C'est l'été, les vacances. Le moment de décrocher. Même les hauts dirigeants en éprouvent le besoin. Faire le vide remet en forme. De retour au travail, les idées sont plus claires.
En Californie, un demi-siècle après le mouvement hippie, c'est en pratiquant la méditation qu'on décroche. Avec la bénédiction des directions des ressources humaines des entreprises, qui en font la promotion comme outil de bien-être au travail.
Paradoxalement, la pratique est la plus répandue chez Google, Twitter, LinkedIn, Facebook - celles-là mêmes qui ont propagé les technologies qui nous distraient !
Chez Google, Chade-Meng Tan, un ingénieur en développement informatique, a conçu une formation qui s'intitule Search inside yourself (Connectez-vous à vous-même), où l'on enseigne la méditation aux employés. À ce jour, plus de 2 000 d'entre eux l'ont suivie, nous a-t-il raconté dans le cadre d'une entrevue.
Chade-Meng Tan dirige aussi le Search Inside Yourself Leadership Institute (SIYLI), un institut sans but lucratif qui dispense la même formation à l'extérieur de Google, dans une douzaine d'organisations - entreprises, écoles, gouvernements, hôpitaux. Il a aussi publié un livre qui a fait tout un tabac, et qui vient d'être traduit en français chez Belfond, sous le titre Connectez-vous à vous-même.
Dans cet ouvrage, il explique sa démarche ainsi que les grandes lignes de sa méthode. Il explique comment la méditation - le fait de respirer profondément et de diriger son attention sur cette respiration en laissant aller sans jugement toutes les pensées qui surgissent - développe ce qu'il appelle «la pleine conscience», un état dans lequel notre esprit se concentre sur le moment présent. Cet entraînement mental rend les gens plus calmes, plus alertes, et par conséquent plus productifs et plus créatifs, affirme-t-il.
M. Tan s'appuie sur plusieurs travaux scientifiques, notamment sur ceux de deux Américains : Jon Kabat-Zinn, professeur de médecine, sur la neuroplasticité ; et Daniel Goleman, créateur du concept d'intelligence émotionnelle, pour affirmer que l'état de pleine conscience aide à contrer le stress, améliore la mémoire et la capacité de concentration - même sur des cibles mouvantes - et les fonctions exécutives, bref, mène à une plus grande productivité.
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L'état de pleine conscience augmenterait aussi le quotient d'intelligence émotionnelle. Quand on a l'esprit plus clair, on a une plus grande capacité d'attention, ce qui est à la base des grandes habiletés cognitives et émotionnelles, écrit-il.
Cela amène à une meilleure connaissance de soi et des autres, car l'état de pleine conscience permet d'observer avec détachement des situations, des gens, des comportements. La personne développe aussi une plus grande empathie et une meilleure maîtrise de soi, tout en devenant aussi plus résiliente face aux contrariétés du travail.
Le fait de posséder ces compétences peut avoir une profonde incidence sur votre carrière, plaide M. Tan, car cela vous prépare à des postes de leadership. À des promotions. De l'influence. Du succès.
«L'intelligence émotionnelle est corrélée à une haute performance de travail, rappelle M. Tan. Les recherches démontrent que les compétences émotionnelles sont deux fois plus importantes que les compétences cognitives lorsqu'il s'agit de produire un travail exceptionnel.»
Il est aussi prouvé que les gestionnaires dotés d'un fort quotient d'intelligence émotionnelle sont non seulement plus efficaces, mais qu'ils rendent les employés plus heureux et que ces derniers, en retour, fournissent une meilleure performance.
La réussite de l'entreprise elle-même
Chade-Meng Tan fait ensuite le lien entre le bonheur des travailleurs et la réussite de l'organisation. La sagesse en milieu professionnel ne peut qu'avoir un impact positif pour les entreprises, écrit-il.
Cependant, ce mariage de la pleine conscience aux lois de l'accroissement de la valeur pour les actionnaires demeure une ambition. Les gestionnaires qui méditent aideront-ils les entreprises à mieux performer ? Sommes-nous à l'aube d'un nouveau monde des affaires ? À méditer.
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