Or, certains conseils imposent un âge de retraite fixe ou une durée de mandat limitée à leurs administrateurs. Ces restrictions sont surprenantes au moment où plusieurs organisations font face à une crise de leadership. Pourquoi se passer de joueurs d'expérience ?
Les chiffres ne mentent pas. Seulement 5 % des entreprises n'imposent pas d'âge de retraite, d'après les données du rapport Patrick O'Callaghan/Korn/Ferry 2007. Malgré tout, la proportion d'administrateurs âgés de 71 ans et plus a augmenté de façon constante et est passée de 8 % de 1996 à 16 % en 2004.
Parmi les 5% de ceux qui n'imposent pas d'âge de retraite, Telus est un nouveau venu. Depuis mars 2007, l'entreprise de télécommunications ne demande plus à ses administrateurs de prendre leur retraite à 70 ans. En quelque sorte, Telus estime que l'âge n'est pas le seul critère qui permet d'évaluer l'efficacité d'un administrateur... et qu'une retraite obligatoire privait l'entreprise de leaders compétents.
Cisco Systems, l'équipementier en télécommunications, a fait le contraire en juillet 2005. Elle a imposé l'âge limite de 70 ans à ses administrateurs. Le président du conseil de l'époque, John Morgridge, expliquait que Cisco avait appliqué une politique de limite d'âge pour donner un horizon temporel aux administrateurs. Plusieurs autres grandes organisations ont aussi imposé un âge limite.
Robert Parizeau, administrateur de sociétés et président du conseil de la firme d'assurance AON Parizeau, approuve l'imposition d'un âge de retraite fixe. Il souligne qu'il faut quand même faire preuve de flexibilité. C'est ce qui est arrivé il y a quelques années, lorsqu'il était président du conseil de Gaz Métro. Au moment de sa retraite forcée, on lui a demandé de rester encore quelque temps pour bien préparer la relève. Un processus que le président trouve normal et sain.
D'autres solutions
« Après dix ans ou plus sur un conseil, on devrait suggérer une rotation. C'est beaucoup plus pertinent que d'imposer un âge de retraite », dit Nathalie Francisci, présidente et fondatrice de Venatus Conseil, une firme de recrutement de cadres qui a récemment joint les rangs de Mandrake, une entreprise spécialisée dans le même domaine.
Quant à l'imposition d'une durée limitée d'un mandat, M. Parizeau s'y oppose totalement. Selon lui, il faut facilement deux à trois ans pour bien comprendre les défis et la culture d'une entreprise. « Et je peux affirmer que mes meilleures contributions ont été faites après de nombreuses années sur un conseil », a déclaré Robert Parizeau lors de la conférence sur la gouvernance et les marchés financiers en Amérique du Nord, qui a eu lieu à Montréal en septembre.
Mme Francisci, elle, milite pour une durée flexible du mandat. Cette façon de faire donne plus de marge de manœuvre au président du conseil, qui peut ainsi renouveler ou prolonger le mandat d'un administrateur en fonction du contexte et des besoins de l'organisation.