L'entreprise DLGL est un bonsaï dont Jacques Guénette, pdg, a pris soin pendant 30 ans. Et son départ ne fait pas craindre aux employés que l'entreprise perde sa culture très forte, ses primes collectives et sa souplesse hiérarchique.
Le changement de garde n'inquiète pas le personnel de la firme spécialisée dans la conception et l'implantation de systèmes de ressources humaines, car le processus est lancé depuis longtemps. " On a passé beaucoup d'heures à développer notre culture , et les 93 employés en sont profondément imprégnés; elle ne dépend pas de moi ", assure M. Guénette.
C'est le décès de Claude Lalonde, cofondateur de DLGL, qui a déclenché l'organisation de la relève, il y a 10 ans. " Quand on a appris sa maladie, Claude et moi avons formé un comité opérationnel composé de quatre autres employés de différents secteurs ", explique M. Guénette. Ces personnes ont été choisies en raison de leur capacité à mobiliser et à inspirer confiance. Ce comité permet aujourd'hui à M. Guénette de planifier progressivement sa retraite.
" Je travaille un jour par semaine, non pas pour leur laisser le temps de s'habituer à mon absence, mais parce j'aime ce que je fais, insiste le pdg. Le comité fonctionne avec ou sans moi, la culture reste la même. "
Même son de cloche du côté du comité. " Les employés génèrent des activités et des projets qui nourrissent la culture ", dit Luc Bellefeuille, chef des opérations. Il suffit de se rendre au bureau à Blainville pour constater que DLGL n'est pas l'affaire d'un seul homme. Les photos de tournois de hockey côtoient le mur des distinctions de l'entreprise. Au sol, le Walk of Fame met en vedette les employés comptant plus de 20 ans d'ancienneté.
Engagement du personnel
Sur propositions des employés, un gymnase et une salle d'entraînement se sont ajoutés au bâtiment. À l'extérieur, ils ont eux-mêmes aménagé une terrasse. Et, au sous-sol, se trouve un petit bistro - Chez Claude - avec une table de billard, un cinéma maison et le Wall of Shame, où chacun affiche des souvenirs amusants de leurs activités. " Le sentiment d'appartenance est très fort ", de dire M. Bellefeuille, qui cumule 16 ans de service au sein de l'entreprise qui figure au Panthéon du Défi Meilleurs Employeurs.
L'engagement du personnel constitue d'ailleurs un élément important pour assurer un transfert en douceur, selon Yves Dufresne, expert en transition d'entreprise de la firme ROCG. Cela diminue le stress lié à la peur du changement et permet aux employés d'assumer de nouvelles responsabilités.
Prendre les devants
" Trop de propriétaires sous-estiment l'importance d'un transfert de direction, ajoute-t-il. Un transfert, c'est comme un testament. On préfère ne pas y penser. "
" Il n'y a pas que la cession des aspects fiscaux et légaux à planifier, prévient Francis Nadeau, coordonnateur au Centre de transfert d'entreprises de la Capitale-Nationale. Il y a la vision, les contacts, le leadership; et tout ça prend du temps. "
Il faut compter de 5 à 10 ans pour opérer une bonne transition.
DLGL a pris les devants, ce qui lui permet de voir l'avenir avec sérénité. " Depuis 10 ans, on a effectué un transfert des connaissances et on est en osmose avec la vision de M. Guénette, laquelle est maintenant la nôtre, soutient M. Bellefeuille. Il n'y a donc pas d'inquiétude pour la suite. "