Après être devenu un leader mondial dans le logiciel de recrutement chez Taleo, Martin Ouellet ambitionne de devenir le numéro un mondial du jeu intelligent avec Genia. Le premier jeu mobile de l'entreprise, Which Comes First?, vient de faire son entrée sur le marché canadien, avant son lancement international au début de 2016.
«Il y a des téléphones intelligents, des montres intelligentes ; à quand des jeux intelligents ? demande Martin Ouellet, fatigué des jeux violents et abrutissants. Je veux apporter une innovation dans le jeu, car il y a de la place pour quelque chose de différent.»
Le fondateur de Genia, de Québec, précise que son nouveau-né n'est pas un jeu éducatif auquel on n'a aucune envie de revenir une fois l'apprentissage acquis. L'expérience est ludique, mais fait appel à la culture et aux connaissances. Le niveau de difficulté du jeu s'adapte aux capacités du joueur afin d'éviter qu'il décroche.
D'abord conçu pour les femmes âgées de 20 à 40 ans - les plus grandes joueuses sur les appareils mobiles -, Which Comes First? plaît aussi aux hommes et aux enfants.
Le jeu propose des séries de cartes dans différents domaines : culture, nature, politique, histoire, géographie, sport, etc. Il s'agit de classer des cartes par ordre chronologique ou logique et de se mesurer à ses amis. C'est comme l'oeuf et la poule, lequel vient en premier ? Au cours de l'essai, en visite chez les grands peintres, il a fallu déterminer si une toile de Vermeer avait été produite avant une autre de Van Gogh, par exemple. Plus le joueur est habile, plus les années de création se rapprochent. Mais après deux mauvaises réponses, le jeu propose un choix plus facile. «Le jeu va évoluer tout le temps, on va ajouter des catégories. Par exemple, le jour du Souvenir, on avait une série de cartes adaptées», explique l'entrepreneur de 48 ans, qui compte sur une équipe de 13 employés à Québec.
Des séries de cartes seront offertes gratuitement. Les joueurs recevront des crédits au fil de leurs réalisations, et ceux qui en veulent davantage pourront en acheter.
«La rentabilisation dépendra de la viralité. De nos jours, c'est primordial que le jeu vous donne envie d'en parler sur les réseaux sociaux», dit M. Ouellet, qui donne l'exemple de Candy Crush.
Des centaines de milliers de concurrents
Le défi est immense. Six cent mille jeux mobiles sortent chaque année, et la plupart restent inconnus. Quelques-uns deviennent très payants, comme Candy Crush, qui récolte autour d'un million de dollars par jour. Genia vise la rentabilité en quelques mois et a hâte de lancer d'autres jeux dans son créneau. Les relations établies aux États-Unis avec l'aventure de Taleo seront mis à contribution.
Genia, dont Martin Ouellet est le seul actionnaire depuis sa fondation, négocie actuellement avec des investisseurs québécois pour soutenir la commercialisation à l'international. «J'aimerais donner la chance à des gens que je connais au lieu que ce soit des Américains qui récoltent», dit celui qui risque dans l'aventure le capital acquis dans la vente de Taleo à Oracle, en 2012. «Avec Taleo, ça prenait des investissements tellement grands... Il a fallu 54 M$ avant de devenir une société publique ; et dans les rondes de financement de plus de 5 M$, ce n'était plus des Québécois qui étaient là. C'est dommage pour l'investissement québécois», dit celui qui a choisi de réinvestir au Québec.