Que ce soit sur le plan du format ou du contenu, la formation continue s'adapte au fil des ans en fonction des besoins et des attentes des apprenants. Des tendances et nouveautés débusquées pour vous.
Le bootcamp, un sandwich bien garni
Bien que la formule ne soit pas nouvelle, le bootcamp a toujours sa place dans la formation continue. «Conférences, ateliers, panels de discussion, réseautage... la formule bootcamp est conçue pour que le cerveau ne cesse pas de patiner, qu'il ait une surcharge cognitive pendant deux jours. C'est le "Redbull" de la formation», affirme Jean-Philippe Bradette, vice-président chez Ellicom.
Cette formule, si on la compare à un congrès ou à un colloque, a l'avantage de convenir à un public plus éclectique. Pour qu'elle fonctionne, indique M. Bradette, la formule doit bien répartir ses activités, elle doit prévoir des invités internationaux et compter parmi ses panélistes des entreprises inspirantes, tant sur le plan de la présentation que dans le propos. «En somme, on ne révolutionne pas la formule, on adapte le contenu en fonction des besoins de la clientèle cible», conclut-il. Notez qu'Ellicom et Les Événements Les Affaires présenteront un bootcamp portant justement sur les meilleures pratiques en formation les 10 et 11 juin prochain.
S'inspirer de l'austérité pour gérer
Les mesures mises en oeuvre par le gouvernement du Québec pour parvenir à l'équilibre budgétaire ont pour effet d'inspirer de nouvelles formations. Un exemple ? Comment assumer son leadership dans un contexte où les postes semblent munis de «sièges éjectables» ? «Une agence de la santé a approché l'Université Laval cet automne pour que l'institution propose une formation de deux jours adaptée aux leaders des milieux de la santé malmenés par l'actuelle période de turbulence», rapporte Élise Cormier, directrice adjointe à la Direction générale de la formation continue de l'Université Laval. Depuis le début de l'année 2015, près d'une dizaine d'établissements du réseau de la santé se sont inscrits à la formation.
L'art de la politique au bureau
Les formations qui traitent d'habiletés politiques ont la cote. Parlez-en au professeur Pierre Lainey, de HEC Montréal. En plus d'afficher complet depuis six ans, le nombre de présentations de sa formation augmente. Plus d'une quarantaine de séminaires de deux jours, dont une trentaine en entreprise, sont prévus pour l'année en cours. «Je suis moi-même surpris de l'intérêt des gens, quoique les organisations publiques et privées soient de plus en plus politisées. Les arguments ne suffisent plus. Pour faire valoir leurs idées, les gens doivent avoir des alliés, ce qui demande de la collaboration», explique le professeur Lainey, qui enseigne ces notions. Cette formation favorise l'aspect constructif de la politique, dit-il. Elle sert à utiliser son pouvoir plus efficacement au sein des organisations.
Une certification donnée par des leaders
Les gestionnaires n'aiment pas seulement entendre les leaders en conférence, ils adorent écouter leurs témoignages en formule intimiste. C'est ce qui explique le succès de la Certification en leadership et habiletés de direction, offert conjointement par l'Institut de leadership en gestion et l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia. Ce programme intensif de six jours, qui accueille une trentaine de participants à la fois, comptera huit cohortes en 2015, soit 50 % de plus qu'en 2014, révèle Sébastien Leblanc, cofondateur de l'Institut. Deux de ces séminaires seront présentés en anglais pour la première fois cette année. Ce programme, qui traite notamment de gestion stratégique, d'habiletés communicationnelles, de mobilisation des équipes, de leadership créatif, de coaching, de gestion des talents ainsi que d'habiletés politiques et d'influence, est assuré par 10 formateurs. Alain Bouchard (Couche-Tard), Serge Godin (CGI), Bernard Landry (ESG-UQAM) et Danièle Henkel (Entreprises Danièle Henkel) ont fait partie des conférenciers invités au cours de la dernière année.
Choisissez parmi nos professionnels !
Il se peut que les séminaires et les formations offerts par HEC ne comblent pas tout à fait vos attentes. Pas de problème. Dès juin, l'institution proposera un nouveau concept sur mesure qui permettra à la clientèle non seulement de choisir parmi ses 400 experts, professeurs et chargés de cours, mais aussi de sélectionner la formule qui lui conviendra le mieux.
«Que ce soit pour un accompagnement personnalisé au démarrage, pour une conférence, la préparation d'un discours ou d'une présentation, nous souhaitons ainsi faciliter l'apprentissage des gestionnaires», indique Alain Gosselin, professeur titulaire et directeur de la formation des cadres et des dirigeants à HEC Montréal.
L'intelligence émotionnelle en vedette
Quelle est la formation la plus populaire ces jours-ci dans les écoles de gestion des universités québécoises ? La gestion ? La communication ? Le marketing ? Dites plutôt l'intelligence émotionnelle ! «Les gens ont besoin de retrouver l'équilibre dans leur vie et leurs relations de travail. Et cet équilibre passe par la réhabilitation des émotions» soulève la professeure Estelle Morin, qui enseigne le sujet depuis plus de 20 ans à HEC Montréal. Au départ, les participants au séminaire de trois jours étaient principalement des femmes. Aujourd'hui, la classe, qui affiche toujours complet, compte autant d'hommes que de femmes. «Et beaucoup de jeunes trentenaires», note le professeur Morin. Elle présente ce séminaire au moins 30 fois par an, et plus d'une vingtaine de ces présentations sont données en entreprise.
De l'aide aux villes et aux municipalités
À l'UQAM, les municipalités bénéficient de formations continues spécifiques à leurs besoins. Après avoir tenté l'expérience de la formation sur mesure «Être entendu des citoyens à l'ère du Web 2.0 et de la mutation des médias» auprès d'une quarantaine de professionnels des municipalités l'an dernier, l'UQAM poursuit sa lancée. L'institution propose la nouvelle formation sur mesure «Communications au sein d'une municipalité», spécialement conçue pour les personnes qui ont peu ou pas de formation en communication, mais qui doivent tout de même s'acquitter des tâches liées à cette fonction. La formation est présentée par Sophie Boulay, chargée de cours au département de communication sociale et publique de l'UQAM.
Rayonner au-delà de la région
Les cégeps développent leurs modules de formation continue en fonction des besoins de la population locale. Grâce à la technologie en ligne, ces formations rayonnent désormais au-delà des frontières régionales. Le département de formation continue et du service aux entreprises du Cégep de Rimouski peut en témoigner. Plus de la moitié des 25 participants du tout nouveau programme Bâtiment durable et écocollectivité lancé à l'hiver 2015 proviennent de l'extérieur du Bas-Saint-Laurent.
En attendant les nouveaux résultats
Selon la dernière étude de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes, publiée en 2009, les PME au pays dépensaient en moyenne 746 $ par an pour la formation professionnelle d'un employé. Qu'en est-il six ans plus tard ? Nous le saurons d'ici la fin du printemps 2015, quand la FCEI publiera les résultats de sa nouvelle étude sur la formation en entreprise. Les responsables de plus de 6 700 PME, dont près de 1 000 entreprises du Québec, ont été interviewés pour établir un portrait actualisé de la formation professionnelle, un domaine qui a subi des changements profonds en cinq ans, notamment en raison du développement du e-learning.
Le mode hybride gagne du terrain
La formation continue en salle avec un professeur ou un animateur est encore la formule la plus utilisée. Selon Training Magazine, qui a interviewé 998 entreprises américaines de plus de 100 employés, 47 % des heures de formation sont proposés sous cette forme. «Cependant, la formule hybride, qui représente près de 30 % des heures de formation, tend à prendre plus de place», soutient Jean-Philippe Bradette, vice-président d'Ellicom, une entreprise québécoise qui offre de la formation en ligne. Cette formule, explique M. Bradette, emploie une méthode d'enseignement inversée. La théorie est donnée sur le Web, alors que les travaux, les ateliers et les laboratoires se font en salle. Selon Laurent Vorelli, président de Groupe propulsion RH, le mode hybride se prête bien aux sujets liés à l'efficacité opérationnelle comme la gestion du temps, la conception de présentations et la résolution de problèmes.
Des cordonniers bien chaussés
À l'instar des comptables, des avocats et des ingénieurs, les conseillers en ressources humaines imposent eux aussi aux membres de leur ordre l'obligation de suivre des formations continues pour qu'ils puissent conserver leur adhésion. Les quelque 9 500 conseillers en ressources humaines agréés ont ainsi jusqu'au 31 mars 2015 pour accumuler 60 heures de formation. L'avis d'obligation a été lancé en 2012. «Nos conseillers bénéficiaient donc de trois ans pour accumuler les heures demandées», explique Catherine Bédard, responsable de la formation continue à l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Elle souligne que le processus ne se limite pas à la formation en salle et en ligne. «Il comprend un volet auto-apprentissage qui peut représenter jusqu'à 25 % des heures exigées, soit par de la lecture ou par du mentorat», indique-t-elle.
Lunch and Learn, la saveur du jour
Parmi les formules qui gagnent en popularité, les formations à l'heure du lunch. «Sans nuire au fonctionnement quotidien de l'entreprise, ces courtes présentations ont l'avantage de sensibiliser le personnel à certains sujets légers, pas trop techniques, comme des notions de travail d'équipe, de communication et de gestion de la clientèle. Compte tenu du temps consacré à l'activité, on ne peut cependant pas s'attendre à un transfert d'apprentissage élevé ou complexe. On évite par exemple la gestion de conflit», explique Laurent Vorelli, président de Groupe Propulsion RH, une firme qui offre des formations et du coaching.
Les interactions sont également plus limitées. Difficile de parler la bouche pleine... Selon M. Vorelli, qui observe une augmentation de la demande pour cette formule dans les petites et les grandes entreprises, c'est un concept pratique pour les employeurs qui peuvent ainsi tester l'intérêt de leurs employés pour d'éventuelles formations plus élaborées.
Comment se donne la formation ?
47 % en salle
28 % en ligne sans formateur
15 % en mode classe virtuelle
4,2 % sous forme d'apprentissage social (médias sociaux, mentorat et coaching)
1,4 % sur un téléphone intelligent
Plus de 29 % des heures de formation ont été effectuées en mode hybride (en salle et en ligne)
Source : Training Magazine Report 2014