Le président de l'autorité française de régulation des télécoms (Arcep) estime que les pouvoirs publics doivent se poser la question de «comment démanteler Google», appelant à plus de régulation des plateformes numériques, dans une interview publiée sur le site Acteurs Publics.
«Je constate une forme de capitulation dans le débat public. La domination des Gafam (les géants américains du web, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, ndlr) est vécue comme une évidence. Le fait de ne pas choisir son moteur de recherche ou son réseau social aussi», a souligné Sébastien Soriano.
«L'attention politique s'est ainsi concentrée sur les symptômes de cette domination (vie privée, ouverture du marché aux start-ups françaises, fake news) au lieu d'agir sur leurs causes!», a-t-il déploré.
Pour M. Soriano, «la question n'est pas "Faut-il démanteler Google?", mais "Comment démanteler Google?"»
« Il faut déterminer quels sont les leviers de régulation à mettre en place pour rouvrir le jeu, faire émerger des alternatives aux Gafam respectueuses des droits humains et des valeurs qui sont les nôtres. »
Interrogé sur les efforts européens pour taxer plus efficacement les géants du numérique, le président de l'Arcep a estimé qu'il s'agissait de «la mère des batailles».
«Taxer les Gafam est un problème structurel. A l'ère fordiste (l'essor de la production de masse, ndlr), on a inventé la taxe de vente. A l'ère numérique, nous devons inventer l'équivalent de la taxe de vente ajoutée», a-t-il insisté.
«C'est un défi, car l'économie numérique fonctionne sur la donnée, qui est en elle-même impalpable et ne correspond à aucune valeur absolue. Mais attention: taxer les Gafam ne suffira pas à mettre à bas leur domination», a averti M. Soriano.
L'Arcep n'a à ce jour pas de rôle dans la régulation des géants du numérique. Un élargissement des compétences du régulateur avait été évoqué pendant la gestation de la loi sur la République numérique, mais avait été retoqué.