Trente ans après l'ouverture de son premier point de vente, la marque Aritzia, de Vancouver, s'apprête à ouvrir sa plus grande boutique canadienne, rue Sainte-Catherine, à Montréal. L'expansion de cette chaîne, qui dispose de plus de 60 magasins en Amérique du Nord, a bénéficié de la volonté grandissante chez les consommatrices de délaisser la fast fashion pour miser sur la qualité. Son succès est également le fruit d'une stratégie marketing non conventionnelle pour séduire de jeunes urbaines prêtes à débourser 200 $ pour une robe. Les Affaires s'est entretenu avec Oliver Walsh, à la tête du marketing et du commerce en ligne d'Aritzia depuis septembre 2013.Les Affaires - Un an depuis votre entrée au Québec, quel bilan dressez-vous ?
Oliver Walsh - Nous sommes contents, les ventes sont à la hauteur de nos attentes. Le Québec est extrêmement important pour nous. Nous étions tellement enthousiastes de nous lancer au Québec que nous avons ouvert trois magasins le même jour ! Cependant, nous voulions le faire de la manière la plus appropriée et la plus respectueuse de ce marché. Nous avons consacré beaucoup de temps et d'efforts à traduire entièrement notre site, et l'agence de relations publiques que nous avons choisie pour le Canada [Bicom] est située à Montréal. Nous allons ouvrir notre plus grand magasin au Canada, rue Sainte-Catherine Ouest, au début de l'année prochaine. Nous avons attendu de trouver le meilleur emplacement sur cette rue.
L.A. - Quel est votre positionnement marketing ?
O.W. - Nous avons toujours voulu nous concentrer sur deux éléments : proposer la meilleure expérience client et créer les produits de la meilleure qualité possible, puis les vendre à des prix abordables. La plupart de nos marques sont produites en interne. Les économies réalisées grâce à ce modèle commercial sont transférées aux clientes. Cependant, nous ne cherchons pas à rivaliser sur les prix, mais sur la qualité, en obtenant les meilleurs tissus dans le monde et en étant obsédés par tous les détails du processus de conception ou de la coupe des vêtements.
L.A. - Comment se traduit ce souci de l'expérience client dans vos magasins ?
O.W. - Cela commence par le fait d'obtenir les meilleurs emplacements dans les meilleures rues et les meilleurs centres commerciaux. Puis, chacun des magasins est unique, de l'art qui figure sur les murs à la musique qui y est diffusée. Nous avons un directeur de la programmation musicale, dont le seul travail est de composer des playlists afin de créer la meilleure atmosphère dans nos magasins.
L.A. - Aritzia ne fait aucune publicité traditionnelle. Alors, comment assurez-vous la promotion de la marque ?
O.W. - Notre approche de la publicité et du marketing a toujours été peu orthodoxe. Par exemple, nous avons mis en place le programme Artistic License, il y a huit ans. Nous avions constaté que des femmes pourtant très stylées marchaient dans la rue en portant des sacs de magasinage banals. Sur nos sacs, nous avons décidé de mettre en valeur le travail de photographes artistiques prometteurs comme Ryan McGinley ou Marcelo Gomes. Cet automne, nous avons lancé #FallForUs pour promouvoir notre collection. Nous nous sommes demandé où notre cliente puise ses inspirations de style, et la réponse est Instagram. Sur Instagram, chacune de nos clientes s'inspire des talents qu'elle suit : stylistes, rédactrices de mode, blogueuses, artistes, marques... Nous avons voulu célébrer ce mélange de talents dans notre collection et inviter nos clientes à y participer. C'est un bon exemple de la manière dont on peut penser différemment, car c'est une initiative qui n'avait encore jamais vu le jour sous cette forme. Et elle a été très bien reçue par nos clientes.
L.A. - Vos clientes ont en moyenne de 15 à 30 ans et sont friandes des réseaux sociaux et des nouvelles technologies. Quelle place occupe le numérique dans votre stratégie marketing ?
O.W. - Les réseaux sociaux jouent un rôle croissant. Notre compte Instagram compte 180 000 abonnés, et notre mot-clic #myaritzia suscite un engagement incroyable. D'ailleurs, je pense qu'il est plus grand qu'il ne l'est pour la majorité des marques. Nous avons également beaucoup d'abonnés sur Facebook et de plus en plus sur Pinterest et sur Twitter. Nous avons commencé à intégrer, sur aritzia.com, le contenu généré sur les médias sociaux. Ainsi, les gens naviguant sur le site pourront de plus en plus s'inspirer de nos vraies clientes. Plus de 50 % du trafic vient désormais d'appareils mobiles. Nous avons développé, en 2012, le premier site mobile de commerce en ligne de mode complètement adaptatif du monde.
L.A. - Où en êtes-vous en matière de commerce en ligne ?
O.W. - Environ 10 % des ventes se font en ligne, par rapport à 20 ou 30 % dans le reste de l'industrie. Nous sommes donc en retard en matière de commerce en ligne, c'est encore assez nouveau pour nous, mais nos ventes progressent vite grâce à ce nouveau site. Nous réfléchissons vraiment à la manière dont les clientes veulent interagir avec Aritzia, que ce soit dans un magasin, sur notre site ou sur les réseaux sociaux, à partir d'un ordinateur ou d'un appareil mobile. Nous essayons de créer une expérience de marque cohérente, qui prend en compte toutes les plateformes.
L.A. - Quels sont vos projets pour la suite de votre aventure québécoise ?
O.W. - Aritzia est encore peu connue au Québec. Mais quand les gens la découvrent, ils aiment la marque et les produits. Nous avons donc juste besoin de faire connaître un peu plus nos magasins. Nous sommes optimistes pour l'avenir. Nous avons des plans, mais je ne peux pas en parler pour le moment...