Le cabinet-conseil montréalais F. & Co a organisé en juillet une première formation de trois heures animée par sa philosophe en résidence, Joëlle Tremblay. La douzaine de participants a été conviée à réfléchir ensemble sur un des tabous du monde du travail, la routine.
«Nous avons rapidement noté que la routine avait de bons et de mauvais côtés : elle peut favoriser la productivité comme scléroser la créativité de l'employé», a dit l'un des participants, Alexandre Berkesse, conseiller pédagogique à l'Université de Montréal.
«Cela nous a amenés à réfléchir à notre condition d'être humain, et à voir, entre autres, que nous avons toujours la liberté de choisir nos contraintes. Depuis, je ne cesse de réfléchir à mes propres choix de contraintes...», a ajouté la consultante Marie-Josée Caya, de Caya Arts et Affaires.
«Le but de la philosophie n'est pas de donner des réponses, mais de fournir des interrogations. C'est pourquoi j'ai choisi pour cet atelier la démarche du dialogue platonicien, qui repose sur la confrontation d'idées. Chacun est alors amené à sortir de sa zone de confort, à exprimer ce qu'il pense vraiment et à écouter ce que les autres ont à dire, si bien que la réflexion devient productive, parce que collaborative», explique Mme Tremblay.
L'intérêt pour l'entreprise ? «Notre approche est fondée sur la collaboration comme moteur de créativité. Les échanges, le dialogue, la délibération sont, d'après nous, essentiels au bon fonctionnement de l'entreprise. Parce que ce qui est débattu collectivement est toujours plus efficace que ce qui est imposé par la tête», indique Louis-Félix Binette, associé et cofondateur de F. & Co. Et de penser à voix haute : «Pourquoi ne pas revenir aux agoras de la Grèce antique, où l'on débattait des questions de fond avant d'établir les stratégies à suivre ?»
«Cet atelier m'a ouvert les yeux sur des paradoxes propres à l'univers du travail. Exemple : les 5 à 7. Ils visent avant tout à réseauter, pourtant il y est rarissime de vraiment connecter avec les autres. Ne gagnerait-on pas à réinventer, tous ensemble, le concept du 5 à 7 ?» suggère un autre participant, Jean-Philippe Gagnon, conseiller, communications et développement, du cabinet de consultants Innovitech.