Au Canada, 1 PME sur 4 a été victime de fraude en milieu de travail l’an dernier. Pourtant, seulement 5% des petites et moyennes entreprises canadiennes croient que leur exposition à ce risque de fraude est élevé. C’est ce qui ressort d’un rapport de l'Association des comptables généraux accrédités du Canada (CGA-Canada), intitulé La fraude en milieu de travail : le problème se pose-t-il au Canada?
Selon l’Association of Certified Fraud Examiners (ACFE), la fraude en milieu de travail se définit comme «l’utilisation de son emploi à des fins de gain personnel par le biais du détournement ou de l’usage abusif délibérés des ressources ou des actifs de l’employeur». Dans le langage courant, on l’appelle «fraude commise par un employé» ou «fraude à l’interne». Le principe est toujours le même : c’est une fraude commise par un employé, un manager ou un propriétaire de l’entreprise dont la victime est l’entreprise elle-même.
Quatre éléments clés caractérisent habituellement une activité frauduleuse commise en milieu de travail :
> le stratagème est clandestin;
> il va à l’encontre des devoirs de son auteur envers l’organisation;
> il est réalisé dans le but d’obtenir des gains financiers directs ou indirects;
> il soustrait à l’organisation des actifs, des produits ou des réserves.
Ce type de fraude revêt trois formes qui sont mutuellement exclusives : le détournement d’actifs, la corruption et les déclarations frauduleuses.
> Le détournement d’actifs. C’est un stratagème qui implique le vol ou l’usage abusif des actifs d’une organisation; parmi les exemples courants de détournement d’actifs, on trouve la fausse facturation, la fraude sur la paie et l’écrémage.
> La corruption. Elle a lieu lorsque le fraudeur utilise son influence pendant une transaction officielle, notamment commerciale, pour obtenir un avantage indu qui va à l’encontre des devoirs de cette personne envers son employeur, par exemple en versant ou en acceptant des pots-de-vin ou des gratifications illégales, ou en participant à des opérations donnant lieu à des délits d’initiés ou à des conflits d’intérêts.
> Les déclarations frauduleuses. Elles consistent à falsifier délibérément les états financiers ou les données non financières d’une organisation, par exemple en enregistrant des ventes fictives, en dissimulant des passifs ou des dépenses et en falsifiant des titres de compétences professionnels. Pour qu’elles puissent correspondre à la définition de la fraude en milieu de travail, les déclarations frauduleuses doivent procurer un gain financier direct ou indirect à leur auteur.
Il existe d’importantes différences régionales en matière de fraude en milieu de travail. Ainsi, les Québecois sont moins susceptibles d’être victimes de fraude en milieu de travail : la proportion des PME ayant signalé l’an dernier des incidents en cette matière n’y a été que de 16%, alors qu’en Ontario et en Colombie-Britannique, elle a été deux fois supérieure (31 et 37%, respectivement) et que la moyenne canadienne a tourné autour de 26%.
Certes, les pertes financières subies par les PME en raison de la fraude en milieu de travail ne sont pas élevées; cependant, beaucoup signalent des répercussions non monétaires défavorables. La moitié (55%) des PME ayant répondu au sondage ont signalé des pertes financières qui ne dépassaient pas 1 000 dollars, tandis que 26% ont indiqué des pertes se situant entre 1 000 et 5 000 dollars. Moins de 1% des PME ont subi des pertes supérieures à 200 000 dollars.
Cela étant, 61% des entreprises victimes estiment que les activités frauduleuses ont des répercussions défavorables sur le moral de leurs employés et au moins un cinquième sont d’avis que ces répercussions touchent aussi les relations d’affaires, la réputation et la valeur de leur organisation ainsi que la confiance du public ou des clients.
Que faire pour se prémunir de telles fraudes? Voici 5 conseils émis par les experts de CGA-Canada :
1. Sensibilisez toute l’organisation. Beaucoup de fraudes sont détectées soit accidentellement, soit par suite d’un signalement, ce qui souligne l’importance de sensibiliser l’ensemble de l’organisation au phénomène. Les organisations doivent insister sur le fait que la détection et le signalement des fraudes sont des responsabilités qui incombent à tous.
2. Repérez les signaux d’alerte. Il est impossible d’éliminer la fraude complètement. Toutefois, avant qu’une fraude ne soit commise, il est souvent possible d’en déceler des signes avant-coureurs.
3. Pincez les escrocs. Il existe deux façons principales de détecter les fraudes : la formation et l’expérience, conjuguées à la conscience de la possibilité constante que des fraudes soient commises. Il convient donc d’apprendre à tous à détecter les signaux d’alerte. Et de ne jamais oublier que la fraude peut être commise à tous les niveaux de l’organisation : les fraudes commises par les managers sont neuf fois plus dommageables (sur le plan des finances et du moral de l’effectif) que celles commises par les autres employés…
4. Dressez un plan d’intervention. Les entreprises doivent dresser un plan d’intervention en cas de fraude. Un tel plan doit comprendre des mesures de prévention comme les enquêtes de sécurité sur le nouveau personnel et les employés actuels, la surveillance et la protection des actifs, les audits internes et externes, les contrôles informatisés ainsi que les programmes de formation anti-fraude. Ces précautions ne doivent pas nécessairement coûter cher. Il suffit souvent de faire preuve de bon sens.
5. Arrêtez la fraude à la source. Pour prévenir la fraude, les entreprises doivent développer une culture axée sur l’éthique. Parmi les mesures permettant d’y arriver, on trouve : la formulation d’un énoncé de mission qui met l’accent sur l’éthique, l’élaboration d’énoncés de politiques clairs, l’établissement d’un mécanisme au moyen duquel les soupçons de fraude peuvent être signalés (par exemple, une politique sur la dénonciation) et l’adoption d’un processus d’audit interne.