Les entreprises familiales semblent bien se porter au Canada : pendant l'année écoulée, 60% d'entre elles ont enregistré une augmentation de leurs ventes, et 88% prévoient une croissance soutenue pour les cinq prochaines années. Le hic? Elles peinent à dénicher les talents qui seront capables d'alimenter cette croissance, d'après une étude de PwC.
Ainsi, 62% des entreprises familiales canadiennes affirment que leur principale préoccupation, pendant les cinq années à venir, sera le recrutement d'une main-d'œuvre qualifiée. Il s'agit là d'une particularité canadienne, car à l'échelle mondiale, 66% des entreprises familiales disent que leur principale source d'inquiétude est plutôt leur performance économique.
«Cette différence s'explique par la stabilité relative de l'économie canadienne, le vieillissement de la population active du pays et la taille restreinte de son bassin de talents», dit Sharon Duguid, directrice, Centre de services aux entreprises familiales et aux entrepreneurs, de PwC.
«Tout le monde cherche à recruter les mêmes talents, ajoute Mme Duguid. La plupart des entreprises familiales ne sont pas capables de rivaliser avec les multinationales en termes d'avantages salariaux. Et, en ce qui concerne les perspectives de carrière, leurs stratégies de croissance, qui sont plus conservatrices, ne sont guère attirantes aux yeux des jeunes professionnels pressés de gravir les échelons.»
Pourtant, la structure des entreprises familiales semble avoir des avantages intéressants à offrir, notamment «sa souplesse, sa pérennité et ses perspectives à long terme». Mme Duguid d'avancer à ce sujet : «Ces sociétés devraient faire ressortir davantage les aspects qui les rendent compétitives sur le marché du travail ainsi que leur engagement et leur loyauté envers leur personnel. Les gens préfèrent en effet travailler dans des entreprises qui ont de vraies valeurs et où leurs efforts seront reconnus — deux traits caractéristiques des entreprises familiales.»
À qui passer le flambeau?
La moitié des entreprises familiales canadiennes (51%) prévoient confier la direction de l'entreprise à la génération suivante, contre 41% à l'échelle mondiale. Et de celles-ci, seulement 14% envisagent de passer le flambeau à quelqu'un qui n'appartient pas à la famille.
«Au Canada, il est rare de voir des familles discuter avec leurs enfants de leur intérêt pour prendre les rênes de l'entreprise, alors qu'en Europe et en Asie, les familles ont très tôt ce genre de conversation avec leurs enfants, explique Mme Duguid. Or, il est primordial d'agir dans la transparence et d'établir des lignes directrices claires pour le transfert d'une génération à l'autre, car cette transition peut renforcer l'entreprise familiale — ou l'anéantir.»
C'est que la passation de pouvoir peut déclencher des crises familiales, voire des conflits ouverts. «La mise en place des procédures visant à résoudre efficacement de tels litiges est cruciale», souligne Mme Duguid, en ajoutant que d'ores et déjà «80% des entreprises familiales canadiennes en sont dotées».
Les trois procédures les plus utilisées sont :
• la convention entre actionnaires (69%);
• les mesures afférentes aux cas d'incapacité et de décès (61%);
• les dispositions sur l'entrée et le retrait de l'actionnariat de l'entreprise (45%).
L'Enquête mondiale de PwC traite d'entreprises familiales ayant un chiffre d'affaires de plus de 5 millions de dollars américains dans plus de 30 pays ou régions. Parmi ceux-ci figurent : l'Australie, le Brésil, le Canada, la France, l'Allemagne et les États-Unis.