés en début d'après-midi dans le magasin emblématique de la Cinquième Avenue, mais les analystes de la maison de courtage Topeka y voyaient en partie l'effet « d'un manque d'approvisionnement ».
La chaîne de télévision CNBC faisait remarquer « des queues pour l'iPad plus courtes qu'à d'autres lancements, tandis que les queues pour l'essence s'allongent » dans la ville, toujours confrontée aux conséquences du passage en début de semaine de l'ouragan Sandy.
À Paris, l'iPad mini était aussi en rupture de stock en milieu de matinée au magasin étendard de l'Opéra, comme à Francfort, à Tokyo ou à Sydney.
« J'ai décidé de l'acheter même si j'avais déjà tous les autres articles d'Apple, je suis un passionné », a raconté Daniele Messi, un étudiant en marketing de 20 ans, le premier client de la journée au magasin Apple de Milan, où une vingtaine de personnes attendaient dès l'aube.
À Tokyo, près de 300 personnes s'étaient déplacées. Mais les clients étaient moins nombreux à Paris, Singapour et Hong Kong que lors de la sortie de l'iPhone 5 en septembre, d'après des journalistes de l'AFP.
« La plupart des gens l'ont commandé sur internet », a estimé un client d'un groupe clairsemé patientant devant le magasin Apple à Sydney, où les fans avaient été des centaines à se bousculer l'an dernier pour mettre la main sur l'iPad 2. Pour la sortie de l'iPhone 4S, également l'an dernier, 1 500 personnes avaient même passé la nuit dehors en Australie.
L'action Apple reculait de 2,86% à 579,46 dollars vers 19H30 GMT.
L'iPad mini, qui sortait vendredi dans 34 pays, constitue pour beaucoup d'analystes une réaction défensive d'Apple face à la concurrence.
Plus petite et moins onéreuse que l'iPad traditionnel, la nouvelle tablette reste un peu plus grande et plus chère que le Kindle Fire d'Amazon ou la Nexus 7 de Google.
« La fidélité aux produits Apple est parfois comparée à une véritable religion », ce qui assure à la marque une base confortable, a souligné un expert du cabinet de recherche Gartner. « Mais je ne pense pas qu'Apple sera tellement dominant sur le marché des (petites) tablettes de 7 pouces (17,5 centimètres) car il a laissé le Kindle Fire et la Nexus y mettre pied à un prix nettement plus bas », a-t-il ajouté.
Shaw Wu, analyste chez Sterne Agee, juge néanmoins que l'iPad mini saura se faire une place, rappelant que pour les baladeurs iPod mini et iPod nano aussi, « on disait qu'ils étaient trop chers, mais ils se sont très bien vendus ».
La banque RBC estime que 6 millions d'iPad mini pourraient être écoulés d'ici fin décembre, mais certains analystes craignent qu'il ne cannibalise les ventes de l'iPad traditionnel, déjà jugées décevantes au troisième trimestre: seulement 14 millions d'unités, contre 17 sur les trois mois précédents.
Apple lui-même a reconnu que certains acheteurs avaient dû différer leurs achats à cause des rumeurs de lancement de l'iPad mini, qui circulaient des semaines avant son lancement officiel.