Les personnes handicapées se heurtent à de nombreux obstacles lorsqu'elles tentent d'intégrer le marché du travail. Pourtant, les mesures visant à améliorer l'accessibilité en emploi sont habituellement plus faciles à mettre en place et moins coûteuses qu'on ne le pense.
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«Lorsqu'on songe aux contraintes à l'emploi, le premier exemple qui nous vient en tête, ce sont les escaliers. L'accessibilité architecturale est certes un défi, mais cela concerne surtout les gens à mobilité réduite. Or, il existe bien d'autres formes de handicaps, chacun comportant son lot d'obstacles», affirme Carole Foisy, chef d'équipe et conseillère à la formation et au développement de l'emploi au Comité d'adaptation de la main-d'oeuvre (CAMO) pour personnes handicapées.
Les préjugés, le principal défi
En revanche, il existe bel et bien une difficulté à laquelle font face tous les travailleurs ayant une limitation : la persistance des préjugés.
«Certains patrons doutent de la polyvalence et de la productivité de nos candidats. Pourtant, il a été démontré que la plupart des travailleurs handicapés offrent un rendement soit équivalent, soit supérieur à la moyenne», affirme Caroline Chouinard, conseillère en main-d'oeuvre au Service externe de main-d'oeuvre Chaudière-Appalaches, qui aide les personnes aux prises avec une incapacité à intégrer ou à conserver un emploi.
Certains chercheurs d'emploi en situation de handicap peuvent aussi être pénalisés par le processus de recrutement. En effet, les offres d'embauche sont parfois diffusées sur des sites Web qui ne sont pas formatés pour les logiciels qu'utilisent les personnes malvoyantes, privant ainsi ces dernières de la possibilité de postuler.
«D'autres entreprises ont l'habitude de présélectionner les meilleurs candidats d'après une entrevue téléphonique. Malheureusement, bien qu'il soit possible d'appeler une personne sourde ou malentendante grâce à certains services, comme le relais Bell, cela reste compliqué. Si le candidat est difficile à joindre, il a de grands risques d'être écarté», indique Carole Foisy.
Le transport peut être un autre obstacle à l'emploi. «L'horaire du transport adapté ne correspond pas toujours à celui du poste convoité. Dans les grands centres urbains, il est possible de se rabattre sur le transport collectif, mais dans les localités rurales, il n'y a pas vraiment de solution de rechange», dit Caroline Chouinard.
Des accommodements peu coûteux
Malgré tous ces obstacles, dans plus de la moitié des cas, l'embauche d'un travailleur handicapé ne coûte pas un sou à l'employeur. Et lorsqu'une dépense est nécessaire, elle est en moyenne de 500 $. C'est ce que révèle une étude du Job Accommodation Network, un service qui fournit aux personnes handicapées américaines des informations sur les mesures d'accommodement dont elles peuvent bénéficier au travail.
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«La plupart des aménagements sont gratuits, ou presque, puisqu'ils sont d'ordre organisationnel. Par exemple, l'employeur peut modifier l'horaire de travail de son employé de manière à ce qu'il ait accès au service de transport adapté», explique Mme Chouinard.
Pour lutter contre les préjugés, les entreprises peuvent aussi organiser des séances de formation. «Récemment, afin de faciliter l'intégration d'un programmeur vivant avec un trouble du spectre de l'autisme, nous avons organisé une formation sur ce sujet chez Jyga Technologies, une entreprise spécialisée dans la fabrication de systèmes d'alimentation pour la production porcine», poursuit Mme Chouinard.
Avec de la bonne volonté, tout est possible !
Autre exemple : Entreprises Choinière, une compagnie d'excavation située à Bromont, a installé une plateforme élévatrice afin de permettre à un opérateur de pelle mécanique paraplégique d'accéder à son habitacle de façon autonome. «Lorsque j'ai embauché ce jeune homme, j'ai misé sur ses capacités plutôt que sur son incapacité. Je ne m'étais donc pas vraiment rendu compte que j'allais devoir le prendre dans mes bras matin et soir pour le faire monter et descendre de l'habitacle !» dit Louis Désourdy, copropriétaire de cette entreprise d'excavation de Bromont.
«Comme cette solution n'était pas viable à long terme, j'ai rapidement eu l'idée de concevoir une plateforme élévatrice», ajoute-t-il.
Pour mener à bien son projet, l'entrepreneur a communiqué avec Emploi-Québec et l'organisme Soutien à la personne handicapée en route vers l'emploi au Québec.
«En raison des nombreuses normes de sécurité à respecter, entre autres, la conception a pris plus de temps que je l'avais envisagé. La facture finale s'élevait à environ 25 000 $, soit un peu plus que le budget prévu. Nos partenaires ont assumé la majeure partie des coûts», indique Louis Désourdy.
La plateforme a été livrée peu avant Noël. «Nous avons fait quelques tests, et tout semble bien fonctionner. Dorénavant, mon employé pourra donc grimper et descendre de sa pelle de façon autonome», se réjouit Louis Désourdy. Comme quoi, avec de la volonté, de l'ingéniosité et du soutien, aucun obstacle à l'emploi n'est infranchissable !
> 20,5 %: Pourcentage de la population active du Québec qui vit avec une limitation physique ou mentale. Source : Statistique Canada, « Enquête sur la dynamique du travail et du revenu »
Inclure par l'emploi
Série 1 de 3. Des solutions pour faciliter le recrutement et l'adaptation à l'environnement de travail des employés atteints d'une limitation.
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